Et le massacre continue... - Page 2
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Et le massacre continue...



  1. #31
    Tilleul

    Re : Et le massacre continue...


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    Le chasseur-ceuilleur dayak de Bornéo sera-t-il plus heureux de posséder un écran HD (à condition que l'électricité parvienne jusqu'à lui...) ? Sera-t-il plus heureux de manger des croissants au petit-déjeuner ?
    Il n'a même pas notion de ces "gadjets" de "civilisés" et s'en fiche. Il veut vivre de sa terre, de sa chasse, de sa pêche, de sa cueillette. Il veut pouvoir ramasser du bois pour faire du feu, il veut pouvoir boire l'eau de la rivière, il veut pouvoir se soigner avec les plantes de la forêt. Il n'en a rien à faire de notre mode de vie à l'occidentale qu'il ne connait même pas.
    T'auras beau aller dans un village au beau milieu de la forêt la plus reculée du monde, là ou il n'y a ni réseau d'eau potable, ni réseau électrique, ni offre de soins, je te garantis que tu trouveras quand même une télévision pour que tout le monde puisse regarder le foot et un commerçant qui te proposera du coca. On peut le regretter, mais pas le nier. (ceci dit les commentaires du match risque fort d'être couverts par le bruit du groupe électrogène et le coca servi chaud avec une date de péremption déjà dépassée...).

    J'ai déjà eu la chance de travailler sur un projet pour les Sans (Bushmen -culture on ne peut plus emblématique depuis le tournage du film "les dieux sont tombés sur la tête"), donc je peux t'assurer que le monde n'est pas blanc ou noir. Ce n'est pas parce que quelqu'un va mettre une ampoule électrique pour éviter de marcher sur les scorpions ou utiliser des perles en plastiques pour confectionner ses bijoux traditionnels, qu'il va renier sa culture.

    L'idée des tribus de chasseur cueilleur proche de la nature qui veulent vivre en autarcie sans avoir aucun échange avec les autres je trouve ça profondément infantilisant. Ca revient, de fait, à nier toute leur richesse en impliquant qu'elles ne sont pas capable d'évoluer en fonction du milieu où ils vivent et sont donc condamner soit à disparaitre soit à être conservé dans des zoos humains. Les amerindiens parlait de la théorie du "vanishing indian" pour dénoncer cette idée appliquée à leurs nations (cf: Et la terre pleurera, une histoire de l'amérique indienne, pour un développement plus poussé de cette idée) .

    La seule différence qui existe entre les gens sur cette planète c'est la façon qu'ils ont d'être comme nous...

    Le débat va basculer dans le socio-politique. Je pense qu'il est préférable d'en rester là.
    Il suffit d'éviter le coté politique est de garder le coté "socio", le sujet de ce forum c'est "Environnement, développement durable et écologie" et le développement durable c'est ce qui fait le lien entre environnement, économie et social...

    En illustration un article de Sylvie Brunel (que je devrais arrêter de citer à tout bout de champs mais comme il a le mérite de bien expliciter ce qu'est et ce que n'est pas le développement durable et qu'il se rapporte exactement à la situation que connait le débat sur les biocarburants...):

    Développement durable : le lobbying des ONG
    Sylvie Brunel
    Aujourd'hui, les populations du Sud paient un lourd tribut à une vision partiale et catastrophiste, qui sanctifie la nature au détriment des hommes. Les ONG d'environnement ont joué un rôle déterminant dans cette distorsion, imposant peu à peu leur position.

    Le développement durable est en théorie une synthèse parfaitement équilibrée entre trois domaines complémentaires. L'économie, d'abord : il faut produire de la richesse pour assurer aux hommes de meilleures conditions de vie. Le social, ensuite : il faut redistribuer ces richesses et agir de façon équitable pour permettre de lutter contre la pauvreté et de diminuer les inégalités, facteur de violence et d'instabilité politique. Enfin, l'environnement : il faut agir en respectant les écosystèmes de façon à ne pas compromettre l'avenir. S'ajoute à ces trois domaines une quatrième dimension, transversale, celle de la solidarité entre les générations.

    Le développement durable est donc en principe l'alliance des trois M (1) : il recense les manques et les misères de l'humanité (problèmes de la faim, de l'accès à l'eau potable, de la santé, de la grande pauvreté...) pour proposer des moyens à mettre en œuvre afin de les pallier. Il s'est imposé petit à petit dans les discours internationaux à partir des années 1990, pour devenir au fil du temps un concept de plus en plus glouton. Aujourd'hui, tout est décliné sur le mode durable, même l'entreprise, le tourisme ou l'agriculture.

    Environnement et nature idéalisée

    Mais le développement durable n'est pas seulement une mode : l'afficher comme objectif conditionne désormais les programmes internationaux de coopération, et donc la ventilation des financements attribués à tel ou tel secteur ou zone géographique, au détriment des autres.

