Bonjour
On en avait parlé dans une autre discussion sur les dépressions et la pluie. On peut peut être essayer de préciser un peu la façon dont on décrit la formation et l'évolution des perturbations des latitudes moyennes.
Jusqu'à récemment (en tout cas à mon échelle ), c'est la description norvégienne (celle de Bjerkness) qui faisait la loi.
Dans cette théorie très descritive et très imagée: il y a un conflit permanent entre les masses d'air chaudes des latitudes basses (tropicales) et les masses d'air froid des latitudes plus élevées . Bjerkness développe sa théorie au lendemain de la guerre de 14 -18 et la représentation qu'il a de la météo s'en ressent très fortement , au moins dans la terminologie.
Entre air froid et airt chaud , il y a donc des fronts. (maintenant, on parle davantage de zone baroclines, cad de zones de variations rapides de la température sur une même surface isobarre: très précisément on oppose barotrope et barocline : dans le premier cas les isothermes et les isobarres sont parallèles, ils se croisent dans le deuxième cas. Prenez donc la surface 1000 hPa, vers les 45° N , la température varie assez rapidement avec la latitude et donc sur une même surface , c'est une zone barocline ou celle du front polaire suivant Bjerkness
Toujours suivant Bjerkness, un front peut être inactif , il est dit stationnaire, (on emploie encore ces termes par exemple dans le bulletin de meteo marine)
Mais il y aura forcément une escarmouche à un moment ou à un autre.
Ces escarmouches naissent plus facilement lorsque les mouvements des masses d'air sont opposés. Par exemple, en hiver, il y a un anticyclone (froid) sur l'Amerique du Nord ce qui entraîne un vent de NNO sur l'Atlantique au large des US, et d'autre part, l'Anti des Acores (air chaud) tend à créer un vent de SSO. Les conditions sont idéales , si quelqu'un tousse, ça pète de partout.
Le front se déforme parce que de l'air chaud essaie une incursion dans le domaine de l'air froid. Ce faisant il a tendance à être soulevé par l'air froid qui est plus dense. L'air froid entre à son tour dans les tranchées de l'air chaud , un peu à côté de l'incursion chaude mais en dessous de l'air chaud puisqu'il est plus dense. En gros, air chaud et air froid se font la course en tournant. Le soulèvement de l'air chaud cause un mouvement dépressionnaire qui crée la rotation des masses d'air qui s'enroulent en spirale autour de la dépression (suivant la loi du tire bouchon dans l'HN: c'est la faute à Coriolis)
Ensuite la perturbation (avec la dépression en son sommet) se déplace dans le flux général qui va d'ouest en est . L'air froid coure après l'air chaud , le mouvement de rotation s'amplifie et la dépression se creuse.
A l'avant de l'air chaud on a un front chaud, à l'arrière, c'est l'air froid et entre les deux, bien sûr le front froid.
La pluie est provoquée par le soulèvement de l'air chaud
Au bout de qq temps (typiquement qq jours) l'air froid rattrappe l'air chaud (il va plus vite) et la dépression se comble , d'abord en surface pour donner une occlusion puis en altitude et le front redevient zonal
Bon, ça, c'est la description de Michel Simon pour ceux à qui ça dit qq chose (). Maintenant, on voit les choses différemment (comme le disait Damien, ce sont les dépressions qui sont à l'origine des perturb et non l'inverse) et c'est la différence des approches qu'il serait intéressant de discuter.
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