Bonjour,
Sur la base de ce petit texte introductif (http://forums.futura-sciences.com/sh...2&page=1&pp=20), j'aimerais savoir si la cosmologie quantique aurait un intérêt (épistémologique, voire ontologique) pour expliquer la conscience.
Par ailleurs, dans la mesure de votre disponibilité, pourrais-je avoir un avis sur cette présentation de la MQ ?
Merci et meilleures salutations
Ce dont il est question, c’est de comprendre physiquement (empiriquement) l’inverse de la décohérence dont le principe d’après ce que j’en ai compris, est de faire une expérience avec un dispositif si fin qu’il se situe à la frontière entre quantique et classique. En fait, Bardamu, si tu lis le compte-rendu des expériences de Haroche (lien dans une précédente contribution), tu verras que la décohérence fonctionne dans les deux sens en brouillant plus ou moins la superposition des états, ce brouillage étant même évalué avec une constante de temps. Pour le reste j’ai quelque mal à te suivre dans tes raisonnements vu qu’il faut savoir ce qu’on entend par monde quantique et par monde classique. Pour le classique s’agit-il des objets, ou bien doit-on inclure la conscience. Pour le quantique, ce monde se manifeste empiriquement par R, la mesure, mais qu’en est-il de U, le formalisme des vecteurs d’états, à quelle réalité sous-jacente est-il associée ?
A mon avis, la chose essentielle est de comprendre que la MQ s’est construite comme une théorie portant sur l’observation d’une particule individuelle, c’est-à-dire un événement singulier et élémentaire. Par ailleurs, il faudrait aussi redéfinir la physique. Celle-ci a longtemps été perçu comme la science qui porte sur le comportement des objets matériels, situés dans l’espace et le temps, puis élargie à l’étude de l’espace-temps lui-même. La physique en réalité est une théorie rationnelle de la sensibilité, avec une partie pouvant être calculée et une autre on dira qualifié. Cette physique n’inclut ni la conscience ni la vie. Du moins pas encore et pas dans la conjecture du doublet quantique classique (vous voyez où je veux en venir, au triplet quantique, classique, relativiste). Ainsi, théorie quantique de base, monde classique, décohérence, principe de moindre action, réduction du vecteur d’état, matrice densité, tout ceci ressort de la sensibilité (du reste intelligée à un niveau considérable).
Bref, toute cette affaire de haute science mérite que l’on écrive à nouveau une Esthétique transcendantale comme l’avait fait Kant. L’esthétique transcendantale est une théorie critique de la sensibilité, inspirée par la physique de Newton et l’empirisme de Hume. Sous réserve d’une analyse plus poussée, Hawking me semble jouer le rôle de Hume, quant à Penrose, il est le métaphysicien de circonstance, se déclarant platonicien mais occupant la posture d’un Leibniz, voire même d’un Wolff. Rappel historique : Wolff fut le dernier grand philosophe pré-kantien, proposant une métaphysique générale à laquelle étaient subordonnée les trois branches majeures dite métaphysique spéciales, théologie, psychologie, cosmologie. C’est en ce sens que Penrose, en quête d’une cosmologie et d’une phénoménologie (à prendre dans le sens philosophique, comme théorie de la conscience) fondée sur une physique générale, se place comme Wolff.
Je reviens à la MQ. Celle-ci est constituée d’une théorie de base (équation de Schrödinger, matrice de Pauli, relations d’Heisenberg etc.) qui porte sur le phénomène élémentaire microphysique. C’est en quelque sorte une théorie de l’hypersensibilité, alliant le microscope mathématique et le microscope expérimental. Les physiciens ont voulu voir de plus près les détails de la « matière » et se sont aperçus que le monde quantique est bien étrange, par rapport au monde ordinaire. Le formalisme quantique se dédouble en une partie complexe et une partie qui formalise les observables. Cette théorie porte sur une particule et c’est ainsi qu’elle a été élaborée, puis ensuite étendue pour l’appliquer à d’autres conjonctures. Voici quelques extensions.
EPR et non séparabilité : le paradoxe EPR est liée au fait d’une combinaison entre la MQ basique et une donnée classique, la conservation de l’impulsion le long d’une trajectoire. Bohr n ‘a fait que répliquer à Einstein en utilisant le mode d’emploi, à savoir que statuer sur une observable sans avoir fait de mesure, comme le suggère Einstein, n’a pas de sens physique. Par contre, l’extension de la MQ pour formaliser cette situation a été faite par Bell. L’expérience a donné raison à Bell. Il existe une non séparabilité. Celle-ci porte sur un dispositif avec non plus une mais deux particules, séparés par une distance raisonnable (10 mètres je crois dans l’expérience d’Aspect). La théorie et surtout l’expérience incluent donc une propriété classique, l’étendue. D’où l’idée de parler d’un effet de champ
MQ relativiste : Dirac en 1929 a étendue l’équation de Schrödinger pour la rendre compatible avec l’invariance de Lorentz, celle-ci étant le principe de la relativité restreinte qui concerne le champ électromagnétique, et donc sans doute, un autre effet de champ dont les conséquences sont que d’une part, le spin apparaît dans la théorie et non plus de manière ad hoc (matrices de Pauli), d’autre part, il existe une solution négative, le positron, découvert ultérieurement dans les collisionneurs à haute énergie
Matrice S : S pour scaterring. Cette matrice est utilisée pour formaliser les collisions hadroniques à haute énergie. Ne pas la confondre avec la matrice densité. Ici on est encore dans une autre situation expérimentale qui est l’usage des hautes énergies et le fait que les phénomènes produits sont des créations de particules pendant des durées infinitésimales. Je me demande si cette conjoncture n’est pas sans rappeler la décohérence. A méditer. Toujours est-il que l’usage de cette matrice a posé quelque problème avec le mode d’emploi orthodoxe de la MQ. Voir un article d’Henry Stapp de 1972.
QED : encore une extension supplémentaire par rapport à l’équation de Dirac. La QED combine l’électromagnétisme et la MQ basique. On passe des espaces de Hilbert aux espaces de Fock. Alors que la MQ décrit la particule qui se manifeste de manière singulière dans le dispositif, la QED décrit un champ avec toutes les possibilités, que la particules s’y manifeste ou non.
Décohérence : on vient d’en parler. Effet de champ. Ici le champ est tout simplement le monde classique qui en quelque sorte « brouille » la superposition et interdit par exemple la situation de superposition avec un chat vivant et un chat mort. Autrement dit, le champ mort et le champ vivant. Conclusion. La MQ quantique n’est plus valable au-delà de certaine limites. Ce qui limite notamment les spéculations de Eccles quant à un comportement quantique au niveau des synapses.
Voilà de quoi écrire une sacrée Esthétique transcendantale puisqu’il est question avec ces quatres extensions de la MQ (je mets de côté les hadrons) Il faudrait aussi inclure la cosmologie. On s’aperçoit que les catégories fondamentales sont bien la forme, l’énergie et le champ, bien visible dans mon propos il me semble. En fait, cet ensemble devrait fournir une compréhension de ce qui apparaît être maintenant comme un champ d’expression, avec des phénomènes s’exprimant, selon un mode classique ou quantique, voire intermédiaire.
Ensuite, le reste doit faire appel à quelques autres branches. Le thème de cette discussion porte sur l’explication de la conscience que permet l’étude de la cosmologie quantique et j’associerais aussi la Vie. Toujours en toile de fond la forme, l’énergie et le champ. Il va falloir se mettre à l’analyse de cette question. Avec notamment les trous noirs et la perte d'information.
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