Bonjour tout le monde,
J’aimerais lancer ou relancer le débat sur le régularisme et le nécessitarisme. Je ne suis pas sûr des traductions françaises en fait. On trouvera des définitions anglaises ici par exemple.
On peut préciser que les régularistes "classiques" nient l’existence de lois primaires fondamentales.Regularist: Physical laws derive their truth from the actual (i.e., instanced) connections (between states and between events) in the world. Physical laws, therefore, express only what does occur.
J’aime beaucoup la thèse régulariste. Elle tranche clairement sur le statut des mathématiques, celles-ci n’ayant alors pas d’existence propre en dehors de notre esprit. Elle évite aussi le problème de l’origine des lois.Necessitarian: Physical laws (and antecedent conditions) determine which connections can and cannot occur; physical laws, that is, express what must occur in particular circumstances.
Mais je ne trouve pas d’argument convaincant pour la défendre. Qu’est-ce que j’ai manqué ?
Autant les lois physiques que nous pouvons construire, entant qu’observateurs, sont potentiellement toutes des lois « régularistes », et il est impossible de prouver le contraire ; autant j’ai du mal à admettre qu’il n’existe pas de lois fondamentales, de forme mathématique plus ou moins complexe, qui guident les phénomènes physiques.
Même s’il y avait de l’indéterminisme, on pourrait toujours décomposer le phénomène en une composante aléatoire et une composante déterministe, éventuellement peu significative, qui constituerait alors une loi fondamentale. Sauf si c’était le chaos total, mais l’évidence montre le contraire.
De ce que j’ai compris de mes lectures humiennes, l’information est déjà contenue dans la disposition de la matière, et n'est donc réductible qu’a posteriori (comme un programme informatique qui compresse un fichier), mais alors comment envisager l’évolution de la matière sans lois ?
Dans le lien que j’ai donné, Ruse explique un des arguments de Swartz : s'il y avait des causalités nécessaires A => B, il faudrait que l’univers soit en mesure de faire exister B tout le temps, au cas où A arrivait. C’est peut-être un bon argument contre le nécessitarisme, mais ça ne défend pas directement le régularisme.
Swartz n’est pas le seul à défendre cette position ou à ne pas croire en l’existence de lois physiques primaires. Je cherche aussi du côté de Lewis, Dorato, Fraassen, Giere ou Cartwright.
Pour finir, est-ce qu’on ne peut pas tracer une limite des formes que peuvent prendre des lois fondamentales ; formes qui auraient donc de fait une existence propre en dehors de l’esprit ? Une vision naïve de plusieurs niveaux de formes de lois déterministes :
- niveau 1: A => B où A et B sont des variables booléennes
- niveau 2: A <=> B
- niveau 3: X = Y où X et Y sont des variables réelles
- niveau 4: X = k*Y
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