Pour donner envie à ceux qui se renseignent avant de sauter le pas...
Petit KROA du redébutant avec son nouvel instrument Dobson 250: La loi de Murphy dit que tout nouveau matériel astronomique juste arrivé déclenche une mauvaise météo pour >1 mois, pourtant ce soir là entre quelques passages nuageux et lampadaires, la lune est cachée, entre les nuages épars jupiter crache son feu, la voie lactée et la petite casserole sont visibles. Un joli ciel comme je ne l'avais pas vu souvent dans mon coin périurbain, Murphy s'est planté!
Le petit est couché, vite vite, avec ma compagne on sort la bête des cartons et on assemble l'engin façon ikea express. C'est un serrurier, il faut quand même faire une collimation rapide et maladroite (digne d'un borgne au pays des astigmates), le chercheur n'est même pas installé, l'engin pas refroidi... Tant pis, on pose le "pluviomètre" (sic ma compagne) dans le coin le plus sombre du jardin et pointe a bisto de naz jupiter qui descend vers les arbres.
Première vision, les satellites sont alignés comme à la parade et les bandes gazeuses dans la galette jovienne se laissent entrevoir. Quelques instants d'émotion (ça faisait bien 25 ans que je n'avais vu de mes yeux la belle) je passe l'oculaire à ma tendre et chère. Bon l'image est floutée et bouillonnante de turbulence, minuscule (pas encore équipé d'oculaires courte focale) encore loin de mes souvenirs à la juju 60 plastoc et oculaires en verre bouteilles de kro recyclées de mon enfance. Il y a de la marge de progression pour affiner, mais un grand moment quand même.
Jupiter descend sous les arbres. On pointe au hasard dans la voie lactée, un peu de ballade désinvolte à pousser l'engin et admirer le foisonnement des étoiles. Tient, une jolie pastille floue qui laisse découvrir en vision décalée une structure pointilliste. Magnifique ! Un amas ? C'était probablement juste un MNI (Messier non-identifié), une rencontre poétique avant que les nuages ne viennent interrompre la session.
Le lendemain en journée, je ressort le scope pour me familiariser un peu plus avec l'engin et jeter un oeil sur la lune. Le gamin en me voyant retirer le cache du miroir me dit "poubelle!". Bon, ce cache ressemble certes à un couvercle de poubelle, mais vous parlez d'un astronome en herbe... Je me vois bien aller récupérer une couche sale collée sur le miroir primaire! En pleine journée la lune offre un beau spectacle avec des contrastes très doux, ma compagne est plus impressionnée que la veille.
Le soir, a nouveau Murphy est dans les choux, le ciel est sympa. Engin a température et un peu mieux collimaté, j'ai aussi un peu regardé mes cartes. Un moment sur Vega pour régler le chercheur point rouge: c'est très instinctif d'emploi cet engin, rien à voir avec l'infâme chercheur traviole de la 60.
Mais au fait dans Lyra il y a une nébuleuse, M57... Un peu d'appréhension sur la difficulté à pointer le bon champ, mais il a suffit de pousser le point rouge entre les deux étoiles extrêmes de Lyra et paf, le choc à l'oculaire: un bel anneau gris saute à la mirette. Superbe! On passe de l'oculaire 26 au 16, ça grossit mais surtout ça assombri le ciel, le contraste est meilleur. Avec l'acclimatation de la vision nocturne on a détaillé facilement sa structure oblongue et une certaine irrégularité périphérique. Étonnante vision pendant l'admiration de la nébuleuse, un satellite a traversé le champ à toute vitesse. Il y a du monde là haut! j'aurais bien grossit un peu plus, il faudra que je m'équipe d'oculaires plus courts.
On continue en tirant vers albiréo, on devrait tomber sur M56. Là, une nouvelle pastille floue. Moins esthétique et les étoiles de l'amas ne sont pas résolue mais je suis quand même ravi de l'avoir trouvé facilement. On passe bientôt au cluster visible à l'oeil nu entre Persée et Cassiopée. Pointage rapide au point rouge et hop, on détaille le superbe double foisonnement. Lost in contemplation.
En espérant que ce petit compte rendu donne envie à d'autres débutants de sauter le pas, voyager un peu là haut, c'est beau.
Bon ciel à tous!
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