L'aquaculture nouvelle source de pollution en Méditerranée
AFP
Le développement considérable de l'aquaculture ces dix dernières années en Méditerranée, et principalement en Grèce, a transformé cette activité en une véritable source de pollution. L'aquaculture "utilise des produits chimiques, des engrais des antibiotiques qui sont nocifs alors que les contrôles sont très limités", explique Fouad Abousamra coordinateur d'un rapport du Plan d'action pour la Méditerranée (PAM) du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). "Nous considérons l'aquaculture comme une source de pollution importante", souligne-t-il. Les effets nocifs de l'aquaculture sur l'environnement proviennent de plusieurs facteurs: du gaspillage de nourriture non consommée par les poissons (de 10 à 30% selon la méthode de nourrissage), des produits du métabolisme des poissons, des traitements chimiques utilisés pour éviter l'accumulation de déchets sur les filets, et des produits chimiques pour traiter les maladies et parasites des poissons.
Elevage d'esturgeons en Grèce pour la caviar
© AFP/Archives Aris Messinis
Les effets des fermes marines sont multiples, soulignent les experts relevant l'enrichissement en nutriments de la zone qui provoque des changements dans les flux de poissons de mer, la dégradation du fond, une pollution chimique, une "pollution génétique" des populations sauvages, la dégradation des paysages côtiers, et l'invasion de zones naturelles par des espèces allochtones. Selon les experts de l'ONU, l'aquaculture intensive produit 110 kg d'azote par tonne de poissons produits, 12 kg de phosphore, et 450 kg de carbone. La capacité de production de l'aquaculture méditerranéenne qui représente près de 5% du chiffre mondial a été multipliée par dix en dix ans pour se situer à quelque 96.500 tonnes annuelles en 1998, selon le rapport. La Grèce, numéro un européen et méditerranéen de l'aquaculture, figure en première ligne des accusés. En 2000, la production grecque de poissons, mollusques et crustacés représentait 47,25% de la totalité de la production aquacole de la Méditerranée et une proportion analogue de la pollution en ce qui concerne, l'azote, le phosphore et le carbone. "L'aquaculture grecque s'est développée d'une manière remarquable mais sans aucune planification, ce qui a conduit à un problème d'environnement", a déclaré le responsable de WWF-Hellas, la section grecque du Fonds mondial pour la nature, Dimitris Karavelas. M. Karavelas a souligné la nécessité de "mettre de l'ordre" dans le secteur pour "gérer justement" l'élevage et la production dans les fermes aquacoles. Les aquaculteurs grecs ont produit en 2000 plus de 76.000 tonnes de poissons et de coquillages dans 757 fermes piscicoles. 75% de cette production était destinée à l'exportation, principalement en Italie, en Allemagne et en France, selon les associations professionnelles. Dans une étude récente sur l'aquaculture grecque, l'Institut d'études industrielles ICAP, qui fait autorité, le secteur risque toutefois de traverser une crise à cause notamment de la surproduction, du faible niveau des prix et du manque de promotion du produit à l'étranger.
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