Le sentiment d'être observé - expériences et critiques
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Le sentiment d'être observé - expériences et critiques



  1. #1
    invite1c1608a9

    Le sentiment d'être observé - expériences et critiques


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    En guise de réponse à gillesh38 dans un précédent topic, j'aimerais présenter une expérience remis dernièrement au goût du jour par le biologiste Rupert Sheldrake. Il s'agit de mettre en évidence ce que le sens commun désigne par le nom de "sentiment d'être observé" ("dare-viewing" dans la littérature). Ce phénomène n'est pas paranormal ni parapsychologique, mais une des interprétations possibles des résultats peut se faire en ces termes, ce qui suscite la controverse. C'est une impression qu'énormément de gens disent avoir ressenti au moins une fois, et que beaucoup d'écrivains et de philosophes relatent, mais dont le mécanisme n'a été que partiellement expliqué scientifiquement. Pour Sheldrake, il s'agit de se baser sur cette "impression commune", mais de s'en écarter en construisant des conditions artificielles d'observation. Il commence par une revue de la littérature qui n'est pas grandiloquente car peu de scientifiques se sont penchés sur la question. Sheldrake explique cela par le fait que le "dare-viewing" va à contre-courant de la théorie de la vision couramment admise (dite "de l'intromission"). Avant Kepler, il y avait une forte croyance en la théorie "de l'extramission de la vision" (les yeux émettent quelque chose qui permet de voir) ou en une théorie mixte.

    Vous pouvez retrouver le protocole complet et ses résulats dans les deux ouvrages de Rupert Sheldrake Seven Experiments That Could Change the World, et plus récemment de The Sense of Being Stared At (traduits en français).
    Un numéro spécial de la revue à referee "Journal of Consciousness Studies" est consacré à l'étude de Sheldrake (Un article de Sheldrake pour dix articles de critiques et détracteurs) : Volume 12, n°6, 2005 http://www.imprint.co.uk/jcs_12_6.html
    qui est bien meilleur pour le débat purement scientifique.
    Vous pouvez également recevoir d'autres infos, ou participer à des tests en ligne à ce sujet via le site www.sheldrake.org
    Enfin, un étudiant en physique (français) a reproduit l'expérience, et décrit et résume tout cela assez bien dans son travail universitaire : http://www.metapsychique.org/Sentime...serve,145.html

    L'expérience est simple, ne demande quasiment pas de moyen, mais du temps et des participants. L'expérience peut se complexifier mais devenir un peu plus cher : il s'agira par exemple de monter un circuit de vidéo-surveillance (pour tester une des conditions de l'expérience où le sujet qui regarde est à "un circuit vidéo de distance" du sujet qui est regardé) ; ou encore de placer un miroir ou plusieurs miroirs pour tester l'importance de l'angle de vision du sujet-observant et de la direction du regard senti par le sujet observé. Vous aurez toutes les informations quant aux protocoles, aux résultats, à leurs reproductions par d'autres laboratoires, aux critiques des protocoles et aux réponses des expérimentateurs dans ces publications. Il ne reste plus qu'à "l'observer".

    Comme je n'ai pas eu l'occasion de répondre à gillesh38, je le ferais ici : merci d'avoir préciser votre locution, j'ai bien fait de vérifier parce que je n'avais pas vraiment compris.
    Par rapport à votre argument réitéré de la nécessité d'observer un phénomène simple pour consacrer un champ de connaissance, je dirais que c'est une nécessité auprès du grand public. Les scientifiques eux se basent sur des "conditions artificielles d'observation" qui ne sont pas celles de la vie de tous les jours (exemple : un télescope ; un protocole). Tout cela est extrêmement bien discuter par Bernard D'Espagnat (A la recherche du Réel) qui parle de thèses du "réalisme proche" et de thèses du "réalisme lointain", et qui dit que le cas de la physique quantique montre bien que le critère du "réalisme proche" (auquel on pourrait assimiler votre argument) n'a pas de valeur pour toutes les sciences (et donc pas de valeur discriminatoire).

    Sur ce, messieurs, fermez.

    -----

  2. #2
    invite0bc10d8a

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Un grand merci à Rahoule et aux autres contributeurs du très intéressant sujet
    "Sciences et parasciences : finalement, comment les distinguer ?"
    http://forums.futura-sciences.com/thread61944.html
    qui a malheureusement été fermé pour une raison inconnue.

    Iguane

  3. #3
    invite1a7674b2

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Ne pouvant plus réagir sur le sujet sciences-parasciences, je m'associe à Iguane pour remercier Rahoule et les contributeurs pour cet intéressant débat epistémologique. Il est rare de voir un si haut niveau de discussion sur ce genre de sujet. En particulier, il est peu courant que soit présenté des références sérieuses en matière de parapsychologie. Je mettrai, cependant, un bémol à ma réaction enthousiaste en signalant qu'il est dommage que les débatteurs aient axé leurs références sur la physique. Pour que le débat fut complet, touchant à l'épistémologie, il aurait dû prendre en compte la variété des champs de recherche de la science dont l'archéologie, l'histoire, la médecine, etc.
    Par exemple, gilleH38 dit :

    [...] QUELLES expériences ont été faites et QUELLE théorie ils en tirent. On voit vite à quel point ces spéculations deviennent "vides" quand on cherche à les préciser.

    L'archéologie expérimentale est très récente et encore peu utilisée par rapport à ce que ce type de travail peut apporter à l'archéologie, en particulier pour tester des hypothèses. Qui, jusqu'à aujourd'hui, a demandé aux archéologues de systématiser son emploi ? Personne et pourtant, il ne viendrait à l'idée de personne de remettre en cause son statut de science comme j'ai pu l'observer lors d'une intervention durant les Etats Généraux de la recherche. Par ailleurs, aucune théorie n'a été accepté à l'unanimité en archéologie jusqu'à présent, ce qui génére des définitions différentes selon les chercheurs. Ne serait-ce que pour ces deux raisons et par rapport à la demande de gillesH38, on est en droit de se demander si l'archéologie est bien une science et si ce n'était pas l'avis des contributeurs, pourquoi l'archéologie est-il cautionnné par le CNRS en tant que science ?
    http://web-rh.dsi.cnrs.fr/metierprd/...e?i_num_bap=10
    Personnellement, l'archéologie est une science en construction, ne pourrait-il en être de même de la parapsychologie ? Si j'en juge par les interventions de Rahoule et les références auxquelles il renvoit (en bon scientifique, je suis allé vérifier des fois qu'il s'agirait de références foireuses comme on trouve aussi dès qu'il s'agit de psi), la réponse est oui.

    Dommage que le débat ait été clos, surtout sans motif.
    Ce n'est pas très scientifique

  4. #4
    invite32360cc3

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour,

    Je me joins à Iguane et à jogd pour regretter la fermeture du fil précédent, et remercier aussi Rahoule pour son soucis d'associer systématiquement les références se rapportant à son discours.

