Je voudrais réagir à ce qui a été dit dans le fil Astrologie. Notre médecine n'est pas la médecine européenne. La médecine européenne, c'est celle d'Hippocrate, de Galien, celle des humeurs. La médecine que nous avons est la médecine universelle. Parce qu'elle est liée fondamentalement à la science et surtout à l'anatomo-clinique. Elle est différente des autres car nous connaissons l'anatomie humaine. C'est la culture européenne qui est arrivée la première à découper ses cadavres; cela n'a aucune portée raciste ou ethocentriste, ceci est une conjonction de facteurs historiques assez contingents... elle est due à l'apparition de l'université, due elle même au christianisme, etc.
La médecine chinoise a son intérêt technique et symbolique car la relation médecin malade est essentielle à la médecine puisque médecin comme patient ne peuvent se séparer de leur subjectivité (rien que dans le fait que seul une personne s'estimant malade ira de son plein gré chez le médecin), dans ce sens là les médecins actuels sont toujours chamans sur les bords (notamment les psychiatres), ce qui les sépare complètement des vétérinaires par ailleurs (leurs patients ne leur parlent pas et ils se fondent quasi uniquement sur l'observation et la connaissance objective... sauf quand le maître de l'animal parle!).
Mais pour ce qui est de l'explication des maladies, etc., la nosologie et l'étiologie, "notre" médecine est fondamentalement différente. Les énergies, flux, etc. n'ont jamais été montrés autrement que par leurs effets supposés (démonstration en boucle...) alors que les corrélations anatomocliniques sont tangibles... Je ne crois pas que ce je vois... mais je suis bien obligé de croire ce que je ne peux m'empêcher de voir sous mon microscope! pourrait on dire...
La médecine chinoise justifie une théorie parce qu'une technique empirique censée se baser sur elle fonctionne, alors que la médecine "européenne" n'a utilisé l'antibiotique qu'après la découverte des microbes, par exemple. On retient Pasteur comme inventeur du premier vaccin parce qu'il a justifié théoriquement son principe de fonctionnement en même temps qu'il l'a appliqué (affaiblir l'agent pathogène sans affecter son activité antigénique), alors que le premier vaccin est plus vieux de presque un siècle (Jenner, 1796), mais n'était qu'un tatonnement empiriste.
Alors, quand on oppose médecine "occidentale" et médecine chinoise, je rigole, c'est comme si on opposait l'art de le renaissance et celui des cavernes : les deux se valent intellectuellement mais ne sont pas de la même époque!
Toute la distinction est la suivante : la médecine n'est pas une science, du moins pas dans le même sens que les maths, la physique et la biologie. A la rigueur on peut dire "la plus exacte des sciences humaines"
Les européens ont utilisé la science dans leur médecine, ce qui l'a rendue plus universelle que les médecines traditionnelles, au prix d'une probable déshumanisation...
C'est un choix culturel que de découper les cadavres après leur mort pour débusquer la lésion qui causait le symptôme, libre aux autres cultures de ne pas le faire, et à certains d'adhérer à cette vision de la médecine en consommant ce genre de médecines dites douces ou autres ou encore alternatives, chinoises ou non.
Mais entre le "document humain" bien visible sur la table et des mythes fondateurs et un cadre de vision du monde mystique hérité de ses ancêtres, je pense que le "document" est plus convaincant. Notre médecine traditionnel voyait trois vésicules à la place des poumons et du coeur, il n'y a pas de raison que les autres aient vu et voient plus juste.
En résumé, ce qui me donne plus confiance en la médecine que je suis censé apprendre à la fac qu'en celle des chamans (dont on étudie les traits principaux tant nos profs de sciences humaines se reconnaissent en eux) et médecins "chinois", ce n'est pas le fait que le médecins aient un bagage scientifique massif, mais qu'ils aient disséqués et appris par coeur l'anatomie du corps qu'ils sont censés soigner et surtout qu'ils aient passé 6 ans d'études au chevet du patient.
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