Je me permet de publier ici le compte rendu d'une conference sur le clonage therapeutique et ses implications ethiques:
3° Semaine de l’Ethique, Evry
Première conférence : Enjeux éthiques du clonage thérapeutique
Université d’Evry Val d’Essonne, Institut Maupertuis, Amphithéâtre A300
Participants :
Médiateur : Mr Antoine SPIRE
Intervenants :
Mr Henri ATLAN
Mr Bertrand JORDAN
Mr Pierre LE COZ
Introduction
Le clonage thérapeutique est le transfert du noyau d’une cellule adulte dans une cellule souche. Il n’y a en aucun cas implantation dans l’utérus, tout est réalisé in vitro.
Le protocole consiste a produire des lignées de cellules, ce qui est différent du clonage reproductif. Il y a transfert de noyaux somatiques.
Cela implique une grande différence technique et éthique. Le clonage reproductif nécessite l’implantation dans l’utérus, ce qui implique des dangers a la fois pour la femme et l’enfant. A l’heure actuelle, c’est encore du domaine de l’acte criminel.
Le débat sur le clonage pose aussi la question de la nature et du statut de l’embryon humain. Il peut y avoir une instrumentalisation (différence entre créer une cellule pour la recherche et pour la naissance).
D’un côté, on va favoriser la recherche, mais de l’autre, on introduit une conception utilitaire de l’embryon humain.
D’un point de vue technique, il faut rappeler que la cellule obtenue par clonage thérapeutique reste (HA) un ‘artefact’. On ne fait que transférer un noyau somatique dans une cellule ovarienne vide. Ce qui en résulte est une cellule possédant des propriétés embryonnaires mais sans fécondation.
La France et l’Allemagne veulent interdire le clonage reproductif mais pas le thérapeutique, contrairement a de nombreux autres pays qui souhaitent voir apparaître une interdiction totale.
Ces différences de point de vue partent néanmoins d’un accord commun : il faut neutraliser les ‘apprentis sorciers’.
Le problème est qu’une politique stricte n’empêcherait pas les dérives et que seule une interdiction donnerait les garanties.
Henri ATLAN
Il faut préciser que ce protocole n’est pas un clonage sensu stricto mais bien un transfert de noyau.
Il existe un débat autant sur les mots que sur les techniques, et ce débat est pour l’heure victime des limites de notre vocabulaire. On doit décrire des techniques nouvelles avec des mots anciens, d’ou une source importante de confusion.
La question qui se pose est :
A partir de quand un embryon est-il une personne ?
Les nouvelles techniques font apparaître de nouvelles questions, comme :
A partir de quand une cellule est-elle un embryon ?
Avant, on plaçait cette limite a la fécondation, mais maintenant on est capable de créer une cellule aux capacités embryonnaires sans fécondation.
Le transfert d’un noyau d’une espèce à une cellule d’une autre espèce donne des cellules souches presque fonctionnelles.
(Rappel : parthénogenèse : un ovule seul donne un individu)
Expérimentalement, on n’a jamais réussi ce clonage inter espèces. Mais si c’est le cas, devra t’on dire de toute cellule qu’elle est un embryon en puissance ?
Une autre piste expérimentale est la recherche dans les tissus de cellules particulières, qui ont gardé des propriétés de cellules souches. Mais c’est difficile, et il ne faut pas négliger la possibilité que ces cellules présentent des propriétés inconnues.
Mais si on y arrive, faudra t’il dire de toute cellule ‘souche’ adulte qu’elle est un embryon ?
Par tradition, tout ce qui peut se développer est appelé embryon. Mais il doit y avoir passage dans un utérus. Ce qui n’est pas le cas du clonage thérapeutique.
Il ne semble donc pas y avoir de raison particulière d’appeler embryon une cellule particulière hors d’un utérus. Pour Henri ATLAN, c’est la chute d’un des principaux arguments contre le clonage thérapeutique.
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