Bonjour,
j'imagine que les sites sur terre ou les conditions sont proches de celles trouvées sur mars sont relativement rares. Comment choisissez-vous les sites de vos simulations ?
Pourriez-vous aussi nous expliquer brievement qu'elles sont les retombées que vous attendez de telles simulations ?
D'avance merci
Olivier
Cher Olivier,
On ne cherche pas sur nos sites à simuler l'environnement martien (faible pression atmosphérique et basse température), ce qui n'est possible que dans des chambres à vide au laboratoire. De même, la faible pesanteur (1/3 G) n'est simulable que dans les avions spécialisés. Nous cherchons plutôt l'isolement et un paysage géologique qui se prête à la mise à l'épreuve d'outils, paysages qui comprennent en particulier des brèches d'impact (environnement "cratère"), des dunes de sable et des roches volcaniques, des roches sédimentaires, et une absence visible de formes de vie (pour simuler leur recherche). Les sites ne sont pas nombreux en Europe! Seuls quelques paysages d'Islande font l'affaire. Sinon, en Antarctique, dans l'Arctique, ou dans les déserts chauds (Ouest américain, Afrique du nord, Acatama au Chili, etc.), on a l'embarras du choix.
Nos simulations permettent de raisonner comme si l'on était sur Mars, et outre le test sur le terrain de matériel nouveau développé par des agences spatiales ou des entreprises, le test de stratégies d'exploration est particulièrement intéressant: par où commencer? combien de sorties extravéhiculaires? avec combien de personnes ? des véhicules monoplaces ou biplaces? combien d'analyses fait-on in situ et combien d'échantillons rapporte-t-on plutôt sur Terre? quelle part d'autonomie sur Mars par rapport aux "ordres" envoyés depuis la Terre? Quel rythme de travail, d'exercices physiques et de loisir? Comment passer ses "weekends" sur Mars? Une mini-serre a-t-elle un intérêt, ne serait-ce que psychologique? Même des séjours de deux semaines permettent de dégager des observations sur la psychologie d'un équipage, d'autant que ces courtes périodes permettent de tester un grand nombre de combinaisons (hommes/femmes, groupes d'âge, nationalités diverses, spécialisations diverses), bien que les programmes d'isolement de longue durée conduits par les agences officielles sont beaucoup plus pertinents.
C. Frankel
