29 septembre 2004
Relativité. Bonne fête à tous les Raphaël
bonjour à tous
Lu dans le débat entre Hawking et Penrose récemment édité chez Folio mais paru en 1996 en version originale puis en 1997 chez Gallimard. Oui je sais, ce n’est plus dans l’actualité, sauf dans la mienne. En ce moment, les questions d’informations, de connexion et tuti quantum physica etcetera me hantent. Penrose clôt le débat avec une allusion à une biographie d’Einstein publiée en 1994 par Pais. Un passage concerne la fameuse controverse entre Bohr et l’inventeur de la relativité. Einstein aurait pu très bien aller à la pêche à partir de 1925 vu qu’il n’a plus accompli de grandes avancées, même si ses critiques furent utiles. Il est question de la théorie quantique. Celle-ci fut établie dans sa version orthodoxe lors du congrès de Solvay de 1927, équivalent pour les physiciens du concile de Nicée qui en 325, établit le dogme de la trinité.
On pardonnera à Penrose cette petite faute de date. D’autant plus que ce type m’impressionne et que je me garderais bien de lui chercher quelques embrouilles, vu que je n’ai pas le bagage mathématique pour le suivre dans ses développements de la gravité quantique. Alors, je ne fais que suivre mon intuition.
Mon intuition n’étant pas analphabète, je peux quand même lire ce que dit Penrose, que si Einstein a mis la clé sous la porte, c’est qu’il manquait un truc essentiel à la théorie quantique. Ce truc, c’est un ingrédient découvert cinquante ans plus tard par son pote Hawking ; c’est le rayonnement du trou noir. Et paraît-il que grâce à cet ingrédient, la théorie quantique a pris un nouveau tournant. Là, je suis obligé de faire confiance à Penrose. Sauf pour Einstein. A mon avis il y a une équivoque et même un contresens. Einstein n’a jamais été féru de mécanique quantique et je dirais même qu’il n’a pas compris cette théorie. Il n’avait donc rien à faire, même si le trou noir rayonne car Einstein a rayonné dans le domaine de la cosmologie. Sa grande affaire c’est l’espace-temps. Sa seule contribution à la micro-physique a été en 1905 l’article sur l’effet photo-électrique qui lui a valu le Nobel. Ce qui prouve qu’à cette époque, les savants ont carrément été dépassés par la nouvelle physique. Einstein Nobel pour l’effet photoélectrique, c’est comme si on donnait le Goncourt à Houellebecq pour son brouillon sur Lovecraft !
Penrose se voit en Einstein, face à un Hawking qu’il compare à Bohr. Voilà pourquoi il s’est mis à imaginer qu’Einstein aurait pu contribuer dans le domaine de la théorie quantique. En fait, ce n’est pas une question de renommée mais de position philosophique. Penrose se dit réaliste, Hawking positiviste (et le philosophe que je suis dirait même nominaliste). Et c’est là le chiasme le plus étrange de la physique contemporaine. Une sorte d’inversion épistémologique. Penrose fait du réalisme avec la théorie quantique, alors qu’Hawking fait du positivisme avec la cosmologie comme base. Exactement l’inverse des anciens. Bohr était positiviste (dans sa méthode) et Einstein réaliste dans sa conception de l’Univers, allant jusqu’à envisager un néospinozisme. L’attribut divin étant alors la perfection mathématique de l’espace-temps et ses tenseurs, alors que le mode, l’affection de la substance, c’est le tenseur matériel. Einstein considérait même la matière comme une maladie de l’espace-temps.
La théorie quantique aurait un potentiel ontologique supérieur à la cosmologie. Voilà ce que l’on doit tirer comme déduction à ce niveau. Autant dire que Einstein s’est fourvoyé, autant que Heidegger qui publia en 1927 Etre et Temps. Le Dasein, la conscience si on veut, et l’analyse de notre situation en ce monde n’a pas fournit les réponses aux interrogations métaphysiques du précédent siècle, pas plus que la cosmologie relativiste, avec ou sans trou noir.
Bref, cela est des plus étrange. Pour faire le point, il est nécessaire de mentionner ce résultat. Une perte d’information est liée au rayonnement du trou noir. Autrement dit, si on veut concilier la théorie quantique et la cosmologie, il faut admettre qu’une quantité d’information puisse disparaître, soit qu’elle soit détruite ou bien inaccessible. Si la forme c’est l’énergie et que l’énergie ne peut être détruite, alors l’information n’est pas accessible.
Nul n’a encore tiré les conséquences de ce résultat. Pourtant, je sais que je contiens dans mon être un stock d’informations inaccessibles et que c’est pareil pour les gens que je connais, même intimement. Autrement dit, la cosmologie quantique pourrait bien porter sur la conscience humaine et non pas sur le cosmos. Et pour le dire plus ouvertement, elle concerne le Dasein. La cosmologie quantique, rien qu’une esthétique du Dasein. Non pas le sens de l’Etre mais la Forme de l’Etre. Je sais bien que ça plane sur des hauteurs stratosphériques et que même moi, je m’y perds mais je pense que mes intuitions ont vu juste. Le plus dur est d’expliciter avec des développements et des raisonnements ce que j’ai pressenti en un clin d’œil. Je ne peux rien faire pour l’instant.
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