Selon l'article wikipedia en anglais :
Considérer le tenseur métrique et le tenseur de torsion comme des variables indépendantes conduit à la généralisation correcte de la loi de conservation pour le moment cinétique total (orbital plus intrinsèque) en présence du champ gravitationnel.
Il s'agit donc bien d'un principe d'invariance. Et, pour citer Sciama :
Contrairement à ce que pensait Sciama à l'époque, les avantages d'inclure la torsion ne sont peut-être pas "entièrement théoriques", du moins en matière de cosmologie.The idea that spin gives rise to torsion should not be regarded as an ad hoc modification of general relativity. On the contrary, it has a deep group theoretical and geometric basis. If history had been reversed and the spin of the electron discovered before 1915, I have little doubt that Einstein would have wanted to include torsion in his original formulation of general relativity. On the other hand, the numerical differences which arise are normally very small, so that the advantages of including torsion are entirely theoretical.
A ce sujet les travaux récents de N. Poplawski (résumés dans cet article de vulgarisation) sont intéressants. En particulier les publications suivantes:
Cosmology with torsion: An alternative to cosmic inflation
Nonsingular, big-bounce cosmology from spinor-torsion coupling
Non-parametric reconstruction of an inflaton potential from Einstein-Cartan-Sciama-Kibble gravity with particle production
Mais je ne sais pas si cette théorie conduit à des prédictions suffisamment différentes de celles de la RG "classique" dans un domaine pouvant donner lieu à des observations permettant de les discriminer : ce n'est peut-être pas le cas à propos de l'inflation, puisque apparemment on peut en construire un modèle équivalent à partir de la théorie ECSK, et donc arriver aux mêmes résultats observables.
Je ne pense pas que la théorie d'Einstein-Cartan (surtout développée par Sciama et Kibble dans les années 60) nécessite d'abandonner le principe d'équivalence, qui après tout ne vaut rigoureusement que pour des points matériels : même en RG "classique", dès qu'on a affaire à une masse non ponctuelle, l'effet du champ gravitationnel n'est pas parfaitement identique à celui d'une accélération du référentiel, à cause des effets de marée.Et il aborde y compris la base épistémologique : faut il privilégier la voie axiomatique (principe d'équivalence) ou la la voie du formalisme géométrique (la nature révélant des structures profondes accessible par la géométrie) ?
De la même façon que ceux-ci peuvent être négligés et le principe d'équivalence respecté pour un objet massif d'extension spatiale non nulle (mais pas trop grande) dans un champ gravitationnel assez faible, la torsion est négligeable dans un champ spinoriel faible.
Je suis d'accord. C'est pour ça que je n'avais pas souhaité évoquer cette théorie ici, ne pensant pas avoir les compétences nécessaires.C'est intéressant à condition d'être parfaitement à l'aise avec le formalisme, ce que je ne suis pas. Et je ne m'avancerait certainement pas à donner une opinion quand je vois que Weinberg lui même se gratte le menton. Débat d'experts.
-----