Bonjour,
Vu que tout progrès amène sont lot de catastrophe, ne serait-il pas opportun de créer une université du désastre ?
construire un avion supersonique gros porteur de 1000 places, c’est programmer des accidents faisant 1000 morts ; fabriquer des centrales nucléaires c’est accepter d’enterrer des déchets éminemment toxiques ; confier les cotations boursières à des automates instantanés, c’est prendre le risque d’une panique financière. La vitesse nous mène au cœur des nouvelles technologies, des dernières avancées des sciences, de la philosophie du « progrès ». Paul Virilio : « Après l’ère révolutionnaire, après le chant du progrès, nous entrons dans l’ère révélationnaire. La révélation que le monde est fini, menacé d’épuisement, devenu trop petit pour nos sciences, nos techniques, nos machines - le deus ex machina. Trop petit pour nous les hommes pressés, compressés, de plus en plus nombreux. Une révélation qui blesse notre arrogance.»« À l'accident ancien qui est local, nous sommes en phase de voir surgir l'accident intégral qui ne se déroule pas seulement dans l'espace réel mais dans le temps réel, celui de l'immédiateté. L'accident intégral déclenche en chaîne d'autres accidents, et fait système. C'est pour cela que je suggère l'ouverture d'un musée des Accidents et la création d'un Conservatoire des catastrophes, à côté du Palais de la découverte ou du Conservatoire des arts et métiers, non pas pour entretenir le sentiment de la peur, mais parce qu'ils sont le pendant l'un de l'autre. J'irais même plus loin, je suis persuadé qu'il est impératif d'ouvrir une Université des désastres. D'où vient la catastrophe? Elle procède du succès des technosciences. C'est l'accident de la réussite, pas celui de l'échec. Cette université devra mesurer et prévenir l'accident du succès technique. Cela ne me paraît pas fou, c'est même la base du bon sens ! »
Paul VirilioL'université du désastre...On connaît les stimulantes réflexions de Paul Virilio, l’un des philosophes français contemporains les plus traduits à l’étranger, inventeur de la dromologie (études sur la vitesse) et penseur de l’accident. Dans son nouveau livre, il annonce, sur la base de dizaines d’événements précis puisés dans les médias, le risque prochain de ce qu’il nomme l’« accident intégral ». C’est-à-dire une mégacatastrophe qui – en une dramaturgie intensifiée par la règle des trois unités de temps, de lieu et d’action – cumulerait : la bombe climatique, la bombe atomique, la bombe démographique et l’explosion de la bombe financière.
Il y aurait donc urgence. Car l’instant de cette convergence fatale de tous les risques, selon Virilio, se rapproche. Comment l’éviter ? Il sera difficile de miser sur la science ou sur l’information. Parce que, « au cours du XXe siècle, la militarisation de la science a rendu suspecte la connaissance, tout comme le développement de la presse à sensation avait rendu suspecte, au XIXe siècle, l’information publique ». L’idée de Virilio est d’encourager, au plus vite, la fondation d’une « université du désastre accompli » au sein de laquelle, par le biais de disciplines nouvelles, seraient analysées les grandes catastrophes (depuis le Titanic jusqu’aux attentats du 11-Septembre) afin de « dissuader l’avenir d’advenir ».
Cordialement
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