Je parlais l'autre jour avec un chimiste du ruban de Möbius, et de la façon d'en fabriquer un modèle à partir d'un rectangle de papier.
Il m'a fait remarquer qu'il y avait donc deux rubans de Möbius, selon qu'on faisait subir un demi-tour à gauche ou à droite à la bande de papier (les chimistes aiment bien les questions de chiralité comme ils disent). Or je sais bien qu'il n'y en a qu'un. Et d'ailleurs dans la formalisation de cette construction, on part du carré [0,1]x[0,1] qu'on triangule et dont on identifie deux côtés opposés en respectant les orientations, et il n'est pas question de droite ou de gauche.
Je lui ai répondu qu'il s'agissait de deux plongements du même objet topologique. Cette réponse a eu le mérite de lui clouer le bec, mais en fait elle est erronée. D'abord, des plongements il y en a beaucoup: il suffit de déplacer un peu le ruban et on a un autre plongement. Ensuite je me suis rendu compte qu'on pouvait aussi faire subir au ruban un tour et demi, deux tours et demi, moins un tour et demi, etc. Bref il y a selon cette conception autant de rubans de Möbius que de nombres dans Z (enfin je me comprends).
Ma question est: quel est la structure qui permet de distinguer tous ces rubans, mais qui ne fasse pas de distinction entre deux rubans dont l'un est une petite déformation de l'autre (comme si on déformait la bande de papier)?
Je vois bien que l'homotopie ne convient pas puisqu'elle est moins discriminante que l'homéomorphie (ça se dit?). Est-ce qu'il suffit de quotienter par les déformations sans auto-intersection?
-----