    Rahoule a écrit :
    Il s'agit de mettre en évidence ce que le sens commun désigne par le nom de "sentiment d'être observé" ("dare-viewing" dans la littérature).
    La dénomination la plus souvent rencontrée dans la littérature anglo-saxonne est "remote staring", plutôt que "dare viewing".

    L'expérience peut se complexifier mais devenir un peu plus chère : il s'agira par exemple de monter un circuit de vidéo-surveillance (pour tester une des conditions de l'expérience où le sujet qui regarde est à "un circuit vidéo de distance" du sujet qui est regardé) [...]
    Concernant les protocoles lourds, il y a ceux tentant d'éliminer les biais sensitifs (lien physique entre le starer et le staree) comme indiqué par Rahoule, et aussi ceux qui tentent en plus d'éliminer le paramètre "conscience" du staree. Je ne suis pas très clair, et je m'explique :
    Dans le protocole basique (voir Sheldrake), à chaque essai, on demande au staree de dire s'il pense être observé ou pas, et on itère le processus une vingtaine de fois pour chaque session. Le staree est censé répondre suivant son "sentiment", ou, selon l'hypothèse nulle, au hasard. Or, notre cerveau est un très mauvais générateur aléatoire (voir p. ex Gauvrit & Berardi, 2002), et certaines critiques ont été formulées envers Sheldrake notamment à cause du biais d'alternance (Colwell & Marks, 2000).
    Ainsi, des protocoles ont été montés pour voir s'il pouvait exister une corrélation entre l'activité électrodermale du staree et le fait qu'il soit observé ou non par une personne via une caméra (voir notamment Schlitz & Wiseman, 1997, 1999, 2002) ; cette grandeur n'étant normalement pas dépendante de la volonté du sujet.
    Des méta-analyses ont d'ailleurs été publiées dans le British J. of Psychology (Schmidt et al., 2004) sur ce type de protocole. Je ne l'ai pas lu, mais dans l'abstract, il est dit que "there are hints of an effect" mais qu'il faudrait qu'il y ait plus de labos à se pencher sur le problème pour avoir plus de réplications indépendantes et pouvoir en arriver à une conclusion définitive.

    RockyRacoon.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    invitef87b7d1f

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Citation Envoyé par RockyRacoon
    Bonjour,

    Je me joins à Iguane et à jogd pour regretter la fermeture du fil précédent, et remercier aussi Rahoule pour son soucis d'associer systématiquement les références se rapportant à son discours.

    RockyRacoon.
    Salut,
    Je me joins aussi à ces regrèts, peut-être Yoyo, le responsable des forums pourrait-il nous informer à ce sujet ?
    Je n'étais pas intervenu sur le fil en question mais il m'interressait aussi grandement.
    @+

  7. #6
    invite7d372e7e

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    salut,

    Citation Envoyé par Démostène
    Salut,
    Je me joins aussi à ces regrèts, peut-être Yoyo, le responsable des forums pourrait-il nous informer à ce sujet ?
    Je n'étais pas intervenu sur le fil en question mais il m'interressait aussi grandement.
    @+
    pareil que Demostène,
    j'étais intéressé par l'essai de Rahoule de rationaliser une discipline qui à priori n'a rien de scientifique.
    si l'on considére (comme beaucoup ici je l'espère) que c'est la curiosité qui motive l'intérer aux sciences, ce fil n'était pas hors sujet.

    cordialement.

  8. #7
    invite8915d466

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Personnellement je n'aurai pas demandé la fermeture du fil précédent, je me suis déjà exprimé en étant d'avis que le forum pourrait laisser une place bien délimitée pour la discussion des "cas limites" et autres "théories héterodoxes". Mais il y a aussi des arguments contre la dérive du forum en foire au n'importe quoi, je respecte les modérateurs qui n'ont pas un boulot facile.

    L'expérience de Rahoule est intéressante parce qu'on parle enfin de concret, et non de considérations générales sur l'épistémologie, la définition précise de ce qu'on appelle une preuve, une science, la falsifiabilité etc...qui s'enferre en général dans des débats sans fin et finalement stériles.

    J'ai lu des explications "rationnelles" au remote staring : basiquement, nous sommes des primates qui avons été sélectionnés pour survivre dans un milieu hostile. Nous n'avons pas beaucoup évolués depuis le paléolithique, et nous en avons gardé des comportements inconscients. Par exemple, de jeter constamment des petits coups d'oeil de part et d'autre pour vérifier qu'il n'y a pas de danger autour de nous. Si quelqu'un nous regarde à ce moment là, nous nous mettons immédiatement en vigilance et nous serons frappés par ce regard (chez les primates, le regard fixe est un signe d'aggressivité, ce qui explique que cela mette mal à l'aise d''être ostensiblement regardé).

    Faites l'expérience dans un bus : regardez quelqu'un, vous le verrez jeter plusieurs coups d'oeil de part et d'autres avant de rencontrer fatalement votre regard. Il peut alors avoir l'impression d'avoir été alerté par son "sixième sens".

    Si il y avait un vrai "sixième sens", il faudrait observer une déviation systématique par rapport au hasard. Le problème est : comment s'assurer de cette déviation?

    Il faut savoir qu'il est bien connu en psychologie, comme le rappelle RockyRacoon, que l'esprit humain est un TRES MAUVAIS GENERATEUR, MAIS AUSSI ESTIMATEUR DE HASARD. Si on nous demande de dire des nombres ou de porter des points sur une feuille "au hasard", nous tendrons à faire des distributions trop régulières, en voulant les "uniformiser" plus que ce que produit un phénomène aléatoire. De même nous aurons tendance à estimer comme aléatoire des distributions trop régulières, et à sous-estimer la probabilité d'occurence de phénomènes improbables : d'où l'impression que "quelque chose d'anormal" se passe.

    C'est parfaitement mesurable et reconnu. Il faut en tirer la conséquence logique : la conscience "intuitive" que quelque chose d'anormal se passe n'est absolument pas fiable, elle doit être vérifiée par des tests objectifs

    Or de ce que je sais, rien d'objectif n'a jamais pu etre établi de manière claire ! RockyRacoon parle de "hints" = "indications" en anglais, ce qui veut dire qu'on est a quelques barres d'erreurs. C'est toujours comme ça en parapsychologie : on a toujours des "indications". Pourquoi jamais de certitudes à 5 ou 10 sigma ?


    Je ferai une réflexion personnelle : si un tel sens existait, je ne vois aucune raison pour laquelle il n'aurait pas été développé par la sélection naturelle jusqu'à devenir aussi évident que la vision et l'ouie ! Si vous croyez que c'est simple de voir, détrompez vous : la nature a trouvé des prodiges pour concevoir un système optique, une rétine réceptrice, un système élaboré de traitement et reconnaissance d'images. Pourquoi tous ces sens supplémentaires ne seraient pas devenus naturellement des sens "évidents" si ils existaient vraiment?

