Il y a quelques années j’ai installé une pompe à chaleur. J’ai eu la désagréable surprise d’entendre un sifflement aigu dans une de mes installations audio lorsque le compresseur fonctionne.
J’ai essayé de nombreuses solutions, plus couteuses les unes que les autres, sans succès :
- création d’une prise de terre dédiée à la pompe à chaleur, au plus près de celle-ci ;
- alimentation de la pompe à chaleur par un câble 3G6 blindé ;
- installation d’un filtre CEM sur la pompe à chaleur.
L’installation audio concernée était le petit ampli qui est dans ma cave qui me sert d’atelier, il reçoit le signal audio à amplifier depuis la chaine hifi du salon via un câble audio d’une dizaine de mètres.
Une solution, que je n’avais pas essayée, aurait été de passer cette liaison audio en symétrique. Cette solution est onéreuse et dégrade le signal qu’il faut convertir deux fois.
Depuis, j’avais oublié ce problème.
Ces derniers jours, j’ai acheté un Raspberry PI et un « hat » Hifiberry DAC, pour réaliser un lecteur multimédia pour toute la maison. Grâce à la distribution Linux RuneAudio, il se connecte en WiFi à mon réseau local, permet de lire mes fichiers audio et des radios en streaming. RuneAudio se pilote via une interface web ; aussi, un smartphone connecté en WIFI sur mon réseau local devient alors une télécommande qui fonctionne partout dans la maison.
Il reste à relier la sortie audio du DAC connecté au Raspberry PI à mes installations audio. Il va falloir plusieurs mètres de câbles audio. J’en ai plusieurs en stock, de différentes sortes.
J’ai alors décidé de tester la qualité de ces câbles audio.
Comment faire ?
- trouver un générateur de parasites dont la masse est reliée à la terre et la sortie reliée à un long fil faisant office d’antenne ;
- placer les câbles audio à tester le long de ce fil d’antenne ;
- mesurer avec un oscilloscope le niveau de parasite dans chaque câble audio à tester.
Mon générateur de parasite est un générateur de signaux carrés que j’avais réalisé il y a 25 ans, avant d’avoir les moyens d’équiper mon labo d’électronique de matériel de mesure. La qualité n’est pas très bonne, et il dispose d’une sortie puissance pouvant délivrer de 0 à 10V et jusque 1A. Comme générateur de parasites, il est parfait. http://electroremy.free.fr/elec-mo-gr.html
Les photos suivantes montrent le dispositif de mesure – le générateur est réglé sur environ 10 kHz
Mesure1.jpg
J’ai alors découvert des différences de qualité énormes entre les câbles.
Regardez l’oscillogramme ci-dessous :
MesureResultat.JPG
La sensibilité de la voie 1 est de 100 mV/div, celle de la voie 2 est de 2 mV/div
Autrement dit, le câble connecté voie 1 à un niveau de parasites en tension 50 fois supérieur à celui du câble connecté voie 2. Ces deux câbles audio blindés font la même longueur.
Surprise : le meilleur câble est le plus fin !
J’ai fait d’autres mesures comparatives avec d’autres câbles… Il y a une différence très nette entre les câbles « mauvais » et les « bons ».
J’ai eu l’idée de remettre en route ma pompe à chaleur et de faire des mesures « acoustiques », en branchant les câbles à mesurer à l’entrée d’un amplificateur audio dont le volume est poussé au maximum. Ces mesures « acoustiques » confirment les mesures faites à l’oscilloscope.
C’est même pire que ce que j’avais imaginé : 30 cm de mauvais câble (à gauche) apportent bien plus de parasites que 10 mètres de bon câble (à droite) :
Cables.JPG
Le fameux câble audio qui délivrait le signal à l’amplificateur de mon atelier était mauvais. Je l’ai remplacé par un bon câble, plus aucun sifflement.
Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut couper et dénuder les câbles :
À gauche un mauvais câble, à droite un bon câble :
CablesCoupes.JPG
À gauche un mauvais câble, à droite un bon câble :
CablesDenudes.jpg
Voici l’explication : la qualité du blindage. Les bons câbles ont un blindage intégral qui couvre bien la circonférence de l’isolant de l’âme. Les mauvais câbles ont un blindage insuffisant.
Là où la situation se complique, c’est qu’il est impossible de distinguer à l’œil nu un bon câble d’un mauvais.
Pire : certains bons câbles sont très fins, et des câbles épais d’apparence professionnelle, payés assez chers sont mauvais.
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