Suite à des lectures assez diverses, j'en suis venu à m'intéresser à un domaine de la bio-ingénierie encore hypothétique mais prometteur : l'humanisation des animaux domestiques existants. Une telle procédure pourrait permettre notamment de créer des races de chiens d'aveugle encore plus efficaces et autonomes, ou de doter nos compagnons à quatre pattes d'une intelligence et d'une capacité de communication sortant largement de l'ordinaire.
Mais qu'elles seraient selon vous les répercutions et question éthiques soulevées par une telle pratique ?
Du point de vue de la faisabilité, de telles modifications me semblent plus susceptibles d'être réalisées à moyen terme que la transformation inverse pour plusieurs raisons :
- Un faible nombre de gènes dont le FOXP2 semble responsable d'une part importante du développement du langage, tant au niveau des aires cérébrales que du larynx.
- Un unique gène nommé Lhx2 semble contrôler le développement embryonnaire de la majeure partie du cortex cérébral. La variante humaine de ce gène conduit à des circonvolutions de surface plus nombreuses et complexes que chez les autres animaux, or il existe une corrélation entre volume du cortex et complexité du comportement conscient.
- Plusieurs laboratoires dans le monde ont déjà créé des souris hybrides dont le cerveau comporte des neurones de type humain, provocant certaines controverses.
- La furrysation d'un humain requiert au minimum une thérapie génétique pour induire une hypertrichose homogène, la culture des cellules souches extraites des tissus épithéliaux du patient, la mise en croissance coordonnée sur des supports tridimensionnels imprégnés de facteurs de différentiation, plusieurs opérations dont l'objectif (et la complexité) s'apparente à une greffe de visage, sans compter une longue période de rééducation. Alors que l'humanisation d'un animal ne devrait nécessiter au départ qu'une thérapie génétique effectuée sur les primogéniteurs et impliquant les variantes humaines des gènes susnommés, les autres caractéristiques étant obtenus par sélection croisée classique.
À partir du moment où un tel animal humanisé dispose d'un potentiel d'intelligence semblable à celui d'un humain et d'un accès à un langage articulé même rudimentaire, des problèmes éthiques vont se poser plus ou moins rapidement. L'exemple fictif ci-dessus illustre une des situations problématiques possibles, certes assez extrême mais envisageable pour un méta-animal très humanisé :
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Un tel dénouement n'est possible que si les méta-animaux ne disposent pas de droits équivalents à ceux des humains. Dans le monde réel, pensez-vous qu'un couple pourrait envisager de stériliser de force leur fille adoptive parce qu'il l'aurait surprise à s'amouracher de leur fils biologique ?
(À noter que cette peur de la mixité inter-spécifique, irrationnelle puisqu'une chienne même humanisée ne peut être fécondée par un humain, rappelle quelque peu certaines mentalités de l'Amérique ségrégationniste de l'avant-guerre)
Je sais qu'il s'agit là d'une discussion dont la teneur est assez spéculative, mais j'espère que les éléments techniques donnés dans ce message permettront de lui conserver son caractère scientifique.
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