Tardigrade pourquoi cette adaptation ?

[tonius]

Bonjour,

Je ne comprends pas pourquoi une espèce animale, les tardigrades par exemple aient développé une grande capacité d'adaptation (températures extrêmes, pression, vide spatial...) ? Alors que quasiment toutes les autres espèces animales ont une adaptation spécifique à un milieu en particulier. Je veux bien comprendre que ce soit possible mais pourquoi est-ce une des seuls espèces ?
Beaucoup d’espèces meurent suite à un changement rapide des conditions principe de la sélection naturelle. Mais alors comment ce fait-ce que certaines espèces comme celle-ci se mettent en état de cryptobiose et ne décède pas comme les autres ?

Merci.
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[Entropie O]

Bonjour,

Je ne suis pas un expert du tartigrade mais on peut voir les choses d'une autre manière. Le tartigrade a peut être développé la cryptobiose pour s'adapter à un environnement stressant et il se trouve que la cryptobiose permet de façon fortuite de se protéger face à d'autres conditions extrêmes. A noter que la cryptobiose existe ailleurs dans le règne animal.

[Great.J]

Bonjour,
Comme Entropie O, je ne suis pas un expert de ce domaine là mais sache qu'en biologie animale, ce que tu observe n'est en réalité qu'une fraction des espèces ayant peuplé la Terre. Il est possible que de multiples espèces de tartigrade aient existé et que seule celle qui t'intéresse tant ait survécu à toutes ces mutations qui lui ont conférer sa légendaire protection face au conditions extrêmes.
Gagner une résistance est en soit pas rarissime mais ce qui peut le devenir, c'est de la garder. Par exemple, l'environnement dans lequel ils vivent changent. Seuls résisteront ceux qui ont développé une mutation non-mortelle qui leur confère un avantage adaptatif dans cet environnement.
Lorsque l'environnement change ou qu'ils sont amenés à changer d'environnement, le ou les gènes de résistance peuvent êtres mutés car ils ne permettent plus la survie de l'espèce car les conditions environnementales ont changé. De ce fait, si on n'exerce pas une pression de sélection, les caractères adaptatifs acquis peuvent se perdre et donc l'espèce peut être amenée à perdre sa résistance.
Peut être que cette espèce est amenée à rencontrer tous ces stress durant sa vie, ce qui fait qu'elle conserve tous ces moyens d'adaptation.
Ce mécanisme adaptatif est celui mis en place par les bactéries et archées. Je ne garanti pas qu'il s'agisse du même pour le domaine animal ou végétal mais si tu dois creuser, je te recommande de creuser par là

En espérant avoir répondu à ta question,
Bonne continuation

[Geb]

Bonjour,

Je ne suis pas non plus un expert, mais je rejoins les opinions déjà exprimés. Tout d'abord, la capacité de résistance à la dessication de certaines espèces de tardigrades est directement liée à leur résistance exceptionnelle au froid (voir une discussion précédente sur le forum). Moins d'eau dans l'organisme diminue l'effet de formation de nanocristaux de glace dans les cellules, qui sont particulièrement délétères pour les macromolécules de l'organisme. Aussi, à ma connaissance, cette capacité d'extrême dessication sans perte de viabilité est également liée à la résistance au vide spatial.

Maintenant, pour expliquer ces nombreuses adaptations à des conditions extrêmes rien de telle que l'analyse génomique.

On a cru obtenir au moins une partie de la réponse en 2015, lorsqu'une étude avait suggéré qu'une part particulièrement importante des gènes d'une espèce de tardigrade (~17,5 % des gènes chez l'espèce Hypsibius dujardini ; voir Boothby et al., 2015) avait été emprunté à de nombreux autres organismes par transferts horizontaux de gènes. Cela dit, il s'agissait d'un brouillon de génome, qui s'est avéré contaminé. Une analyse ultérieure a révélé un taux de transfert horizontaux de gènes de ~4,5%, relativement similaire à celui d'autres métazoaires (voir Arakawa, 2016).

Une autre étude qui semble suggérer l'idée d'un "coup de chance" des tardigrades, c'est que chez une autre espèce de tardigrade (Ramazzottius varieornatus), une seule protéine pourrait expliquer la résistance aux rayonnements ionisants (Hashimoto et al., 2016) et que lorsque cette protéine est mise en culture avec des cellules humaines, ce sont les cellules humaines qui présentent à leur tour une meilleure résistance (d'environ 40%) aux radiations. Il est tout à fait envisageable que cette protéine soit un exemple de cooptation au niveau moléculaire.

Cordialement.

[A voir en vidéo sur Futura]