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Eh bien, pourquoi ne pas considérer la liberté de l'atmosphère ?Envoyé par gillesh38
La liberté d'un cyclone, c'est son indifférence aux conditions externes, ses capacités d'auto-développement par capture de l'énergie thermique des océans. Le cyclone nait, se développe, s'étend et meurt.
Que doit-on penser des systèmes dissipatifs (chimie et biologie) qui prennent de l'énergie externe pour maintenir leur structure interne ?
Que fait un noyau d'atome lorsque ses composants s'arrangent de manière à avoir le maximum de stabilité ?
Une position animiste : toute chose tend à se conserver, se maintient par des forces de cohésion internes et de gestion des pressions externes.
Au moins 2 philosophes, Spinoza et Nietzsche, ont identifié la liberté à une relation de puissance et de causalité interne. Ils ont ainsi construit une philosophie qui est cohérente du niveau des relations physiques jusqu'au niveau des relations sociales.
Dans leur système de pensée, la liberté individiduelle, politique, voire le très humaniste "tous les hommes naissent libre...", n'est pas artificielle. Pas de rupture entre l'éthique et le physique ("l'ontologique" dirait-on en philo), entre ce qu'on fait et ce qui est.
Il est de la nature du travail scientifique de nier la liberté.Envoyé par gillesh38
La recherche des causes, des déterminations, revient à étudier un enchainement infini de causes et à ne jamais pouvoir attribuer d'autonomie absolue à quoi que ce soit. Cela me semble aussi lié à un système de pensée analytique où les choses sont décomposées pour être comprises.
A l'opposé, il y a des positions philosophiques qui posent la liberté comme une expérience réelle, vécue aussi bêtement que "Ouf, enfin libre !", et qui construisent une vision du monde autour de cette expérience.
C'est toute la différence entre la philosophie et les sciences (du moins dans la lignée philosophique où je me place) : le fondement philosophique n'est pas axiomatique au sens d'une valeur abstraite mais vital au sens d'une intuition réelle d'accord interne et externe.
Le postulat de base est "j'expérimente un mode de vie" et pas "partons du principe que...".
A partir de cet empirisme du vécu et de la raison (la vie humaine est aussi une vie de la pensée), de ce mode de vie, on construit une communication, une théorie l'exprimant de manière à le partager.
Dans un style à la Deleuze, je dirais : les sciences ont une logique formelle mais sont inconsistantes (cf le problème de la consistance axiomatique), la philosophie est consistante (collée au réel tel qu'on le vit) mais sa logique est informelle, conceptuelle mais pas axiomatique.
Je suis personnellement dans une position philosophique où l'idée même d'illusion n'a pas de sens. Ce qui est vécu est vécu, cela n'a rien d'illusoire.Envoyé par [PSO]Fabrice.g
Dans cette position, quand on dit "je sais pourquoi je fais ça", ça veut dire : "je sais en partie en quoi je suis déterminé par l'extérieur et l'intérieur, et je sais complètement pourquoi j'accepte ces déterminations". Il ne s'agit plus de dire "je ne sais pas mais j'accepte" mais "je sais et j'accepte".
Cela rejoindrait donc gillesh38 qui dit "ça ne me gène pas plus que ça de penser que je vis en accord avec des déterminations qui m'échappent" sauf qu'on préfère connaître en toute conscience le maximum de déterminations pour pouvoir dire, qu'on les assume pleinement.
Le déterminisme mécaniste, analytique, de la cause conditionnant l'effet, se double d'une liberté rétro-active, d'un effet revenant sur ses causes. On peut très bien lier ça à tous les phénomènes de maintien d'équilibre, aux phénomènes qui se conservent par des mécanismes d'auto-controle.
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