Mesdames, messieurs, bonsoir !
Depuis environ trois semaines, je prépare un exposé sur le vieillissement, pour le club de sciences de ma fac. Je viens juste de le finir, j'ai à peine relu, donc il doit encore rester quelques conneries/phrases non-finies, des erreurs etc.
-je ne compte pas lire intégralement ce texte, mémoriser chacun de ses points devrait suffire.
Je comptais montrer ça aux profs et autres chercheurs présents sur place, et éventuellement à des étudiants des années suivantes, histoire qu'ils me disent si ce que j'y dit est pertinent, si je n'ai pas oublié quelque chose de trop important, etc.
Et puisqu'une grande partie d'entre vous sont chercheurs/étudiants en biologie, je me suis dit que vous pourriez également me donner vos avis sur mon texte !
Place au pavé :
Première partie (c'est trop long pour être contenu sur un seul message) ->
Cliquez pour afficherLes raisons évolutives du vieillissement organique
I-Sur la longévité maximale
La longévité maximale telle qu'il en est question ici est la durée de vie maximale que peut espérer atteindre un être vivant, si aucun élément extérieur ne vient réduire ce temps de vie et si son mode de vie est apte à repousser au maximum l'échéance de sa mort.
Ainsi, la mort telle qu'il en sera question est la mort dite «*de vieillesse*», causés par des troubles de l'organisme dus au processus de vieillissement et intervenant à un âge très avancé à l'échelle de l'espèce.
Certes, tous les êtres vivants n'ont pas de longévité maximale déterminée. Par exemple le Homard ne montre pas de signes de vieillissement*; l'hydre d'eau douce peut vivre jusqu'à 1400 ans ; un groupe de méduses apparentées à Turritopsis Nutricula peuvent potentiellement vivre éternellement...
Egalement, certaines espèces de conifères tels que le Sequoia, le pin où l'Epicea, ne semblent pas présenter de dysfonctionnements liés à l'âge et meurent la plupart du temps de causes extérieures où sous la pression de leur propre poids.
Mais les individus de la plupart des espèces animales connues subissent ce processus de manière intrinsèque*: même ceux élevés par l'Homme, bien que disposant dans la plupart des cas d'autant de nourriture et d'eau qu'ils peuvent en avoir besoin et n'étant que peu victimes des maladies et de la prédation, semblent dotés d'une limite intrisèque à leur longévité et semblent présenter un processus de vieillissement comparable à celui de l'Homme.
Généralement, peu d'individus meurent en atteignant leur longévité maximale.
Chez l'Homme, dans les pays développés, il en vas différemment. En France où au Japon par exemple, la majorité des individus meurent à un âge proche de cette limite. Celle-ci semble être d'un peu plus de 100 ans, et l'âge moyen du décès y est de plus de 80 ans. Il est d'ailleurs à noter que ce chiffre inclue les décès précoces, donc qu'il est d'autant plus élevé chez ceux qui meurent à un grand âge.
Mais ce n'est pas le cas dans le monde entier*: en 2004 en Ethiopie, par exemple, l'espérance de vie était de 42 ans. La proportions de gens atteignant à peu près leur longévité maximale y était donc bien plus faible qu'en France où au Japon.
Et ce fut encore moins vrai aux époques antérieures à la révolution industrielle*: en France, à la fin du XVIIIème Siècle, l'espérance de vie était de l'ordre de 25 ans.
Mais il faut prendre en compte le fait que cette faible espérance de vie était principalement causée par une très forte mortalité chez les plus jeunes individus*: l'espérance de vie étant la moyenne d'âge de décès de l'ensemble de la population, cela signifie qu'une partie de la population vivait bien après 25 ans.
Table de survie XVIIIème.jpg
Les données ci-dessus sont tirées de «*La mortalité en France de 1740 à 1829*» de Yves Blayo. Entre 1740 et 1789, plus de la moitié des individus mourraient avant d'atteindre l'âge de 15 ans, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
En revanche, entre 20 et 27% de la population masculine -et entre 26 et 30% de la population masculine- dépassait l'âge de 50 ans.
Et déjà, il existait quelques personnes dépassant 90 ans -entre 2 et 8 pour 1000 habitants-.
Quotients de mortalité XVIIIème.jpg
Or, même à cette époque, le taux de mortalité s'accroissait au-delà 50 ans. Et ce ne peut être dû à des causes culturelles, puisque dans l'Europe du XVIIIème Siècle les vieilles personnes étaient prises en charge par leur famille et n'allaient à la guerre que dans des cas exceptionnels.
Aujourd'hui également, il est largement admis que la probabilité de mourir augmente avec l'âge une fois le développement achevé. Simplement, dans les pays prospères actuels tels que la France et le Japon, le schéma a changé*: la probabilité de mourir avant d'avoir achevé son développement est quasiment nulle, et à chaque année de la vie où presque elle devient plus importante.