  9. #8
    invitef87b7d1f

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Salut,
    Il me semble qu'il serait interessant aussi d'associer à ces recherches l'exacerbation des autres sens, comme en particulier chez des aveugles de naissance, il me semble qu'il y ait des protocoles en cours dans la perception non optique des couleurs. Ou dans des situations de stress intense de personnes voyantes.
    @+

  10. #9
    invite32360cc3

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour,

    gillesh38 a écrit :
    C'est parfaitement mesurable et reconnu. Il faut en tirer la conséquence logique : la conscience "intuitive" que quelque chose d'anormal se passe n'est absolument pas fiable, elle doit être vérifiée par des tests objectifs
    Il me semble que c'est "un peu" le but de ces expériences en laboratoire, aussi bien celles que j'ai citées que celles de Rahoule...

    La démarche suivie est en fait la suivante :
    1) Des gens affirment ou pensent être capable de "sentir" lorsqu'ils sont observés.
    2) A partir de ces affirmations, on formule des hypothèses :
    - Soit c'est une impression, un artefact du à une mauvaise interprétation des coïncidences (cerveau mauvais estimateur de hasard, comme l'a mentionné gillesh38).
    - Soit ce sentiment est réel, auquel cas on s'intéresse aux mécanismes du phénomène (traitement d'informations sensorielles ou psi ?)
    3) On met en place des expériences en laboratoire permettant d'isoler et de quantifier le phénomène, afin de valider l'une des hypothèses.

    RockyRacoon parle de "hints" = "indications" en anglais, ce qui veut dire qu'on est a quelques barres d'erreurs. C'est toujours comme ça en parapsychologie : on a toujours des "indications". Pourquoi jamais de certitudes à 5 ou 10 sigma ?
    Dans ce cas-là, en effet, les résultats semblent à la limite de la significativité, mais ce n'est pas toujours le cas.

    Allez, hop, un contre-exemple : une déviation à 7 sigma dans (Jahn et al., 1997).

    En psychologie comme en médecine, le seuil de significativité est souvent choisi pour p = 0,05. La parapsychologie ne fait que reprendre cette convention. Un score de 7, c'est bien, mais un score de 2 est suffisant.

    RockyRacoon.

  11. #10
    invite1c1608a9

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Je suis content que d'autres personnes soient intéressées à poursuivre le débat Sciences/Parasciences. Y aurait-il un modérateur pour discuter d'une éventuelle réouverture, ou au moins des raisons de la fermeture ? Il me semblait que les règles du débat y étaient respectés, et que l'importance de la discussion dépassait les intérêts particuliers et divergents.

    Enfin, puisqu'on en ait maintenant à étudier une expérience controversée très actuelle, je voudrais répondre à gillesh38 : Déjà, ne dit pas "l'expérience de Rahoule", mais l'expérience reprise par Sheldrake depuis quelques années, mais aussi par d'autres (Schlitz, Wiseman, etc.).

    Quant à ton explication rationnelle du remote staring, je crois qu'elle ne se situe pas au niveau d'une critique du protocole expérimental (l'as-tu lu?) mais au niveau du phénomène spontané. Tu repères l'une des modalités du problème : "trouver un obstacle à toutes perceptions sensorielles normales". N'es-tu pas d'accord pour dire que ce problème peut-être réglé expérimentalement, en particulier par le protocole de Sheldrake ?

    A plusieurs de tes autres questions, je répondrais : lis le protocole (toi qui voulais du concret!).

    Il faut en tirer la conséquence logique : la conscience "intuitive" que quelque chose d'anormal se passe n'est absolument pas fiable, elle doit être vérifiée par des tests objectifs
    Bien évidemment, on n'a jamais dit le contraire. Le sujet "regardé" ne ressent ni ne dit pas d'une façon fiable s'il est observé ou pas. C'est là tout l'intérêt : il n'a qu'une chance sur deux pour tomber juste (en fait, deux chances sur quatre, ce qui revient au même). On ne lui demande pas de deviner quelque chose d'anormal (genre :"Avez-vous la sensation paranormale d'être observé?"). Mais : Etes-vous observé, oui ou non ? En contrôlant la série de réponses du sujet regardé, et en contrôlant les phases de regard de l'observateur, on obtient un tableau de conditions indépendantes (l'observateur a regardé entre x et y : oui ou non ; l'observé pense qu'il est regardé entre x et y : oui ou non). Etablir une corrélation entre les deux est une opération statistique des plus simples ; on a a priori défini un seuil de décidabilité des hypothèses (5%, 1%, 1/1000...) : "Le sujet s'est senti regardé lorsqu'il était regardé" et "Le sujet s'est senti pas regardé lorsqu'il n'était pas regardé". Avec un N assez grand, des réplications indépendantes, je ne vois pas comment le résultat ne pourrait pas être "clairement objectif", seulement "indicatif", ou du niveau de "certitudes 5 ou 10 sigma". Cela serait modifier les lois statistiques ! Or, une telle expérience n'implique pas un changement des lois statistiques, mais leur utilisation ! On peut tout aussi bien obtenir le hasard ou un résultat significatif avec ce protocole !

    Je ferai une réflexion personnelle : si un tel sens existait, je ne vois aucune raison pour laquelle il n'aurait pas été développé par la sélection naturelle jusqu'à devenir aussi évident que la vision et l'ouie ! Si vous croyez que c'est simple de voir, détrompez vous : la nature a trouvé des prodiges pour concevoir un système optique, une rétine réceptrice, un système élaboré de traitement et reconnaissance d'images. Pourquoi tous ces sens supplémentaires ne seraient pas devenus naturellement des sens "évidents" si ils existaient vraiment?
    Alors là, je ne te suis plus : n'était-ce pas toi qui réclamait une expérience concrète sur laquelle discuter ? Pourquoi nous asséner une interprétation de l'effet ? Tu fais comme si on savait déjà ce qu'on mettait en évidence : c'est bien tout le contraire ! Dire que c'est une modalité sensorielle qui va à contre-courant de la logique de l'évolution, c'est présumer déjà de tant de choses. Ne pourrais-t-on pas rester sur le plan de la discussion sur l'expérience ? Sinon, chacun pourra y aller de sa petite hypothèse de science-fiction, et on n'avancera pas ("Plus lourd que l'air ne peut pas voler", disait les scientifiques avant l'avion). J'espère que tu comprendras mon souhait.

  12. #11
    invite8915d466

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Citation Envoyé par RockyRacoon
    Allez, hop, un contre-exemple : une déviation à 7 sigma dans (Jahn et al., 1997).
    En psychologie comme en médecine, le seuil de significativité est souvent choisi pour p = 0,05. La parapsychologie ne fait que reprendre cette convention. Un score de 7, c'est bien, mais un score de 2 est suffisant.

