Comme toujours avec ce genre de papier, L'exploration spatiale ne peut concerner un seul pays, qui de fait n’a pas grand chose à dire, on s’interroge sur les motivations non-dites et la diplomatie secrète qui se cache derrière. Il est manifestement à la manœuvre.
L’intro du Figaro résume à mon sens l’ambigüité du programme Constellation : « Un projet ambitieux, destiné à redynamiser la Nasa après la catastrophe de Columbia, en février 2002, mais qui n'a jamais disposé du financement nécessaire. » En bonne logique on définit un projet pour les résultats qu’on en espère et on dynamise les équipes sur ces objectifs. Autrement dit l’objectif précède la redynamisation. Il est assez pervers et en général pas très productif de faire l’inverse : se trouver des objectifs dans le seul but de se donner la pêche, à fortiori quand on n’a pas les ressources et à superfortiori quand les objectifs eux-mêmes ne sont pas clairs…
« Notre philosophie est que nos futurs partenaires doivent s'insérer dans un «chemin critique» (1). Cela veut dire que nous voulons qu'ils soient responsables de parties importantes du programme à bâtir ensemble. » Autrement dit, comme la NASA a découvert qu’elle est trop pauvre (ou les USA sont trop pauvres) pour ses ambitions elle va tenter d’embarquer les autres dans son aventure. Pour un projet censé donner une « nouvelle frontière » aux Américains on va faire la manche.
Hormis quelques coopérations ponctuelles avec les autres agences, rarement à parité, on connait l’incapacité de la NASA en particulier et des USA en général à coopérer d’égal à égal, c’est à dire en laissant autre chose qu’un strapontin à ses associés. Bon, d’accord, il y a l’ISS mais elle aussi on se demande un peu à quoi elle sert ou plutôt si le ratio utilité/cout est vraiment raisonnable. Elle est là, donc on fait avec, et comme c’est la NASA qui paie l’essentiel du terme…
Je suis curieux de savoir s’il y aura beaucoup de candidats dans la galère Constellation.
Autre point qui fait froid dans le dos : « Est-il envisageable d'aller directement sur Mars sans passer par des missions lunaires préparatoires ?
Non ce n'est pas possible, en particulier à cause des radiations. Nous devons mener des expériences, notamment sur des animaux, pour savoir comment l'homme peut supporter sur le long terme l'exposition subie lors d'une expédition vers Mars. Une fois qu'on sera allé sur la Lune, il faudra aller plus loin vers des astéroïdes par exemple où l'exposition est plus forte. »
Autrement dit on prépare tout ce Barnum sans savoir si ce sera viable. S’il faut faire d’abord des expériences sur les animaux il y a déjà l’ISS : quelques cobayes feraient l’affaire. Cela dit les Soviétiques l’ont déjà fait : sur Mir leurs cosmonautes faisaient office de cobaye. Rappelez-moi le record de durée en orbite. C’était pour la bonne cause qu’ils se faisaient irradier à demeure.
Ôtez-moi un doute : l’exposition aux radiations est plus forte sur un astéroïde que sur la Lune ? De plus, sachant qu’il s’agit d’une expérimentation à long terme, plusieurs années pour avoir un résultat valable, serait-il vraiment plus commode d’aller sur un astéroïde ? Enfin, ne serait-il pas carrément plus pratique et moins cher de reproduire en labo les conditions d’exposition de l’espace ? Une dose de rayons gamma et X, une rasade de protons à plus ou moins haute énergie…
ND
1) Quelqu’un a une idée sur le sens de cette expression ? C’est sans doute la traduction approximative d’un faux ami mais je n’arrive pas à rétablir ce que devait être l’expression anglaise, « critical path » ?
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