Interview de Charles Bolden dans le Figaro
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Interview de Charles Bolden dans le Figaro



  1. #1
    invite02ff802c

    Interview de Charles Bolden dans le Figaro


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    Comme toujours avec ce genre de papier, L'exploration spatiale ne peut concerner un seul pays, qui de fait n’a pas grand chose à dire, on s’interroge sur les motivations non-dites et la diplomatie secrète qui se cache derrière. Il est manifestement à la manœuvre.

    L’intro du Figaro résume à mon sens l’ambigüité du programme Constellation : « Un projet ambitieux, destiné à redynamiser la Nasa après la catastrophe de Columbia, en février 2002, mais qui n'a jamais disposé du financement nécessaire. » En bonne logique on définit un projet pour les résultats qu’on en espère et on dynamise les équipes sur ces objectifs. Autrement dit l’objectif précède la redynamisation. Il est assez pervers et en général pas très productif de faire l’inverse : se trouver des objectifs dans le seul but de se donner la pêche, à fortiori quand on n’a pas les ressources et à superfortiori quand les objectifs eux-mêmes ne sont pas clairs…

    « Notre philosophie est que nos futurs partenaires doivent s'insérer dans un «chemin critique» (1). Cela veut dire que nous voulons qu'ils soient responsables de parties importantes du programme à bâtir ensemble. » Autrement dit, comme la NASA a découvert qu’elle est trop pauvre (ou les USA sont trop pauvres) pour ses ambitions elle va tenter d’embarquer les autres dans son aventure. Pour un projet censé donner une « nouvelle frontière » aux Américains on va faire la manche.
    Hormis quelques coopérations ponctuelles avec les autres agences, rarement à parité, on connait l’incapacité de la NASA en particulier et des USA en général à coopérer d’égal à égal, c’est à dire en laissant autre chose qu’un strapontin à ses associés. Bon, d’accord, il y a l’ISS mais elle aussi on se demande un peu à quoi elle sert ou plutôt si le ratio utilité/cout est vraiment raisonnable. Elle est là, donc on fait avec, et comme c’est la NASA qui paie l’essentiel du terme…
    Je suis curieux de savoir s’il y aura beaucoup de candidats dans la galère Constellation.

    Autre point qui fait froid dans le dos : « Est-il envisageable d'aller directement sur Mars sans passer par des missions lunaires préparatoires ?
    Non ce n'est pas possible, en particulier à cause des radiations. Nous devons mener des expériences, notamment sur des animaux, pour savoir comment l'homme peut supporter sur le long terme l'exposition subie lors d'une expédition vers Mars. Une fois qu'on sera allé sur la Lune, il faudra aller plus loin vers des astéroïdes par exemple où l'exposition est plus forte. »
    Autrement dit on prépare tout ce Barnum sans savoir si ce sera viable. S’il faut faire d’abord des expériences sur les animaux il y a déjà l’ISS : quelques cobayes feraient l’affaire. Cela dit les Soviétiques l’ont déjà fait : sur Mir leurs cosmonautes faisaient office de cobaye. Rappelez-moi le record de durée en orbite. C’était pour la bonne cause qu’ils se faisaient irradier à demeure.
    Ôtez-moi un doute : l’exposition aux radiations est plus forte sur un astéroïde que sur la Lune ? De plus, sachant qu’il s’agit d’une expérimentation à long terme, plusieurs années pour avoir un résultat valable, serait-il vraiment plus commode d’aller sur un astéroïde ? Enfin, ne serait-il pas carrément plus pratique et moins cher de reproduire en labo les conditions d’exposition de l’espace ? Une dose de rayons gamma et X, une rasade de protons à plus ou moins haute énergie…

    ND

    1) Quelqu’un a une idée sur le sens de cette expression ? C’est sans doute la traduction approximative d’un faux ami mais je n’arrive pas à rétablir ce que devait être l’expression anglaise, « critical path » ?

    -----

  2. #2
    Vador59

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Salut à tous!

    Citation Envoyé par Nicolas Daum
    Comme toujours avec ce genre de papier, L'exploration spatiale ne peut concerner un seul pays, qui de fait n’a pas grand chose à dire, on s’interroge sur les motivations non-dites
    Dire que cette personne est censée donner des informations sur les pistes retenues par Obama...En fait oui, ça ne dit pas grand chose de concret!