Mortalité aujourd'hui.jpg
(le tableau ci-dessus, publié par l'INED, montre qu'en France, globalement la mortalité augmente graduellement avec l'âge).
Il existe donc des causes biologiques à cet accroissement de la mortalité*: le vieillissement est bien un processus intrinsèque à la plupart des espèces vivantes.
On pourrait être tentés de penser que le vieillissement, donc le phénomène responsable de cet accroissement de la mortalité, est un processus qui par le renouvellement des générations augmente la diversité au sein des espèces.
Il est vrai que, si dans une espèce, la mortalité ne croît pas avec l'âge, en admettant que la population de l'espèce en question ne soit pas en augmentation, il est probable qu'au fil du temps le renouvellement des générations s'arrête quasiment en raison de l'accaparement des ressources alimentaires par les plus vieux individus (en supposant que le vieillissement n'existe pas, les capacités de combat des vieux individus ne décroissent pas donc, en raison de leur plus grande expérience de la vie, ceux-ci sont plus capables que les juvéniles d'accéder à leur subsistance). Ainsi, face à une population dont les «*vieux*» individus seraient éliminés par le vieillissement, l'espèce en question présenterait moins de diversité dans ses caractères, car le renouvellement des générations est un mécanisme permettant une diversification au sein des espèces. Ceci expliquerait la prédominance actuelle des espèces subissant le vieillissement, sur celles ne le subissant pas : cela expliquerait que la plupart des espèces actuelles sont "mortelles", tandis que les "immortelles" sont réduites à quelques exemples comme la méduse Turritopsis Nutricula et l'Hydre d'Eau Douce.
Car même dans la France du XVIII ème Siècle, la suppression du vieillissement entraînerait la prédominance des individus les plus vieux sur les plus jeunes.
Ici, on suppose que les individus âgés survivent mieux que les plus jeunes donc les remplacent systématiquement*; que la population n'augmente pas*; que la natalité reste stable, et que les coefficients de mortalité restent les mêmes à partir de 25 ans pour tous les individus dépassant cet âge, quel que soit l'âge qu'ils atteignent.
Dans une telle situation, pour modéliser la proportion d'individus dépassant 25 ans, il suffit de calculer la croissance de la population dépassant les 25 ans pour 1000 individus.
Nous nous baserons sur les données concernant la France entre 1760 et 1769. La population d'individus dépassant les 25 ans croîtrait ainsi*: tous les ans, environ 413 pour mille individus dépassant cet âge s'ajouteraient aux 392 déjà présents. Les effectifs de gens de plus de 25 ans décroîtraient de 46/1000, donc de 46/1000*392=18 individus.
On remarque un très net déséquilibre entre le nombre de gens dépassant le cap des 25 ans et le nombre de gens mourant après leurs 25 ans*; le vieillissement permet, par la surmortalité des individus de plus de 35 ans (qui s'accroît largement au-delà), d'équilibrer cette proportion.
Une autre conséquence de ce phénomène serait que la proportion de femmes au sein de la population deviendrait de plus en plus grande*: même à cette époque leur taux de mortalité à presque tous les âges était, malgré le risque de mort en couches, plus faible que celui des hommes.
Mortalité XVIIIème.jpg
(à gauche, des tables du quotient de mortalité masculine en France entre 1740 et 1789*; à droite, des tables du taux de mortalité féminine entre 1740 et 1789. On remarque que généralement, ce taux est plus bas pour les femmes que pour les hommes).
Survie masculine.jpg
(tables de survie masculine en France entre 1740 et 1789. Les données de la décennie 1760-1769 ont été utilisées)
Voici comment le vieillissement permet, pour des espèces comme l'Homme, d'assurer le renouvellement des générations, donc plus de diversité, se traduisant sur le long terme par un avantage évolutif. La proportion d'individus âgés reste relativement faible à l'échelle de la population, permettant à de nouveaux individus de bénéficier de nourriture leur permettant de se développer.
Ainsi, si une population humanoïde ne subissant pas le vieillissement telle les elfes émergeait, ses membres seraient moins aptes que les Hommes à survivre aux catastrophes naturelles et aux épidémies. Et à chacun de ces événements la proportion d'Hommes croîtrait par rapport à la proportion d'Elfes, ce qui déboucherait à terme sur la disparition de ceux-ci, ou du moins en ferait une espèce très rare.
Mais de toute façons, je ne vois pas l'intérêt de vivre éternellement si c'est pour ne manger que de la salade et ne boire que de l'eau de pluie...
Mais nous le verrons à la partie suivante, cette approche des mécanismes du vieillissement au mieux n'explique pas à elle seule la vérité, au pire est erronée.
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