Quelle que soit la conjoncture géopolitique, et notamment depuis le choc pétrolier de 1973, les membres de l'OPEP et les producteurs non alignés (ceux-ci concentrant 60% de la production mondiale) annoncent qu'ils vont réduire la production. Motif: affaiblissement des ressources et/ou nécessité de garder ce qu'il reste pour les besoins futurs de la pétrochimie.
De fait, la production n'a cessé d'augmenter, malgré ces annonces.
Dès lors, l'annonce récente des non alignés à l'OPEP de réduire durablement leur production à partir de 2010 a peu de chances de se transformer en réalité.
Dès le seuil de 75$ le baril, l'exploitation d'immenses gisements jugés non rentables à leur découverte devenait possible. A 90$ le baril, ce sont les gisements de schistes bitumineux et l'off-shore + profond qui deviennent exploitables.
Donc, il y a beaucoup plus de bénéfices à faire, sur plusieurs décennies, en continuant à alimenter les stations services qu'à garder l'or noir pour la pétrochimie, sachant que pour développer la pétrochimie, il faudra investir considérablement dans la transformation (à condition que le marché l'exige), alors qu'il y a moins d'investissements à faire pour compenser le déficit de raffinage carburants actuel.
Alors, on peut raisonnablement douter que les prévisions de réduction de production pétrolière soit un réel moteur de réduction des GES. La logique de marché (la demande en carburants) et la logique financière devraient continuer à prévaloir.
Cela dit, il est probable que la seule manière possible de surmonter les effets du réchauffement climatique (et de maintenir le relatif équilibre Nord Sud actuel, donc nos modes de vie occidentaux ...) réside dans une ou plusieurs avancées technologiques majeures (dans les domaines de l'énergie, de la physique, de l'écologie, de la climatologie, entre autres) qui devraient intervenir avant 2050.
Pour créer les conditions de ces progrès technologiques, pour doper la recherche fondamentale et appliquée, il faut fabriquer de la croissance.
N'est-ce pas là la logique des Etats Unis (en tous cas de leur gouvernement), qui refusent Kyoto pour continuer à sauvegarder leur potentiel de croissance (sous couvert de sauvegarde de l'american way of life), mais qui parallèlement attirent les chercheurs du monde entier avec des rémunérations et des plans de carrière supérieurs ?
Difficile de se faire une opinion sur le meilleur chemin : la prise de conscience individuelle et collective (planétaire, soit 7 milliards d'individus) sur la réduction des GES, les énergies renouvelables et les stratégies d'adaptation au réchauffement, ou la course à la croissance (à l'argent) avec l'espoir que cette croissance financera les applications technologiques qui permettront à nos sociétés de surmonter l'épreuve ?
Il faudra probablement investir les deux voies simultanément.
-----