    « Notre philosophie est que nos futurs partenaires doivent s'insérer dans un «chemin critique» (1)
    Ce qui semble vouloir dire que les Américains seraient prêts à laisser des systèmes critiques être développés de manière autonome par les autres agences, dans laquelle la NASA viendrait s'insérer. Trop beau pour être vrai: de toute manière, les Américains, en matière d'accès à l'espace, n'ont jamais offert aux pays avec qui ils coopéraient que des strapontins. S'il s'agit désormais de devenir des marche-pieds, je ne vois pas l'intérêt pour l'ESA de répondre favorablement à ce genre de démarche.

    quelques cobayes feraient l’affaire
    Absolument: envoyer un petit vaisseau avec un chien ou un chat avec tout le nécessaire pour survivre à un survol martien n'est pas hors de portée...Reste à savoir si on ne va pas se mettre à dos toutes les associations type SPA, WWF sur le dos avec de telles propositions!

    Très sincèrement, je crois que l'exploration spatiale habitée va connaître un grand coup d'arrêt, préoccupations environnementales obligent. Alors qu'il faudra des milliards pour compenser les effets du réchauffement, nos rêves de pied sur MArs devront être remis à très très longtemps...
    Que je regrette que les Soviétiques n'aient pas été les premiers sur la Lune! Au moins Von Braun aurait pu lancer son programme Appolo-Mars, avec moteur Nerva à la clé...Si seulement!

    @+!
    Zeiss Telementor, AS 100/1000, Zeiss Asalumen E 110/1300 (1907), Zeiss E 130/1950 (1923)

  3. #3
    invite02ff802c

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Citation Envoyé par Vador59 Voir le message
    Dire que cette personne est censée donner des informations sur les pistes retenues par Obama...En fait oui, ça ne dit pas grand chose de concret!
    S’il en dit si peu c’est justement parce qu’il est en mission diplomatique. À mon avis, il pose des jalons pour que l’ESA monte dans la galère.

    Citation Envoyé par Vador59 Voir le message
    Ce qui semble vouloir dire que les Américains seraient prêts à laisser des systèmes critiques être développés de manière autonome par les autres agences, dans laquelle la NASA viendrait s'insérer. Trop beau pour être vrai: de toute manière, les Américains, en matière d'accès à l'espace, n'ont jamais offert aux pays avec qui ils coopéraient que des strapontins. S'il s'agit désormais de devenir des marche-pieds, je ne vois pas l'intérêt pour l'ESA de répondre favorablement à ce genre de démarche.
    J’espère qu’elle ne donnera pas suite. Ou plutôt elle devrait ne dire ni oui ni non pour faire lanterner les Américains et éventuellement faire monter les enchères.

    Citation Envoyé par Vador59 Voir le message
    Absolument: envoyer un petit vaisseau avec un chien ou un chat avec tout le nécessaire pour survivre à un survol martien n'est pas hors de portée...Reste à savoir si on ne va pas se mettre à dos toutes les associations type SPA, WWF sur le dos avec de telles propositions!
    Tu vois un vaisseau avec des croquettes et une litière pour un an ou plus ! Et il leur faut en plus une petite caresse. Tandis que dans l’ISS il y aurait tout le temps du monde pour s’occuper d’eux
    Faisons un peu de SF dans le genre Flash Gordoon, la honte de l’espace intersidéral. La NASA construit les deux Ares (comme il y avait deux Ajax), construit un base lunaire, y envoie du personnel par roulement et y installe à demeure des chiens, des chats, une ribambelle de cochons d’Inde, quelques macaques rhésus. Elle ravitaille régulièrement la station en croquettes et en bananes. Point intéressant : est-ce que le régolite peut être transformé en litière ? Est-ce qu’on peut jeter les déjections directement à la surface de la Lune ou faut-il les enterrer (ou les enlunir) ? Bref la NASA est confrontée à des tas de problèmes qu’elle n’avait pas anticipés. Et au final elle s’aperçoit que le rayonnement cosmique est trop nocif pour la santé et qu’elle n’a plus qu’à mettre au clou ses Ares et ses bases cinq étoiles.
    De plus on s’aperçoit qu’à l’époque des pionniers, quand les héros étaient encore faits d’une bonne étoffe, trois hommes dans un vaisseau grand comme une cabine de plage formaient un équipage soudé et remonté à bloc, prêts affronter le vide intersidéral avec leur large thorax (1), mais que quand les mesures de sécurité drastiques diminuent grandement le danger, quand la routine s’est installée et surtout quand il y a un certain confort les prises de bec démarrent très vite et dégénèrent rapidement.

    Citation Envoyé par Vador59 Voir le message
    Que je regrette que les Soviétiques n'aient pas été les premiers sur la Lune! Au moins Von Braun aurait pu lancer son programme Appolo-Mars, avec moteur Nerva à la clé...Si seulement!
    En faisant l’impasse sur la Lune ? Déjà qu’Apollo était sur le fil du rasoir je doute que Mars se serait effectué sans casse. Il aurait fallu que les US s’abstiennent de faire la guerre du Vietnam pour pouvoir se l’offrir.

