Le fonctionnement du cerveau est à la fois chimique et électrique. L'électrique vient en premier. Quelque chose excite des millions de neurones, simultanément, dans de nombreuses zones différentes du cerveau. Ce quelque chose peut être un stimulus externe : une vision, un son, une odeur ou une sensation. Il peut être aussi interne, tel un souvenir ou une intention. Ou peut-être une combinaison des deux, comme lorsque je demande à quelqu'un de penser à quelque chose qui ne lui était jamais arrivé : tomber de sa bicyclette et se casser le dos. L'accident est imaginaire, mais le son de ma voix, qui utilise des symboles linguistiques, est physique.
Quel que soit le stimulus, il excite les neurones selon un certain rythme, y compris une excitation particulière à haute-fréquence appelée "oscillation gamma synchronisée". Elle ne dure qu'un quart de seconde, mais cette synchronisation des oscillations dans différentes zones du cerveau fait que les gens considèrent les pensées comme un tout cohérent. Une "pensée" est constituée de millions d'impulsions électriques séparées dans des zones cérébrales différentes ___ zone sensorielle, zone moteur, centres des émotions, tout cela. Mais à cause de la synchronisation de l'osillation gamma, la personne "expérimente" la pensée comme une simple image effrayante, douloureuse, d'une chute de bicyclette et d'un dos cassé. C'est le shéma des excitations qui est important, au niveau macro.
Jusque là, j'espère que je suis compréhensible ?
Maintenant, voilà ce qui arrive au niveau chimique. Dans chaque nerf, l'impulsion électrique en déplacement crée un champ électrique toroïdal, également en mouvement, qui a le nerf pour axe. Le champ atteint la terminaison neuronale, là où il y a très peu d'espace entre l'extrémité de ce nerf et le début de l'autre. C'est la synapse.
A l'extrémité de toutes les épines dendritiques, il y a des structures appelées grilles présynaptiques paracrystallines. Elles ressemblent à de minuscules treillis rigides à l'intérieur d'une minuscule pyramide. Dans les interstices entre chaque grille, il y a trente à quarante petit ballons appelés vésicules, à l'intérieur "desquelles" est stocké un neurotransmetteur chimique. Certaines grilles contiennent de la dopamine, d'autres de la sérotonine, d'autres des peptides qui inhibent la douleur, et ainsi de suite...
Par conséquent, l'impulsion nerveuse électrique arrive à la grille présynaptique dont toutes les vésicules pleines de neurotransmetteurs sont en attente, et elle y provoque un influx d'ions de calcium qui fait qu'une ___et une seule___ vésicule se vide dans la synapse. Qui, à son tour, excite le nerf se trouvant de l'autre côté du synapse, ce qui fait exploser ses ballons de transmetteurs, et ainsi de suite. On a une cascade chimique, et les produits font tout ce que l'on attend d'eux dans un organisme. Décharger l'énergie pour nourrir l'action. Stimuler les cellules motrices. Influer sur le courant sanguin. Faire couler l'adrénaline ou monter les émotions ou tout ce que vous voudrez. Tout cela, jusqu'à maintenant, nous le comprenons très bien.
Mais comprendre les parties ne signifie pas que nous comprenons le cerveau comme un tout. Le tout est plus grand que la somme de ses parties.
Voici un aspect du cerveau que nous ne comprenons pas. En tout cas, moi, je ne le comprends pas du tout.
Lorsque l'impulsion électrique atteint la grille présynaptique, son voltage est constant, mesurable, le même que celui parcourant tous les neurones. Mais,parfois, cette impulsion déclenche l'émission des neurotransmetteurs et parfois non. La probabilité de ce déclenchement varie de zéro dix-sept à zéro soixante-deux, selon le type de neurone. Et personne ne sait vraiment pourquoi.
Est-ce que tout le monde voit où je veux en venir ?
Nous sommes à l'échelle atomique et c'est l'un des problèmes. Avec l'émission de l'ion de calcium, nous sommes proches de l'échelle quantique. La recherche est difficile parce que la mesure affecte le résultat. Une théorie dit qu'il est ainsi des évènements mentaux.
Maintenant je vais donner un exemple plus concret pour illustrer un peu tout ça, O.K. ?
Par exemple, on est seul dans sa chambre, dans le noir, et on pense à quelqu'un qu'on aime ; un être aimé. Soudain, on le voit dans sa tête, on peut même le sentir. Tout le corps réagit physiquement. Mais qu'est-ce qui a initié cette cascade ? Un souvenir sans source d'énergie que l'on puisse identifier dans le cerveau, et qui n'a même pas de localisation unique. C'est seulement un schéma de configurations neurales éparpillées. On appelle cela un "évènement mental". Mais cet évènement non physique a mis en route toute une chaîne d'excitations électriques qui a déclenché ___parfois___ toute une autre chaîne de vésicules de neurotransmetteurs.
Donc les questions que je me pose c'est : comment cela se produit-il ? Pourquoi les grilles présynaptiques relâchent-elles parfois les vésicules, mais d'autres non, alors que le voltage est le même ? Qu'est-ce qui se passe au niveau atomique ? Je l'ignore.
Quelqu'un peut-il m'aider et m'éclairer, merci.
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