Bonjour.
Je me permets d'ouvrir ce topic car j'ai plusieurs interrogations sur le courant électrique dans un circuit d'un point de vue microscopique (dans une approche "classique", car même si je suis conscient de ses limites, je ne maîtrise pas du tout la théorie quantique des bandes de valence et de conduction et autres joyeusetés du même genre). Je vais résumer ce que j'ai compris jusqu'à maintenant, mais il se peut qu'il y ait des erreurs dans ce que je vais dire, car il y a vraiment des choses que je ne comprends pas au niveau microscopique.
Bon, déjà, pour qu'il y ait un courant électrique, donc un déplacement d'ensemble des "porteurs de charges" (généralement des électrons si on se place dans le cas d'un métal conducteur par exemple), il faut qu'il y ait une "tension électromotrice" Uem (appelée "force électromotrice E" ou "f.e.m." de manière impropre) entre deux bornes "positive" et "négative". Cette tension électromotrice Uem dans un générateur ou une pile électrique est responsable d'un champ électromoteur Eem (j'utilise les caractères gras pour dire que c'est un vecteur, comme dans les livres de physique) qui implique donc un déplacement des porteurs de charge (les porteurs de charge négative comme les électrons se déplacent dans le sens opposé du champ électromoteur Eem et s'accumulent vers un pôle appelé "pôle négatif" ou "anode", tandis que les porteur de charge positive se déplacent dans le même sens que le champ Eem vers un pôle appelé "pôle positif" ou "cathode"). A cause de cette séparation de charges, il existe désormais une "différence de potentiel" entre les bornes positive et négative car des charges opposées ont tendance à s'attirer, mais cette différence de potentiel est contre-balancée par cette "tension électromotrice" Uem responsable de la séparation des deux charges, si bien qu'on atteint un état d'équilibre (les charges ne vont pas continuer indéfiniment à s'accumuler sur leurs bornes respectives, ni les quitter pour se rejoindre).
Cependant, ces charges séparées et en particulier les électrons ne peuvent pas quitter leur borne négative tant que les deux bornes ne sont pas reliées par un matériau conducteur : en effet, le champ électrique n'est pas suffisamment fort pour que les électrons puissent circuler dans l'air ambiant qui reste avant tout un isolant dans les conditions "normales". Mais dès qu'on met en contact ces deux bornes avec un fil de cuivre par exemple, ce fil permet de "guider" les électrons de la borne négative vers la borne opposée du générateur, et bien sûr, si on met un interrupteur ouvert, il n'y a plus aucune tension entre le début du fil et la fin du fil, donc les électrons n'ont plus de mouvement d'ensemble vers cette borne opposée (donc il n'y a plus de courant).
Alors déjà, j'ai une question : étant donné que la différence de potentiel entre les bornes et la tension électromotrice s'équilibrent (sauf erreur de ma part), comment ça se fait qu'il puisse y avoir un courant électrique quand on relit les bornes avec un fil conducteur ? Est-ce parce que le champ électromoteur ne s'exerce qu'à l'intérieur du générateur et pas à l'extérieur (par conséquent, il me paraît donc normal que les électrons de la borne négative se déplacent vers la borne positive via le fil, "libérés" de la zone d'influence du champ électromoteur du générateur) ?
J'ai une autre question sur la nature du courant électrique. Si j'ai bien compris, dans le cas d'un fil électrique, ce courant est dû à un déplacement d'ensemble de ce qu'on appelle les "électrons libres" qui ne sont pas liés à un atome en particulier, mais peuvent passer d'un atome vers l'autre. Quand il n'y a pas de tension électromotrice Uem, ces électrons libres ont un déplacement chaotique, ce qui n'engendre aucun courant. Mais dès qu'on les soumet à une tension électromotrice Uem, ces électorns vont "s'aligner" et avoir un mouvement d'ensemble en direction de la borne positive. Si j'ai bien compris, les électrons de la borne négative quittent réellement leur borne pour circuler dans le fil électrique, jusqu'à rejoindre la borne positive, tandis que le générateur va "fournir" à la borne négative un nouvel électron qui va "remplacer" celui qui l'avait quittée, c'est bien ça ? Mais du coup, d'où vient le nouvel électron qui remplace celui qui avait quitté la borne négative ? Sont-ce les électrons libres du conducteur qui parviennent à la borne positive, puis qui basculent à leur tour vers la borne négative ?
Autre interrogation que j'ai : quelle est l'origine du champ électromoteur Eem responsable de la séparation des charges dans le générateur ? Bon, je comprends à peu près le principe des générateur de courant alternatif, mais je m'interroge surtout sur ceux qui génèrent un courant continu, tels les piles électriques. Dans ces piles, on a des réactions chimiques d'oxydo-réduction, mais d'où vient ce champ électromoteur Eem ? J'ai cru comprendre que ces réactions d'oxydo-réduction ne se réalisent pas tant que les bornes positive et négative ne sont pas reliées (par un fil électrique par exemple), mais il y a bel et bien une séparation des charges électriques (sinon, on n'aurait pas de bornes "+" et "-"), donc d'où vient ce champ électromoteur Eem responsable de la séparation des charges électriques de la pile ?
Enfin, mon autre grosse interrogation concerne la fameuse "loi d'unicité de l'intensité". Je comprends que dans le cas où le circuit contient des dipôles récepteurs comme des résistors, des ampoules ou des moteurs (je ne vais pas parler des condensateurs, ni des bobines pour l'instant, et encore moins des transistors ou amplificateurs opérationnels que je ne maîtrise pas du tout), l'énergie des électrons libres est partiellement convertie en une autre forme d'énergie (thermique, lumineuse ou mécanique selon la nature du dipôle), si bien que ces électrons perdent en énergie cinétique, donc en vitesse : je n'arrive donc pas à comprendre comment il est possible qu'on ait la même intensité sur TOUT le fil électrique, que ce soit en "amont" ou en "aval" du dipôle, car cette intensité doit être proportionnelle à la vitesse des porteurs de charge (si j'ai bien compris). Il y a quelque chose qui m'échappe, là-dedans.
Voilà, ce sont vraiment des questions que je me pose depuis, pfouuuuh ! Je ne compte même plus les années !
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