    Et puis imagine les rôles inversés : les Soviets sur la Lune, les Américains qui s’emmêlent les pinceaux et finalement le communisme gagne la guerre froide !

    ND

    1) à la réflexion je dois être influencé par la statuaire réaliste-soviétique

  4. #4
    Geb

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Bonsoir,

    Citation Envoyé par Vador59 Voir le message
    Que je regrette que les Soviétiques n'aient pas été les premiers sur la Lune! Au moins Von Braun aurait pu lancer son programme Appolo-Mars, avec moteur Nerva à la clé...Si seulement!
    C'est un peu simpliste comme hypothèse, et ça ne changera pas l'histoire de le faire remarquer, mais il aurait fallu un 3e concurrent qui aurait joué le rôle de l'URSS, essoufflée par le coût faramineux de la course à la Lune après le triomphe d'Apollo.

    Si seulement...
    Dernière modification par Geb ; 04/01/2010 à 23h03.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Geb

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    En faisant l’impasse sur la Lune ? Déjà qu’Apollo était sur le fil du rasoir je doute que Mars se serait effectué sans casse. Il aurait fallu que les US s’abstiennent de faire la guerre du Vietnam pour pouvoir se l’offrir.
    Sans la guerre du Vietnam (coût estimé : entre 500 et 900 milliards de dollars de 2005, de 1961 à 1975), la course à la Lune aurait été presque facile pour les Etats-Unis, économie visiblement bien plus robuste que l'URSS de l'époque...

    C'est en fait, comme si les Etats-Unis avaient assumé deux programmes Apollo de front !!!


    Cordialement

  7. #6
    inviteec0d6e6f

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Salut,

    je suis d'accord avec l'ensemble de ton discours mais je nuancerais ceci :

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    S’il faut faire d’abord des expériences sur les animaux il y a déjà l’ISS : quelques cobayes feraient l’affaire.
    au, sujet des radiations : déjà, l'ISS c'est 2 fois moins que l'espace ouvert car il y a la terre qui protège la moitié de sphère de reception du rayonnement.
    Ensuite, l'ISS est autant protégée que nous par la ceinture de Van Allen.

    Ce que je verrais, personnellement, comme expérience réellement productive, ce serait d'envoyer en orbite terrestre large (500.000 km au moins) un engin capable de produire de la gravité artificielle diminuée (disons 1/3 de G).
    De cette façon, les conditions seraient strictement identiques a l'espace profond que rencontrera un voyage habité vers mars, et le prototype ne serait qu'a 4 ou 5 jours de voyage, donc facilement accessible.

  8. #7
    invite02ff802c

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Citation Envoyé par Geb Voir le message
    Sans la guerre du Vietnam (coût estimé : entre 500 et 900 milliards de dollars de 2005, de 1961 à 1975), la course à la Lune aurait été presque facile pour les Etats-Unis, économie visiblement bien plus robuste que l'URSS de l'époque...
    C'est en fait, comme si les Etats-Unis avaient assumé deux programmes Apollo de front !!!
    Ou deux guerres
    En n’oubliant pas que les USA commençaient déjà à vivre à crédit. Les traites sont en train de tomber.

    ND

  9. #8
    invite02ff802c

    Re : Interview de Charles Bolden dans le Figaro

    Citation Envoyé par Carcharodon Voir le message
    au, sujet des radiations : déjà, l'ISS c'est 2 fois moins que l'espace ouvert car il y a la terre qui protège la moitié de sphère de reception du rayonnement.
    Ensuite, l'ISS est autant protégée que nous par la ceinture de Van Allen.
    Tu as raison mais ne suffirait-il pas de compenser l’exposition réduite par une durée prolongée ? L’ISS présente tout de même l’avantage d’une logistique constante et pour des animaux vivants c’est indispensable.

    Citation Envoyé par Carcharodon Voir le message
    envoyer en orbite terrestre large (500.000 km au moins) un engin capable de produire de la gravité artificielle diminuée (disons 1/3 de G)
    Très bonne idée. L’ATV avec quelques aménagements ne ferait-il pas l’affaire ?
    Plutôt qu’une orbite circulaire je proposerais une orbite elliptique, 500.000/500 par exemple, ce qui permettrait en une seule manœuvre de le remettre sur une orbite basse.
    Cela dit, je ne vois pas comment reproduire la gravité.

    ND

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