Bonsoir,
Il est vrai que je me suis placé dans un situation hypothétique (électro-sensibilité avérée). Je trouve néanmoins qu'une solution existe. Un médecin doit utiliser des méthodes et prescriptions ayant fait leurs preuves. Donc si un médecin (l'ostéopathe en question est-il médecin ?) donne un traitement, c'est qu'il le fait en connaissances de cause, non ? (sans faire dériver non plus la discussion sur l'influence des commerciaux pharmaceutiques : cela repose sur un système sous-jacent qui normalement doit se tenir) Sinon, soit il se renseigne et donne un rendez-vous ultérieur, soit il redirige vers un confrère mieux armé.
Dans le cas présent, un médecin sensé aurait pu :
- prescrire un placebo en tant que soi-disant traitement d'essai
- re-donner RdV à la personne quelques semaines plus tard, en prétextant un contrôle de l'efficacité du traitement
- se renseigner entre temps
- et ainsi être armé pour le second rendez-vous
Il y a dans tous les cas une lacune quant à l'utilisation des placebos en France (je ne connais pas la situation dans d'autres pays), et il serait bon d'avoir un réel axe de recherche autour de l'effet placebo, de manière à établir un thérapeutique raisonnée l'utilisant. C'était l'esprit de la création du Lobepac. Je trouve que le dernier paragraphe est éclairant quant à la présente discussion :
J'ai mis un passage en gras, car je trouve qu'il n'a rien de trivial. Peut-être un point à renforcer dans la formation des médecins ?Envoyé par Jean-Jacques Aulas
Merci pour la description, je ne connaissais pas le "drug design". Rassure-moi, tout ceci est validé in fine par de l'épidémiologie ?Envoyé par gatsu
L'échange reproduit ci-dessus concerne bien l'exemple que tu cites, et non les médecins en général. Donc dans le cas précis que tu cites, avant les nouveaux résultats, le discours des médecins était bien basé sur un "état actuel des connaissances" ...Envoyé par gatsu
... ce qui n'est pas le cas pour le message initial du présent fil.Envoyé par gatsu
Sans compter que dans l'exemple que tu cites, tu précises bien "medicament miracle [...] qui n'avait plus rien a prouver en tant que traitement : essentiellement, tant que les patients prenaient le medicament, ils n'avaient quasiment plus de probleme de blocage de leurs capillaires".
Sur quelles preuves te bases-tu pour dire que ce médicament "n'avait plus rien a prouver en tant que traitement" ? Existence de preuves similaires pour les aimants et l'electro-sensibilité ?
Si maintenant le drug design n'est pas validé par des études épidémiologique et que des "erreurs" telles que celle citée sont courantes, c'est que le drug design n'est pas mûr et qu'il devrait rester au stade de la recherche, et non de l'application. Est-ce le cas ?
Quant aux médecins en général, puisque tu fais dériver le sujet dessus, non, je ne les prends pas pour des puits de science. Je travaille dans l'industrie, et une de mes missions consiste à diagnostiquer des objets défectueux. Mon savoir-faire me permet dans certains cas de trouver la cause du dysfonctionnement en quelques secondes, voire quelques minutes, mais pour certains cas il faut des jours voire des semaines avec la mise en place de plans d'expérience. Et l'objet en question est d'une simplicité enfantine comparé au corps humain (c'est même pire que cela : le corps humain n'est pas compliqué, il est complexe, dans le sens où il ne peut pas être compris entièrement via un quelconque réductionnisme ; pour les objets que je diagnostique, c'est moi qui les ai conçus, donc non seulement je suis capable de les "réduire", mais en plus de les appréhender dans leur ensemble). A chaque fois que je suis obligé de mettre en oeuvre un plan d'expérience, avec fabrication de plusieurs dizaines de pièces pour test, je ne peux pas m'empêcher de penser aux médecins et à la difficulté d'un exercice diagnostic en 15 minutes sur plusieurs dizaines de patients par jour.