    Et c'est là que le bât blesse car, dans les faits, le développement durable se résume de plus en plus au respect de l'environnement. Des trois volets initiaux, l'un a pris le pas sur les autres de façon de plus en plus affirmée, comme le montrent les sites Internet consacrés au développement durable : il n'y est question que de lutte contre la déforestation, de réchauffement climatique, de préservation de la biodiversité. Dans ce glissement, qui n'est pas seulement un glissement sémantique, mais qui se traduit aussi par un glissement des priorités et des financements, les ONG ont joué un rôle essentiel. Tout se passe comme si le devenir de la planète était devenu plus important que celui de l'humanité. Comme si l'homme était devenu une menace pour la nature, une nature idéalisée, à laquelle il ne faudrait surtout pas porter atteinte. Les catastrophes naturelles ne sont plus vues que comme la vengeance d'une nature agressée contre un homme irresponsable et proliférant. Une vengeance presque justifiée face à laquelle nous sommes exhortés à faire notre mea-culpa. A lire les documents diffusés par certaines ONG de l'environnement, les sociétés humaines sont devenues des parasites qui ont bien cherché la façon dont la nature détruit leurs habitats, les inonde, les assèche, les rend malades, les affame.
    [...]
    Après avoir protesté, les pays du Sud se sont lancés à leur tour dans une diplomatie « verte ». De peur de perdre leur souveraineté et pour avoir accès à ces crédits internationaux, beaucoup de pays du Sud acceptent aujourd'hui de subir ce que Georges Rossi appelle « l'ingérence écologique (4) » du Nord. Des territoires de plus en plus importants sont gelés, voire interdits, au nom de la biodiversité, au détriment des populations locales qui y vivent. Le conservationnisme s'impose désormais dans les pays du Sud : déplacements de 10 000 personnes et villages détruits au lance-flammes au Togo pour agrandir le parc de la Kéran, Masaïs chassés de leurs territoires de chasse au Kenya, sacralisation de la biodiversité à Madagascar ou en Indonésie... Le culte du gros mammifère (l'éléphant, mais aussi le gorille, le rhinocéros noir ou la girafe) aboutit à la création de réserves totales, entourées de barbelés (comme le parc Kruger en Afrique du Sud), autour desquelles s'entassent les paysans refoulés sur des terres dévastées par la déforestation. D'où un braconnage intensif, qui est pour certains une question de survie. « Ne pourriez-vous pas considérer nos enfants comme les lémuriens ? », disent les Malgaches (cités par G. Rossi).

    Disneylandisation des cultures ancestrales

    C'est le contraire qui se passe : les familles paysannes sont désormais vues comme un danger et une menace pour la faune sauvage. On assiste à un grand retour du malthusianisme au nom de l'environnement : lutter contre la pauvreté est justifié non pas pour des raisons morales, mais parce que les pauvres sont des prédateurs. Tout un discours s'est développé sur les dangers des sociétés rurales, avec leurs cultures sur brûlis, leurs défrichements inconsidérés, leurs troupeaux producteurs de méthane, leur déforestation sauvage pour produire du bois de chauffe. Pourtant, les travaux des géographes ont depuis longtemps rétabli la vérité sur la capacité des sociétés paysannes à gérer leurs écosystèmes (ainsi les travaux de Paul Pélissier sur les savanes-parcs en Afrique), montrant que nulle part, même en Amazonie, il n'existe de « nature sauvage » : même les paysages les plus naturels en apparence ont été depuis longtemps façonnés par l'homme (G. Rossi, Xavier de Planhol).

