Gène préhistorique et ADN d'aujourd'hui

[JulienFFS]

Bonsoir à tous !

Étant nouveau sur ce forum, j'espère que ma question n'a pas déjà été posée ailleurs
J'ai effectué une recherche dans les forums et on dirait que non

Alors la voici ;

J'ai commencé la lecture d'un ouvrage intitulé " Sapiens - Une brève histoire de l'humanité".
L'auteur nous dit que pour comprendre certains aspects de notre psychologie d'êtres humains contemporains, il faut remonter aux Sapiens d'à partir de la Révolution cognitive car c'est là que plusieurs gènes se sont encodés dans notre ADN

Ma question est donc la suivante : Est-ce que notre ADN d'aujourd'hui a bel et bien un lien avec nos plus anciens ancêtres ?

Pour exemple, dans le livre, le "gène de la goinfrerie" ( pas sûr qu'il s'agisse d'une appellation officielle ) est cité :

Les fruits mûrs bien sucrés étant rares, le premier Sapiens qui en trouve s'en goinfre afin de faire le plein d'énergie
Ce serait cette attitude que nous aurions conservée et qui expliquerait nos penchants pour consommer rapidement et en grande quantité les produits sucrés.


Merci d'avance pour vos réponses

J'espère vraiment n'avoir pas fait de doublon avec un précédent sujet similaire

Bonne soirée !
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[Oudot]

Le gène de la goinfrerie? Ca ne me semble pas très sérieux, ou alors c'est très vulgarisé; enfin, moi, je suis dans l'électronique, alors ce n'est pas ma partie. Mais pour ce qui est de l'appétit du sucré, ça me rappelle effectivement quelque chose d'assez étonnant que j'ai lu dernièrement:

http://emmanuel-legeard.com/nutritio...l-legeard.html

Q - Que penser du régime paléolithique ?

R - Emmanuel Legeard : Je n'en sais rien, du fait que le "régime paléolithique", ça n'existe pas! Entre l'australopithèque et le néolithique, il y a eu une infinité de régimes différents qui ont varié avec les conditions géographiques, climatiques et culturelles. Ce que je peux dire, c'est que l'homme étant un frugivore, il est naturellement attiré par le sucre dont il a besoin nerveusement et musculairement, et qu'en tant que carnivore, il lui faut idéalement des protéines et des acides gras d'origine animale. Evidemment, les végétariens qui sont souvent motivés par d'excellents principes moraux peuvent ruser pour obtenir un régime à peu près complet, mais il faut de la discipline et des connaissances pour y parvenir. Notez que je ne m'oppose pas au régime prétendument paléolithique puisqu'il impose d'éliminer la "malbouffe".

Ensuite, j'ai vérifié tout ça, et il semble que les deux éminents confrères Jean-Denis Vigne et Pascal Picq disent exactement la même chose. D'un autre côté, le gars est solide, académiquement parlant (2 doctorats, nutritionniste de la Société Internationale de Nutrition du Sport... En plus, ma femme - qui est médecin - m'a dit que c'était bien, alors... )

P.S. Je vois qu'il a écrit un autre truc sur l'évolution de la régulation de l'appétit chez homo sapiens (mots clefs: leptine, lipostat, Speaksman's "predator-release" hypothesis):
https://plus.google.com/+EmmanuelLeg...FPcX6?sfc=true

J'espère que ça répondra à vos questions.

Paul

[minushabens]

L'auteur nous dit que pour comprendre certains aspects de notre psychologie d'êtres humains contemporains, il faut remonter aux Sapiens d'à partir de la Révolution cognitive car c'est là que plusieurs gènes se sont encodés dans notre ADN

je ne sais pas ce qu'est la "révolution cognitive" mais en tout cas la phrase "plusieurs gènes de sont encodés dans notre ADN" ne veut rien dire à ma connaissance.

[Amanuensis]

Ma question est donc la suivante : Est-ce que notre ADN d'aujourd'hui a bel et bien un lien avec nos plus anciens ancêtres ?

La question est surprenante. La réponse est évidemment oui, l'ADN des homo sapiens actuels est hérité de celui de nos ancêtres, avec quelques modifications en quantité croissante avec l'ancienneté des ancêtres. Et l'échelle temporelle pour commencer à avoir des effets significatifs de ces modifications est typiquement en centaine de milliers d'années.

Pour exemple, dans le livre, le "gène de la goinfrerie" ( pas sûr qu'il s'agisse d'une appellation officielle ) est cité :

Les fruits mûrs bien sucrés étant rares, le premier Sapiens qui en trouve s'en goinfre afin de faire le plein d'énergie
Ce serait cette attitude que nous aurions conservée et qui expliquerait nos penchants pour consommer rapidement et en grande quantité les produits sucrés.

C'est un exemple de "just so story" (historiette), phénomène décrit par S. J. Gould: c'est une jolie histoire, mais c'est au mieux une vision extrêmement simpliste. Et au pire totalement fausse.

(Et, dans ce cas précis, une historiette dangereuse, dans la mesure où elle "excuserait" une propension nocive (mais encouragée par certain milieux), qui pourrait très bien avoir une composante culturelle importante.)

[A voir en vidéo sur Futura]

[Oudot]

Comme j'ai reçu l'alerte par email (je devais être abonné au fil par défaut), et que j'ai relu le lien Google cité plus haut, je coupe et je colle quand même ceci qui me paraît répondre plus précisément:

But during the Neolithic Demographic Transition, ten thousand years ago, the threats of predation and starvation largely disappeared, and populations experienced a "genetic drift", that is random genomic mutations not determined by evolutionary advantage, and this was the event which - according to Speaksman - made the upper limit "less tight" and allowed for obesity.

Emmanuel Legeard cite plusieurs références:

Now, you ask for references, I don't know any paper title by heart, but there are plenty out there. If you are not familiar with it all, just look up Kennedy's lipostat theory and Speaksman's "predator-release" hypothesis, for starters, and in case it's out by now (it was still in print when I last checked, some months ago), Brian Parks' paper on genetic control of obesity, which sounded extremely promising.

Source: ici
Je quitte à présent ce fil, n'étant pas spécialiste de ces questions. Bonne chance à vous dans vos investigations.

[Amanuensis]

random genomic mutations not determined by evolutionary advantage

Si des mutations génétiques sont aléatoires ("random"), elles ne sont certainement pas déterminées par quoi que ce soit, et encore moins par des "avantages évolutifs" (quoi que cela signifie).

La phrase est "vraie", mais contient une pétition de principe, qu'il y ait des "mutations génétiques déterminées par un avantage évolutif", qu est en contradiction avec les théories en vigueur.

Ceci posé, on peut arriver à comprendre le fond de l'idée malgré tout: s'il y a croissance importante d'une population, on peut imaginer que les "pressions de sélection" sont moins actives, et que la prévalence de certains allèles varie par simple dérive.