    RockyRacoon.
    Je n'ai pas lu en détail le protocole expérimental de ta référence, et n'étant pas psychologue expérimental je ne prétends pas être capable de le critiquer. "A l'oeil", ça me parait une discussion serrée sur la statistique sur des résultats absolument pas apparent à l'oeil (des gaussiennes légèrement déviées). Mais au fait pouvez me résumer l'effet qui a été vraiment mis en évidence?


    Je me méfie a priori d'un 7 sigma sur 12 ans !!! si il faut 12 ans pour établir ce résultat, c'est qu'il est très léger ! j'ai personnellement un peu de mal a croire qu'une violation des lois physiques ait besoin de 12 ans pour etre mise en évidence. D'autre part il faudrait etre sur qu'il n'y ait eu aucun biais expérimental pendant ces 12 ans, et malheureusement la seule solution c'est de faire une expérience indépendante par une autre laboratoire ! Donc y a t il eu confirmation du meme effet par d'autres?

  13. #12
    invite8915d466

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Citation Envoyé par Rahoule
    N'es-tu pas d'accord pour dire que ce problème peut-être réglé expérimentalement, en particulier par le protocole de Sheldrake ?
    .
    C'est aux spécialistes d'étudier l'expérience, pas à un néophyte d'un forum !Auriez vous la prétention de vous sentir compétant pour juger d'une expérience de physique des particules ayant "peut être " détecté le boson de Higgs?
    Ca revient à ce que je disais : une science se contruit d'abord à partir de faits irréfutables (qui peuvent être très simples au départ), et ensuite en convainquant les spécialistes.
    Malheureusement, je constate que la parapsychologie ne remplit ni l'une ni l'autre des conditions. Il n'y a pas de faits simples irréfutables, et les psychologues ne sont pas convaincus.
    Rien qu'en lisant le mémoire de licence de l'étudiant, je suis par exemple gêné par le fait que c'est l'expérimentateur qui observe , et seulement à 1m50. Est ce qu'il parle à la personne observée? je pense que les communication paraverbales (nuance d'émotion passant dans la voix, durée des silences , intonations) sont très capable de faire monter le score d'une personne ayant une perception assez "intuitive" !

  14. #13
    invite1c1608a9

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour Gillesh38,

    j'aimerais complimenter ta pugnacité, qui fait que toi - au moins - tu n'es pas à court d'argument!

    Tu demandes de résumer l'effet mis en évidence ; je cite donc la synthèse de l'étudiant en physique :

    Les expériences menées par R. Sheldrake sont très similaires à celles ayant été faites
    par Coover un siècle auparavant : les deux personnes sont assises, le sujet tournant le dos à
    l'observant (qui est aussi expérimentateur). Celui-ci regarde ou non le sujet suivant le lancer
    d'une pièce de monnaie, ou tout autre séquence aléatoire binaire ; le sujet devant deviner à
    chaque fois s'il est observé ou non.
    En moyenne, pour les sujets ayant plus de bonnes réponses que de mauvaises, le
    pourcentage de succès est de 55%.

    Bien que cela ne soit pas loin du hasard, si l'expérience est
    répétée suffisamment de fois, les résultats deviennent statistiquement significatifs. Ainsi, en
    1999, les résultats combinés de 13 900 séries auraient des chances contre le hasard de 10^-20.

    Chose remarquable : lorsque l'on regarde le nombre de bonnes réponses quand le sujet
    n'est pas observé, celui-ci tombe au niveau du hasard, soit 50% de bonnes réponses. Le sujet
    n'aurait donc pas la capacité de savoir qu'il n'est pas observé. Inversement, le nombre de
    bonnes réponses lorsque la personne est observée frise les 60%.
    Maintenant, c'est à moi de te poser quelques questions (qui pourraient s'adresser à d'autres) : quel effet cela fait de lire des publications en parapsychologie ? Aurais-tu pu confondre ce travail avec n'importe quel travail scientifique (bien que là, on parle d'un travail d'étudiant de licence, et pas d'un article publié ; mais je t'ai également donné les références pour aller les voir) ? Etais-ce si difficile que cela de lire un article en parapsychologie ? As-tu appris quelque chose ? As-tu trouvé cela au moins relativement intéressant ? Relativement rigoureux ? Est-ce que cela fait de toi un ésotériste ou un parascientifique ?

    Mes questions sont assez idiotes, car on parle là de ta lecture des travaux d'un jeune physicien. Des réponses honnêtes de ta part m'intéressent tout de même. Visiblement, ton attitude a elle aussi été très respectable, consistant à chercher la petite bête là-dedans. Tes critiques sont d'ordre scientifique (biais expérimentaux, biais statistiques, etc.) et la discussion n'a pas dérapée (mais où vont-ils cherché tout ça ?).

    En revanche, il y a un de tes arguments qui n'est pas flatteur : tu démissionnes. Devant un pauvre petit travail de licencier de physique, tu dis que tu es incompétent car non-psychologue expérimental, et totalement néophyte. Mais pour lire cette publication en détail, il faut seulement savoir lire. Ce protocole est très simple, l'effet est un des plus évidents qu'il soit, car partagé par 90% de la population. N'étais-tu pas professeur en astrophysique quant il s'agissait de distinguer sciences et parasciences sur le plan épistémologique ?

    Alors soit tu reconnais qu'il faut être un bon scientifique pour faire de la parapsychologie - et l'argument est extrêment flatteur car la plupart des publications sont cent fois plus ardues -, soit tu reprends ton bon sens critique, ta méthodologie scientifique, et tu l'appliques à ces publications comme sur n'importe quelles autres.

    Ta critique de la place de l'expérimentateur comme participant inclus dans l'expérience montre une gène légitime, mais pas vraiment de biais scientifique. Que l'expérimentateur participe de facto à l'expérience, cela n'empêche pas l'objectivité de sa participation (regarder ou pas le sujet selon ce qu'en dit le dé, par exemple) et de sa mesure (le sujet regardé est indépendant).