    Mais le discours accusant les populations pauvres est largement tenu par les gouvernements du Sud eux-mêmes, qui se gardent bien d'évoquer la responsabilité des accords qu'ils ont passés avec les sociétés forestières, les usines de pâtes à papier, ou les grandes opérations de colonisation foncière menées par leurs propres élites (par exemple pour étendre l'élevage bovin) dont M.-C. Smouts montre qu'elles sont les premières responsables de la déforestation. Ce discours permet de légitimer les politiques de répression, de déplacements forcés, d'exclusion des populations rurales, la question de l'accès au foncier devenant de plus en plus tendue en raison de la croissance démographique, de l'extension des villes, du cadastrage des terres, des heurts entre la persistance des droits coutumiers et l'appropriation privée ou étatique des terres, des visées des élites citadines sur la terre. Et en même temps, au nom du même exotisme qui conduit à sanctuariser les éléphants, on encense la sagesse ancestrale des minorités indigènes qui, elles, ne sont plus dangereuses puisque quasi disparues après l'élimination systématique dont elles ont été victimes au temps de la conquête : Indiens yanomamis, Aborigènes australiens, Masaïs kenyans... sont incités à exhiber des « traditions » figées, en réalité recréées et reconstituées pour les riches touristes blancs occidentaux, alors qu'eux aussi aspirent pour la plupart à la même modernité et au même confort que tous les autres peuples du monde. Le Dogon est incité à enlever ses Nike avant de revêtir son masque, le Yanomami ou le Kayapo à dissimuler la parabole qu'il a installée sur sa case, le Masaï à cacher son portable dans son étui pénien. « L'homme est toléré s'il se conforme au fantasme du bon sauvage », écrit G. Rossi. « Et les zones ?protégées? le sont des indigènes, pas des touristes, ni des riches chasseurs. » On assiste ainsi, sous l'emprise de la mondialisation anglo-saxonne et du développement du tourisme de masse, à une disneylandisation des cultures dites « ancestrales » comme de la nature dite « sauvage », réputées toutes deux sages et bienveillantes.
    [...]
    Pourtant, le conservationnisme est l'opposé du développement durable : pour évoluer, toute société doit s'adapter, tout écosystème est par nature changeant. Plus que de gardiens du temple, le monde aujourd'hui a avant tout besoin d'Etats de droit, de paysanneries soutenues et correctement rémunérées, et d'entreprises bien encadrées par de véritables normes. Il manque une gouvernance mondiale qui puisse garantir à chaque être humain, le droit à un revenu minimal, à une alimentation saine et suffisante, à être soigné et à recevoir une éducation qui lui donne les moyens de maîtriser son destin. C'est vers cet objectif que doivent tendre toutes les politiques publiques internationales, parce que le vrai développement durable suppose d'abord de garantir des conditions de vie décentes à l'humanité de demain.
    http://www.scienceshumaines.com/inde..._article=11619

    -----

  2. #32
    Yoghourt
    Animateur Habitat

    Re : Et le massacre continue...

    On peut sans problème se passer des convictions personnelles érigées en grande vérité.
    En particulier les "preuves" de non-fait...

    Pour la modération,
    Yoghourt
    éco-rénovation: l'aïkido du BTP

  3. #33
    Ryuujin

    Re : Et le massacre continue...

    Comment peut-on nous faire avaler qu'une plantation de palmiers à huile est biologique alors qu'il a fallu raser une forêt entière pour la créer, détruire une biodiversité impossible à estimer et mener à la famine les hommes qui vivent des ressources de la jungle ?
    Simple : une plantation est biologique si elle respecte les critères de labellisation.
    Faut pas chercher plus loin.

    tu peux faire du biologique en défrichant la forêt amazonienne, ou en fertilisant à l'aide de cadavres d'animaux en voie de disparition si ça te chante : ça reste "biologique".

    Personne n'a dit que l'agriculture bio est toujours et partout écologique, tu nous donne justement un exemple du contraire.

  4. #34
    invite87654345678
    Invité

    Re : Et le massacre continue...

    Nous n'avons décidément pas les mêmes valeurs...

    Je considère qu'une plantation répond aux critères du développement durable, lorsqu'elle est crée, et gérée dans le respect de l'environnement et des exploitants (qui en général ne sont pas des actionnaires qui veulent se constituer des coussins de stock-options).

    Une plantation de palmiers de 10 000 hectares, ne répond pas à la charte "bio" dans la mesure ou on utilise des pesticides pour "l'entretenir". On a vu ce que ça a donné dans les Antilles françaises pour les bananeraies.

    Pour l'instant, la seule palmeraie "bio" dont j'ai entendu parler se trouve en Colombie.

  5. #35
    Dindonneau

    Re : Et le massacre continue...

    Tu considères les choses comme ça mais le label bio, qui est précisémment défini, n'interdit pas d'avoir préalablement rasé une forêt. Un agriculteur peut donc obtenir son label bio sur ce qu'il cultive même après avoir rasé une forêt du moment qu'il respecte le cahier des charges bio qui ne prend pas en compte ces considérations de déforestation.

    Le label bio, tel qu'il est défini dans la loi, n'est donc pas toujours un gage de développement durable.
    Areuh!

  6. #36
    invite87654345678
    Invité

    Re : Et le massacre continue...

    Si les critères ne tiennent pas compte de l'environnement et de l'écologie, le label "bio" n'est qu'une vaste mascarade...

  7. #37
    Ryuujin

    Re : Et le massacre continue...

    Bah c'est un peu ce qu'on lui reproche : le bio n'impose pas d'obligation de résultats, mais de moyens.

    Pb : certains moyens qui donnent de bons résultats à un endroit peuvent ne pas suffire ailleurs.


    Une plantation de palmiers de 10 000 hectares, ne répond pas à la charte "bio" dans la mesure ou on utilise des pesticides pour "l'entretenir".
    Oui, et ? la bio n'interdit pas les pesticides. Il interdit les pesticides de synthèse.
    De la palme bio, ça peut se faire. Par contre, peut être qu'il faut défricher plus à production égale...

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