A titre personnel, je ne serais pas étonné que maximum 30% des premiers diagnostics soient valables dans l'exercice quotidien des généralistes. Pour les supposés 70 % de diagnostics erronés, 95% doivent concerner des affections bénignes pour lesquelles un traitement symptomatique est suffisant, voire superfétatoire (traitement de confort). Ce qui évite pléthore d'erreurs médicales.
Voir la méthode que je propose plus haut ; de plus, cela devrait être un minimum pour un médecin d'avoir un état de lieux de ses connaissances et de connaître ses limites. Je rejoins tes réserves ici dans le sens où cela demanderait en plus une éducation des patients sur :Envoyé par gatsu
- ce qu'est la médecine généraliste
- l'exercice du diagnostic
- la non recherche d'une prescription à tout prix
- etc.
Car un tel médecin "idéal" ne contenterait à l'heure actuelle qu'une faible proportion de sa patientèle, qui se permet d'avoir des attentes précises plutôt que d'essayer de comprendre les choses.
Je pense que la différence n'est pas que sémantique, et il y a d'autres solutions que soit de mettre à plat les croyances des patients, soit de les enfermer dans lesdites croyances. Voir la citation d'Aulas plus haut.Envoyé par phuphus
Au delà de tout ceci, je suis d'accord avec mh34 en #54 : cela devient un problème sociétal, qui nécessite une réflexion plus vaste qu'un simple "si le patient est content, tant mieux". Car :
- le patient ne sait pas qu'il pourrait être content, et en plus débarrassé d'une croyance nuisible, par d'autres moyens (et apparemment ici, l'ostéopathe ne le sait pas non plus)
- c'est toute une culture de société que l'on forge et que l'on installe avec de telles inepties, avec la porte ouverte derrière à des dérives beaucoup plus graves
La difficulté est justement de garder les patients dans "le droit chemin" (sans les jeter dans les bras de sectes qui, elles, ne se gêneront pas pour dire qu'elles maîtrisent parfaitement le problème et qui proposeront des aimants en tant que traitement) tout en obtenant des résultats, à la fois concrets et perçus (c'est à dire contentant le patient). Si j'ai bien compris ton propos, je pense que nous sommes en accord sur ce point.
Pour ma part, je retiens ceci du lien cité :Envoyé par gatsu
- ne pas hésiter à envisager toutes les possibilités
- rejeter celles pour lesquelles il existe un faisceau de preuves contre
- adopter celles pour lesquelles il existe un faisceau de preuves pour
- ne pas hésiter à changer d'avis au fur et à mesure de l'évolution des preuves
En ayant bien en tête qu'en sciences, il existe des domaines dans lesquels la notion d'avis a une valeur, et pour d'autres il n'est pas envisageable d'aller à contre-courant (lois de Newton, par exemple, car leur domaine de validité est clairement délimité). Cela rejoint un fil récent, et la notion de consensus est très importante en sciences, à fortiori en recherche médicale :
http://forums.futura-sciences.com/de...ique-3.html#35
Attention à ne pas détourner le sens de la citation de Dawkins, faite dans un contexte précis : théorie de l'évolution, principalement en référence à Darwin qui avait lui-même inclus dans sa théorie de la sélection naturelle les contre-exemple suffisants à la réfutation de la théorie (de nombreux contradicteurs les ont cherchés : ils n'ont jamais émergé. CF la complexité irréductible ; donc oui, dans le cas de l'évolution on connaît les preuves qui permettraient de la mettre à mal).Envoyé par gatsu
Ici, je reprenais à mon compte cette citation en l'élargissant au cadre de la présente discussion : c'est donc avec moi que tu n'es pas d'accord, pas avec Dawkins. Et je parle bien d'avis, non pas de théorie ; comme dit plus haut les avis en sciences ne sont pas applicables partout (le mot est peut-être mal choisi, "opinion" irait certainement mieux). L'exemple récent des neutrinos supraluminique est je pense éclairant : une bonne partie de la communauté scientifique était fébrile de se lancer sur une nouvelle physique, et était prête à mettre au placard sans autre forme de procès l'idée (avis ?) selon laquelle on ne peut rien transmettre plus rapidement que "c". Mais la RG, elle, aurait toujours été debout.
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