    Ta critique de la proximité de l'expérimentateur est très bonne : les indices infraverbaux (infrasensoriels en général, car on peut également penser aux phéromones, etc.) sont le plus gros biais possible de ce type d'expérience. En même temps, il suffisait de lire ce que disait l'expérimentateur qui prenait lui-même en compte ces biais :
    La plupart des expériences ont été menées dans une pièce assez petite, qui ne
    permettait pas d'éloigner de beaucoup les deux personnes. Au mieux, leur distance était de
    1,50m, ce qui est peu, et peut entrainer des biais. En effet, la respiration, le silence, les petits
    mouvements de l'expérimentateur peuvent aider le sujet à répondre, même d'une manière
    inconsciente. (...)
    La salle utilisée étant petite, l'expérimentateur et le sujet n'étaient que très peu
    éloignés. Par conséquent, les moindres mouvements de l'expérimentateur peuvent être décelés
    par le sujet, et considérés comme autant d'indices lui permettant de le mettre sur la piste. Nous
    avons pris garde à minimiser nos mouvement et à contrôler notre respiration lors des séances,
    mais ce contrôle a certainement des limites.
    Remarquons cependant que pour le sujet B, nous avons pu faire ces expériences en
    augmentant la distance (4 ou 5 mètres). De plus, la présence d'un bruit de fond (circulation
    automobile) rendait les bruits infimes de l'expérimentateur quasiment inaudibles. (...)
    L'hypothèse du biais sensitif de nature auditive est certainement la plus probable. (...)
    Cependant, les informations auditives, bien que minimes, ont une grande importance,
    car elles peuvent aider le sujet à répondre, et ceci d'une manière totalement inconsciente,
    même si lui pense ne rien entendre.
    La seule conclusion à laquelle nous pouvons aboutir, est que certains individus ont une
    capacité à « deviner » s'ils sont observés lorsqu'il sont observés, mais qu'ils ne peuvent deviner
    qu'ils ne sont pas observés s'il ne le sont effectivement pas. Les causes étant de nature
    sensitives ou psi, le phénomène est cependant réel. Des expériences menées dans des
    conditions plus rigoureuses pourraient nous aider à pencher pour un sens ou l'autre.
    Il y a cependant déjà un hic à cause de l' asymétrie des résultats en condition "regardé"-"non-regardé".
    Si tu prends les publications de Sheldrake, tu te rendras compte que ces biais infrasensoriels peuvent être facilement évités (quand on a les moyens) : vitre sans teint, circuit vidéo, jeu de miroirs, sujet "assourdi" voire "aveuglé" artificiellement, etc. Les résultats sont pour autant grandement similaires.

    Puisque tu discutes égalements des résultats (des gaussiennes légèrement déviées!), je les rappelle (pour le TER du licencier en physique) : Totalité des sujets Total : 56.41% Observation : 60.84% Non-observation : 52.23% (avec 50% de bonnes réponses attendu à chaque fois). Le résultat est significatif (pour 390 essais), mais il peut certes contrarier les attentes. Quand on parle de démonstration d'effets psi, les gens s'attendent à trouver des super-pouvoirs. Quelle déception quand ce n'est que de faibles effets, ne pouvant être mis en évidence que sur des longues séries statistiques, voire des méta-analyses. Mais c'est exactement la même chose quand on teste l'effet d'un médicament, par exemple l'aspirine (cf. Dean Radin, 2000). Les effets peuvent être extrêmement significatifs (sigma 7 pourquoi pas !), et s'il faut douze ans pour les mesurer, cela va dans le sens d'une possible accumulation des effets et de leur reproductibilité. Je ne vois là rien de critiquable. Alors bien sûr, on peut prendre ce parti de dire "Assertions extraordinaires réclament preuves extraordinaires". Mais l'adjectif extraordinaire est ici utilisé à deux niveaux de sens différents : les assertions sont extraordinaires par rapport à une certaine vision morale du monde, et les preuves le sont par rapport à une définition statistique. Pour quelqu'un qui partirait d'un préjugé différent (le psi est normal, ordinaire) ou neutre (je ne sais pas ce qu'est le psi, mais je l'étudie), il n'aurait besoin que d'une preuve statistiquement significative ordinaire sur l'ensemble des expériences, et pas d'un effet constant et reproductible à l'identique à volonté (un super-pouvoir).

    Ca revient à ce que je disais : une science se contruit d'abord à partir de faits irréfutables (qui peuvent être très simples au départ), et ensuite en convainquant les spécialistes.
    Malheureusement, je constate que la parapsychologie ne remplit ni l'une ni l'autre des conditions. Il n'y a pas de faits simples irréfutables, et les psychologues ne sont pas convaincus.
    Ta vision de la construction d'une science est critiquée par Bachelard, Feyerabend, Latour, Chalmers, etc., etc. L'idée peut être inversée, et pourtant défendue avant autant de hargne : on pourrait dire que c'est parce qu'il existe des spécialistes convaincus que tout à coup apparaissent des faits irréfutables, donc simplifiés ou essentiels, qui avant recevait d'autres explications ou pas d'explications du tout. Et puis, je ne vois pas pourquoi les psychologues devraient être convaincus ! Ils font comme toi, ils rechignent à lire les publications, ils n'en discutent pas entre eux : si on leur présente une évidence d'un effet de psychokinèse, ou encore de ce sentiment d'être observé, ils vont dire que c'est aux physiciens d'étudier la question pour mettre en évidence "l'onde portant le signal physique". Et puis, entre nous, qu'il y ait plein de gens convaincus d'une chose, cela en fait un dogme et non une science. Te souviens-tu de la terre plate ?

    Dans ce topic, nous parlons d'un des effets les plus boycottés des recherches scientifiques (avant Sheldrake, ils n'ont été que trois ou quatre à l'expérimenter) :
    1/ Les gens disent par exemple : je l'ai regardé attentivement et elle s'est retournée et a regardé dans ma direction. >> Explications par les biais infrasensoriels et mémoriels.
    2/ On se rend compte que les gens qui disent ça sont aussi des snipers de l'armée (qui observent leurs victimes à plusieurs kilomètres de distance), des mecs qui font de la vidéo-surveillance (les personnes se retournent dans la direction des caméras pourtant cachées quand les surveillants les regarde), ou encore par des personnes dans des situations particulières (exemple facile à reproduire : vous êtes au 10ème étage de votre HLM, et vous regardez les passants : une proportion disons de 30% vous levez la tête dans votre direction). >> Explications classiques imparfaites = anomalie.
    3/ On reproduit des conditons expérimentales éliminant toutes les possibilités de biais donnant lieu à des explications normales, et on tente de mettre en évidence les caractéristiques de cette anomalie.

  15. #14
    invitea29d1598

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Citation Envoyé par Rahoule
    Devant un pauvre petit travail de licencier de physique, tu dis que tu es incompétent car non-psychologue expérimental, et totalement néophyte. Mais pour lire cette publication en détail, il faut seulement savoir lire.
    pour la lire, certes, mais pour avoir le recul nécessaire, non. Gillesh38a justement une attitude honnête et scientifique qui consiste à savoir dire "je ne suis pas compétent". A partir du moment où un être humain fait partie du protocole expérimental, il existe de nombreux paramètres qui ne sont plus du domaine de la physique.

    Ce protocole est très simple, l'effet est un des plus évidents qu'il soit, car partagé par 90% de la population. N'étais-tu pas professeur en astrophysique quant il s'agissait de distinguer sciences et parasciences sur le plan épistémologique ?
    bah justement: au cas où tu l'ignorerais, les êtres humains ne sont pas des objets physiques banals...

