Transformation de l'état des oléorésines naturelles

[invitee27344f6]

Bonjour à toutes / tous,
je viens vers vous car n'ayant pas de connaissance en chimie j'ai besoin d'aide concernant les oléorésines telles qu'on les utilise en peinture ( à l'huile).
J'achète depuis quelques années un 'médium' oléorésineux à un peintre / fabricant de vernis Américain James C Groves et j'aimerais savoir le procédé qu'il utilise pour transformer les oléorésines naturelles en 'Fir wax' médium qui permet d'utiliser la résine en peinture en éliminant le cotê poisseux / trop collant de cette dernière, le produit est décrit là ( c'est en anglais):
http://www.jamescgroves.com/firjelly.htm
Pour résumer apparemment il utilise une résine naturelle ( type baume du Canada ou térébenthine de Venise j'imagine car il reste assez secret sur ses ingrédients car c'est un commerce avant tout) auxquelles il adjoint de l'huile de lin / noix pré-polymérisée ( soit par cuisson, soit par exposition à l'air) de la térébenthine et qu'il fait chauffer : après refroidissement le tout se solidifie et prend la consistance d'une cire très odorante et qu'on adjoint aux peintures à l'huile.
Phénomène étrange: contrairement aux vernis oléorésineux classiques elle ne dilue pas la peinture mais aurait même tendance à l'épaissir fortement. Il suppose sans être catégorique ou sans affirmer péremptoirement qu' ila retrouvé le secret des frères Van Eyck, il pense que son produit ressemble au 'hard varnish' mentionné par Peter Paul Ruber à Turquet de Mayenne au 17eme siècle.
Qu'en pensez-vous et comment reproduire ce produit, quels sont les phénomènes chimiques qui transforment totalement cette oléorésine ? ( saponification?). Apparemment M. Groves n'utilses pas de sels metalliques lors de la phase de cuisson.
Merci d'avance de vos éclaicissements.
Philippe
-----

[ecolami]

Bonjour,
La page en anglais comporte un très long texte. Je n'ai lu qu'une petite partie ou il est indiqué que l'on mélange d'abord le pigment a un solvant pour obtenir une pâte et qu'ensuite on ajoute le fameux produit qui permet de fabriquer la peinture avec une consistance épaisse.
Donc ce produit est une sorte de vernis épais auquel on peut ajouter un pigment.
Les hypothèses que tu formule sur ce produit me paraissent bonnes. La difficulté étant, pour le fabriquer, de connaitre la recette pour les obtenir. Il faut contrôler le degré de polymérisation pour l'arrêter au bon moment, l'ajout de siccatifs est facultatif il permet juste d'accélerer le processus, ce qui n'est pas forcément souhaitable.
Une autre solution, plus simple, existe: employer un vernis huileux (quelconque) et l'épaissir avec de l'AEROSIL pour obtenir la consistance voulue. Cet additif permet d'obtenir des consistances thixotropes et c'est ainsi que sont obtenus tous les vernis ou colles thixotropes=gels qui ne coulent pas.
L'AEROSIL est une poudre incolore extremement fine de silice avec une densité trés faible: elle s'obtient lors de la combustion de silicone ou de silicium. Constituée d'écailles microscopiques elle ne change pas la couleur et les mélanges obtenus sont juste translucides.
Une autre poudre, plus facile à trouver, pourrait peut-être convenir: le TALC. Le talc est employé pour obtenir les graisses de moteur ou engrenages qui sont des mélanges d'huiles minérales et de talc.
Cela se remarque si on fait bruler ces graisses: il reste du talc.
Faire un test de combustion sur ton produit te permettrait de savoir s'il comporte une partie minérale incombustible qui serait responsable de sa consistance.

[invitee27344f6]

Merci ecolami de ton éclairage,
le truc c'est qu'il ne s'agit pas d'un médium à l'huile épaissie avec de la silice pyrogénée comme tu le suggères, M. Groves a une approche archéologique de tout cela et n'emploie pas de produits crées par la chimie moderne, il essaye ( et y parvient d'après moi) de reproduire ce qu'aurait pu faire un peintre / artisan du 16eme siècle avec les matériaux limités ( et donc locaux pour la plupart, donc des résines de mélèze ,sapin et autre arbres résineux). La 'Fir wax' de M. Groves n'est pas thixotrope elle aurait même tendance à epaissir les couleurs à l'huile ce qui est paradoxal.
Dans un mail il m'a répondu que c'était le baume / oléorésine qui provoquait cette transformation chimique qu'il qualifie de 'gelling / congealing property'.
Le produit dont tu parles est son médium 'Origin'( qui contient une proportion plus importante d'huile siccative), proche de la 'Fir wax' mais qui est destiné a être adjoint directement à des pigments pré-mouiléés à l'essence de thérebentine ou d'aspic.

[ecolami]

Bonjour,
J'ai bien compris la démarche mais j'ai répondu d'un point de vue pratique pour proposer une solution simple.
Etant donné les moyens disponibles au 16°siècle il ne te reste plus qu'a faire, comme eux, des recherches pour trouver LA RECETTE. L'emploi de moyens de mesure (thermomètre, régulation de température, minuterie) te permettant de 1° faire des recherches, 2° de reproduire les conditions une fois que tu les a trouvées.
Suivant l'odeur du produit tu peux, plus ou moins, savoir quelle matière première a été employée, sans être sûr que ce ne soit QUE cette matière.

[A voir en vidéo sur Futura]

[invitee27344f6]

@ecolami
Merci de ta nouvelle réponse,
en fait avant de me lancer dans de l'expérimentation j'aurais aimé savoir si un chimiste du forum pouvait me donner une explication sur ce phénomène( passage de l'état liquide à l'état solide / cireux) avant de faire des tests (les baumes oléorésineux coûtent chers donc si je peux éviter le gaspillage de temps et d'argent).

[ecolami]

@ecolami
Merci de ta nouvelle réponse,
en fait avant de me lancer dans de l'expérimentation j'aurais aimé savoir si un chimiste du forum pouvait me donner une explication sur ce phénomène( passage de l'état liquide à l'état solide / cireux) avant de faire des tests (les baumes oléorésineux coûtent chers donc si je peux éviter le gaspillage de temps et d'argent).

Bonsoir,
Je n'avais pas compris que c'était ce passage qui t'interessais. En plus de la polymerisation contrôlée la piste d'une saponification est interessante. Elle s'appliquerait sur des huiles siccatives, la formation d'un savon métallique incolore (Ca, Zn je propose ces métaux dont les sels sont connus depuis des siècles contrairement a l'aluminium) via le passage par un savon de sodium ou potassium mériterait d'être testé. D'autant plus que les savons d'acides gras polyinsaturés (siccatifs) peuvent toujours se polymériser.
Si tu ajoute une sorte de gel ou cire a du vernis et qu'ils fige c'est que les deux produits ne se mélangent pas bien: il n'y a plus assez de "solvant" pour maintenir en solution le tout. En phase huileuse ou grasse il n'y a pas aussi facilement de séparation franche.