    Alors soit tu reconnais qu'il faut être un bon scientifique pour faire de la parapsychologie - et l'argument est extrêment flatteur car la plupart des publications sont cent fois plus ardues -, soit tu reprends ton bon sens critique, ta méthodologie scientifique, et tu l'appliques à ces publications comme sur n'importe quelles autres.
    tu adoptes ici le même jeu absurde que les médias. Ce n'est pas parce qu'on est compétent dans un domaine précis qu'on l'est dans tous les domaines. Il y a une grande différence entre savoir réfléchir avec une méthode scientifique et pouvoir juger un travail qui n'est pas dans le domaine sur lequel on travaille. La réflexion n'est pas toujours suffisante, il faut aussi des connaissances particulières pour chaque domaine. Il est très facile de se faire berner et/ou d'oublier de prendre en compte certains effets quand on ne connaît pas bien un domaine. Et dans ce cas là, la seule attitude véritablement honnête est celle adoptée par Gilles: dire "je ne sais pas".

    Ta critique de la place de l'expérimentateur comme participant inclus dans l'expérience montre une gène légitime, mais pas vraiment de biais scientifique. Que l'expérimentateur participe de facto à l'expérience, cela n'empêche pas l'objectivité de sa participation (regarder ou pas le sujet selon ce qu'en dit le dé, par exemple) et de sa mesure (le sujet regardé est indépendant).
    cela ne l'empêche a priori pas. Mais malheureusement, cela fait aussi qu'on ne peut absolument pas exclure l'existence d'un biais associé à cet expérimentateur. En physique, le protocole expérimental est uniquement constitué de "choses" qui rendent l'expérience rigoureusement (qualitativement autant que quantitativement) reproductible. A partir du moment où tu fous un être humain dans le truc, tu perds inévitablement la reproductibilité "à l'identique" et donc ne peut plus aussi facilement que tu le prétends être certain de l'absence d'effets parasites.

    Pour quelqu'un qui partirait d'un préjugé différent (le psi est normal, ordinaire) ou neutre (je ne sais pas ce qu'est le psi, mais je l'étudie), il n'aurait besoin que d'une preuve statistiquement significative ordinaire sur l'ensemble des expériences, et pas d'un effet constant et reproductible à l'identique à volonté (un super-pouvoir).
    Un effet quasi constant et facilement reproductible/répété est exigible si on veut pouvoir dire qu'un truc existe "réellement".

    on pourrait dire que c'est parce qu'il existe des spécialistes convaincus que tout à coup apparaissent des faits irréfutables, donc simplifiés ou essentiels, qui avant recevait d'autres explications ou pas d'explications du tout. Et puis, je ne vois pas pourquoi les psychologues devraient être convaincus !
    car ce sont des spécialistes de l'un des machins qui entrent inévitablement dans les expériences que tu prétends pouvoir déchiffrer. Nier la valeur du point de vue des psy dans ce cas-ci est similaire à nier celui d'un informaticien lorsqu'un expérience scientifique fait intervenir un ordinateur imparfait.

    Et puis, entre nous, qu'il y ait plein de gens convaincus d'une chose, cela en fait un dogme et non une science. Te souviens-tu de la terre plate ?
    la différence entre la terre plate et la non-existence d'effets psis (ou je sais pas quoi d'autres) c'est qu'il était/est possible d'expliquer de manière définitivement convaincante et réfléchie à qui que ce soit et en quelques minutes pourquoi la terre n'était/est pas plate. Les preuves observationnelles sont disponibles pour chacun. Si tu es honnête, tu ne pourras jamais prétendre que la situation est la même pour la parapsychologie. Même si des effets "psis" existent réellement (je n'en sais rien et je le dis), il est strictement impossible de prétendre que des preuves définitives et facilement disponibles pour chacun existent.

    Dans ce topic, nous parlons d'un des effets les plus boycottés des recherches scientifiques (avant Sheldrake, ils n'ont été que trois ou quatre à l'expérimenter) :
    1/ Les gens disent par exemple : je l'ai regardé attentivement et elle s'est retournée et a regardé dans ma direction. >> Explications par les biais infrasensoriels et mémoriels.
    2/ On se rend compte que les gens qui disent ça sont aussi des snipers de l'armée (qui observent leurs victimes à plusieurs kilomètres de distance), des mecs qui font de la vidéo-surveillance (les personnes se retournent dans la direction des caméras pourtant cachées quand les surveillants les regarde), ou encore par des personnes dans des situations particulières (exemple facile à reproduire : vous êtes au 10ème étage de votre HLM, et vous regardez les passants : une proportion disons de 30% vous levez la tête dans votre direction). >> Explications classiques imparfaites = anomalie.
    on sait aussi parfaitement que face à un même événement des gens différents vont produire des témoignages contradictoires et incompatibles dont ils affirmeront pourtant haut et fort qu'ils ne font que relater la Vérité et que c'est bien comme ça que ça c'est passé. Tu ne peux absolument pas invoquer le témoignage humain comme argument scientifique pour étudier autre chose que cet humain en question. Un homme n'est pas un intrument de mesure. Il peut être instrument d'étude, mais pas de mesure. Tout scientifique normalement constitué ne peut qu'adopter une attitude de doute face à des témoignages humains. Quant aux phénomènes physiques normaux, dans la très grande majorité des cas ils ne peuvent pas être exclus des explications possibles.

  16. #15
    invite1c1608a9

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour Rincevent,

    merci pour ta réponse bien argumentée. Cela donne l'impression que j'ai été dur. Je te rejoins quand tu expliques qu'il faut savoir dire "je ne sais pas", que la réflexion n'est pas toujours suffisante si on n'a pas des connaissances particulières dans le domaine que l'on juge. Ces pourquoi les réflexions que l'on propose sur ce forum sont souvent très exploratoires, et c'est en partie leur intérêt.
    Cela, tu le traduis sous la notion "d'honnêteté scientifique" . Je ne sais pas si on peut incriminer une telle valeur morale dans le débat, et dire par exemple que gillesh38 est le seul à être honnête ici. Je comprends qu'ainsi tu veuilles appuyer l'argumentation de gillesh38. Mais je ne sais pas si tu as vent de tout le débat, ni si tu as lu tous les posts de gillesh38, mais gillesh38 ne s'est pas contenté de dire "je ne suis pas compétent" : il a multiplié les affirmations sur ce qu'est ou n'est pas la parapsychologie sans citer à aucun moment un parapsychologue ou une publication dans le domaine. A la première publication qu'on lui présente après sa demande incessante, il déclare être incompétent et continue à porter des critiques et des affirmations radicales (ex: "il n'y a pas de faits irréfutables en parapsychologie"). Cela, je l'ai traduit sous la notion de "démission scientifique".

    Il y a sûrement un juste milieu où nos deux perceptions pourraient se retrouver. Cependant, je ne crois pas que ce juste milieu se trouve du côté des psychologues ou du côté des physiciens qui pourraient - ou pas - être compétents en matière de parapsychologie. Finalement, si on lit bien ton post, tu le dis toi-même :
    A partir du moment où un être humain fait partie du protocole expérimental, il existe de nombreux paramètres qui ne sont plus du domaine de la physique. (...)
    Quant aux phénomènes physiques normaux, dans la très grande majorité des cas ils ne peuvent pas être exclus des explications possibles.
    Tu remarqueras que j'ai sorti ces deux propositions de leur contexte, et qu'elles ne concernent pas le même sujet dans ton post. Mais toujours est-il que la présente situation semble requérir des connaissances en physique et hors de la physique. Un psychologue, même expérimentaliste, serait-il alors compétent ? Faut-il lui préférer le physicien ? Je ne nie pas la valeur des psychologues à leur approche de la parapsychologie, je ne fais que la disqualifier a priori, et je peux me le permettre en vertu de ce que tu as dis plus haut : l'honnêteté scientifique nous oblige à nous déclarer tous incompétents des domaines sur lesquelles nous n'avons aucune connaissance. Or, si ce n'est la sonorité, la plupart des psychologues en général ne se sont jamais rapprochés des parapsychologues en général. Il y a de nombreux parapsychologues psychologues, il y a des départements de psychologie qui enseignent aussi la parapsychologie, mais ce ne sont là que des cas particuliers. De plus, comme tu le dis toi-même, les psychologues
    sont des spécialistes de l'un des machins qui entrent inévitablement dans les expériences que tu prétends pouvoir déchiffrer
    .
    S'ils sont spécialistes seulement de l'un des machins, ils ne seront pas plus compétents pour le tout, pour éviter tous les indices sensorielles, pour déterminer les conditions physiques idéales, la méthode statistique la plus adaptée, le générateur de hasard à choisir, pour interpréter correctement l'effet d'un point de vue philosophique ou épistémologique... Mais ils peuvent apprendre ! Ils peuvent poser des questions ! Et on peut essayer ensemble d'en discuter sans rester sur nos positions conventionnelles. C'est le propre du travail transdisciplinaire que réclament les parapsychologues.

    Maintenant je vais essayer de reprendre les difficultés particulières que tu soulèves.
    Tu discutes de la particularité de l'être humain comme objet 1/d'étude 2/de mesure. Quoi qu'on dise là-dessus, si je ne fais que le replacer dans le contexte des expériences sur le sentiment d'être observé, les seules choses sur lesquelles nous devons nous accorder en vertu du protocole, c'est :
    a) Un sujet humain isolé doit être capable de noter sa réponse à la question "Vous sentez-vous actuellement observé?" à chaque fois qu'un signal le lui demandera, et ce pendant 20 minutes.
    b) Un sujet humain doit être capable d'agir soit en observant, soit en n'observant pas un autre sujet, en fonction du signal qu'un processus aléatoire lui communiquera (et, si la procédure n'est pas automatique, de noter quelle condition il a observée).

    Tout le reste peut être automatisé, le tout peut-être enregistré par vidéo pour fiabiliser encore la procédure. Le traitement des résultats peut être informatisé. D'autres expérimentateurs peuvent reprendre les enregistrements et vérifier les résultats.

    Si tu es d'accord avec moi pour reconnaître les capacités a) et b) à tout sujet humain normalement constitué, peut être pourrais-tu maintenant préciser à quel type de biais tu t'attends en disant
    A partir du moment où tu fous un être humain dans le truc, tu perds inévitablement la reproductibilité "à l'identique" et donc ne peut plus aussi facilement que tu le prétends être certain de l'absence d'effets parasites.
    ?

    Il y a sûrement de multiples biais à préciser, mais on ne peut pas rejeter la rigueur d'une expérience sous prétexte qu'un humain y participe ! D'une part, tu te mets toutes les sciences humaines à dos, et d'autre part, un bon sociologue te montrera que dans toute expérience scientifique, un être humain au moins participe à l'expérience !

    Autre difficulté particulière : j'ai interprété comme dogmatique (et non scientifique) l'argument de gillesh38 disant qu'une science possède nécessairement des faits irréfutables reconnus par des spécialistes. Si je répète encore une fois la même chose, je serais selon toi "malhonnête". Pas très sympa. Disons que nous avons des sources d'information différentes. Le comble, c'est que c'est moi, dis-tu par ailleurs, qui jouerais le jeu absurde des médias en considérant qu'un scientifique a droit de parole sur tout ce qui concerne la science. Ma question : où te situes-tu ?
    - Tu es un scientifique non-parapsychologue : à ce moment-là, tu ne sais pas s'il existe un noyau de faits irréfutables pour les spécialistes de la parapsychologie. Tu joues alors le jeu absurde des médias.
    - Tu es un scientifique parapsychologue : alors, si tu dis qu'il n'existe pas de fait irréfutable en parapsychologie, c'est que la parapsychologie n'est pas une science, et toi tu n'es plus un scientifique parapsychologue (selon l'argument de gillesh38).
    - Tu es un non-scientifique non-parapsychologue : tes informations sont celles des médias et de la vulgarisation scientifique. C'est ton témoignage ou ton expérience personnelle qui sont irréfutables pour ton esprit. Si par exemple il t'est arrivé à plusieurs reprises d'avoir le sentiment d'être observé et de vérifier la chose (ou d'observer une jolie nuque dans un amphi, et que la demoiselle se tourne directement vers toi), il y aura là un fait irréfutable. Ce fait ne rentre pas dans la science et aurait tout aussi bien pu être "La Terre est plate".

    Je tente de détailler les lieux d'où tu parles, car ton discours peut paraître ambigü :
    Même si des effets "psis" existent réellement (je n'en sais rien et je le dis), il est strictement impossible de prétendre que des preuves définitives et facilement disponibles pour chacun existent.
    Là par exemple, je ne comprends plus. Soit il existe des faits irréfutables pour des spécialistes, soit des faits irréfutables pour chacun. Tout à chacun n'a, par exemple, pas conscience de l'omniprésence des phénomènes quantiques, mais les spécialistes savent qu'ils existent réellement, et que sans eux beaucoup de phénomènes resteraients inexplicables. Il se peut très bien, dans une logique de découverte scientifqiue, que des faits finalement admis par la communauté scientifique (et non plus seulement par des spécialistes) soit après coup des faits admis par tout à chacun. Il se peut aussi, inversement, que des faits admis par tout à chacun ne soit pas admis par la communauté scientifique (par ex: "l'amour est seulement une question de sentiments"). Dans le cas de la parapsychologie, d'après les études sociales (comme le sondage Gallup 1991), il y aurait une majorité de la population qui penseraient que les phénomènes paranormaux sont possibles ; cette majorité monte à 85% dans les milieux universitaires concernant le phénomène dit "télépathie". Pour autant, la preuve de certains phénomènes paraormaux divise la communauté scientifique en de multiples groupes. Certains groupes reconnaîtront et vivront de multiples phénomènes paranormaux dans leur vie (et selon leur capacité de doute, les jugeront réfutables ou irréfutables) ; d'autres ne les reconnaîtront pas et s'evertueront à trouver des explications plus carthésiennes que Descartes face à des phénomènes inexpliqués.

    C'est là qu'il serait intéressant de parler de "l'effet expérimentateur psi". L'expérience sur le sentiment d'être observé a été reproduite à plusieurs reprises par Schlitz, parapsychologue, et Wiseman, sceptique. Par trois fois, Schlitz a obtenu des résultats significatifs et Wiseman non alors qu'ils utilisaient les mêmes conditions d'expérience. La quatrième fois, Schlitz et Wiseman ont obtenu des résulats conformes au hasard, et les sceptiques ont retenu que "cette fois-là était la bonne".
    L'effet expérimentateur psi a ses exemples vivants et contradictoires. John Beloff, parapsychologue, n'a pourtant jamais obtenu de résultats significatifs à aucune des expériences auxquelles il a participé. Contrairement à Susan Blackmore à qui il arrivait la même chose, il est resté parapsychologue et à continuer à mener ses recherches, en pensant que c'était son manque de conviction dans la réalité de l'effet psi (sa réfutabilité en quelque sorte) qui influencait négativement la production d'effets psi. Pour plus d'infos :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_exp%C3%A9rimentateur

    Cela pose la vraie question : Peut-on accéder à une réalité (même scientifique approuvée) indépendante de notre psychologie personnelle ?

  17. #16
    piwi

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour,
    J'ai vu le travail qui etait présenté. Je ne suis pas physicien et je n'ai pas verifié absolument les formules de stat mais je pense que l'etudiant aura eu à coeur d'etre correct de ce coté là faute de quoi c'etait la giffle assurée.
    Un travail de licence ne pretend pas etre un travail fini (faute de temps, de moyen, d'experience) il offre juste à l'étidant une occasion de se jeter un peu à l'eau et d'utiliser ses outils dans un contexte réaliste.
    Il y a bien des critiques à faire sur ce travail et à mon avis il ne peut absolument pas être utilisé pour défendre la parapsychologie.

    Je voudrais revenir d'abord sur le fait que l'auteur a conscience de certains biais. C'est certainement honnete. On peut se demander pourquoi avoir fait cette experience dans un placard alors qu'il aurait pu choisir n'importe quel endroit plus confortable. Ceci dit ca n'est pas si grave dans la mesure où, je crois on s'interesse au sentiment d'etre observé par quelqu'un à proximité, pas à 100 km. Donc si l'on doit percevoir un signal ou que sais je autant ne pas etre trop loin apres tout.
    Dans la vie courante, je pense que ce sentiment dois surtout etre ressenti vis à vis de personne à proximité (dans le bus, dans la rue, un bar...) Donc ca n'est pas ca qui ma le plus heurté.

    Je me demandais comment l'auteur avait choisi ses "cobayes". Camarades de classe? familles? amis? Y a t il eu une selection? Dans quel etat d'esprit c'est déroulé l'experience? serieux ou un peu à la legere? Dans quel etat d'esprit etait la personne testée? Motivée? J'menfoutiste? Cela influe grandement les résultats.
    Or il se trouve que justement il est fait reference à un manque de disponibilité. Manque d'interet? Seul deux personnes sont revenues et une seule a été retenue.
    Donc au total l'echantillon reste faible et le test désequilibré. Aucune conclusion générale quant au résultat ne peut être tirée, et d'ailleurs je n'en tire pas.

    Reste cette personne avec 60% de réponses justes c'est à dire qu'il se sentait observé quand il l'etait vraiment.
    C'est assez curieux quand on y pense.
    Si je repond oui tout le temps alors j'aurais 100% à cette question et 0% à la possibilité vous sentez vous observé quand vous ne l'êtes pas.
    C'est un peu cela qui me gène. Cela denote peut etre un certain etat d'esprit et rien de plus. Surtout que les autres cas (les 4 non revenus, je ne parle pas du second cas qui lui est jugé non significatif par l'auteur lui même) ne montrent rien de particulier.
    En un mot il faudrait plus de sujets, peut être mieux décrire les conditions de l'experience, s'assurer ou préciser la neutralité des intervenants (eviter que l'un veuille faire plaisir à l'autre, ou capte mieux son comportement du fait qu'il le connait parfaitement)
    Il manque aussi je crois des situations contrôles: le regardeur regarde toujours le regardé. Le regardeur ne regarde jamais le regardé. (c'est d'ailleurs étrange que l'etudiant n'y ait pas pensé. C'est une faute, il faut toujours les controles pour valider une experience.)

    Et quand bien même on mettrait à jour un tendance de la population à se sentir observée mais guère plus.

    Enfin voilà mon avis sur la démarche. Je laisse aux personnes interessées la discussion du fond dont la teneur epistémologique me dépasse largement.

    Cordialement,
    piwi

  18. #17
    kinette

    Re : Le sentiment d'être observé - expériences et critiques

    Bonjour,
    Première chose: les "théories" de Sheldrake et ses supporters (et tout ce qui ressemble à ce genre d'élucubrations pseudo-scientifiques) n'ont pas leur place sur ce forum. La ligne éditoriale de FS est claire, et la pseudo-science et les élucubrations sur les champs "morphho-génétiques" ou autres "effets psy" n'en font pas partie, même amenées "subtilement" comme c'est le cas ici (en prenant bien la peine de reciter le nom du monsieur et assimilés régulièrement).
    Pour ceux que le sujet intéresse, je leur recommande la lecture de "l'Imposture scientifique en 10 leçons" (dans la vente duquel personne n'a ici d'intéressement financier ) qui démonte bien l'imposture scientifique en question, et montre en quoi ça n'entre pas dans le rayon de la science.

    Si vous souhaitez discuter de ce genre de choses, le forum des sceptiques du Québec est aussi plus adapté (voir http://forum.sceptiques.qc.ca/viewto...t=667&start=0).

    Donc que ceux que ce genre de truc amuse aillent se renseigner sur la profonde pensée de tels personnages ailleurs (le rire, s'il ne prolonge pas l'existence, la rend sûrement plus agréable)...

    Je ferme la discussion (pas la peine d'envoyer des MP d'insultes, j'ai l'habitude et ils partent directement à la poubelle).
    Toute tentative de relancer ce genre de sujet (même sous des formes masquées) sera impitoyablement fermée.

    K., horrible modératrice sans scrupules
    Nomina si nescis, perit et cognito rerum.

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