Bonjour,
Ce que j'aime dans l'attitude de certaines familles de milliardaires, comme celle des Ansari, c'est d'envisager le prix de leur séjour dans l'ISS comme du mécénat. C'est ce qui s'est passé au début de l'aviation. Dans le cas d'une première, comme un voyage privée vers Mars, on trouve le temps long, mais on donne son soutien malgré tout. Ce n'est pas qu'un voyage, c'est aussi un investissement pour encourager une industrie naissante. Certains milliardaires adorent ce genre d'initiative.
Tu l'as compris, je suis plus pour un contrôle et pour l'édification d'un véritable cadre législatif, que pour une interdiction pure et simple. Mais j'approuve totalement le fait que le sujet soit débattu au niveau des instances internationales compétentes.
Ça va peut-être te faire sourire, mais le voyage spatial habité est quelque part souhaitable à une certaine préservation de la vie. Quantité de menaces astrophysiques sont là pour nous le rappeler. Une supernova explose dans le voisinage de la Terre et nous sommes tous morts. Comme le disait Stephen Hawking : "Il serait sage de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier".
Je ne veux pas lancer un débat privé/public. On peut appeler ça de la sous-traitance, ou du transfert de compétence... le fait est que SpaceX lance désormais des satellites, et que la NASA l'aide à qualifier ses lanceurs pour le transport d'astronautes vers l'ISS, il ne s'agit donc pas uniquement de fret.
Mais il y a un fait que je ne peux pas nier. Les États-Unis ont abandonné les grands programmes d'avions spatiaux, des entreprises privées sont nés de ces échecs et reprennent le flambeau aujourd'hui. La NASA a aussi lâché le Advanced Space Propulsion Laboratory qui développait le très fructueux programme VASIMR, pour des raisons différentes, certes.
Bien sûr, il n'est pas question ici que de science. Mais le vol spatial habité est un des fruits de la science. L'expérience de la vie dans l'espace et sur une autre planète aurait sans doute beaucoup de chose à nous apprendre sur le recyclage, les écosystèmes terrestres, la conversion de l'énergie du Soleil, sur la conception de centrales nucléaires plus économes...
Je ne veux donc pas fermer la porte à des touristes, s'ils ont assez d'argent pour se payer ce qu'on se propose de leur offrir. Parce que c'est ce qui manque à l'industrie spatiale : de quoi combler les coûts de développement.
Je comprends tes inquiétudes. Mais elles me rappellent un peu trop ce que les anglo-saxons appellent le "fine-grained relinquishment" : on abandonne les sciences dangereuses et on ne garde que les bonnes. Le tourisme spatial aura des conséquences bénéfiques, il aura des conséquences négatives (peut-être même dangereuses), mais on a au mieux aujourd'hui qu'une petite idée des applications qui vont en découler dans le futur.
On en a déjà discuté, les Etats membres de l'ESA injectent dans Arianespace, sous formes de subsides, plusieurs centaines de millions d'euros par an, en pure perte, pour équilibrer les comptes. Il n'y a aucun doute là-dessus. C'est pourquoi le bénéfice net d'Arianespace est au mieux nul, quand tout va bien.
J’ajoute que Reaction Engines me parait être une imposture. Ce ne serait pas la première fois que des projets totalement irréalistes seraient présentés par des gens qui peuvent de parfaite bonne foi mais aveuglés par le fameux biais de l’optimisme qui a envoyé tellement de idées géniales dans le mur.[/QUOTE]
Se servir de l'oxygène de l'air pour la partie atmosphérique du vol d'une fusée restera à jamais une bonne idée.
Le fait qu'on n'essaye depuis 1960 sans arriver à mettre cette idée en pratique ne change rien à la pertinence de cette idée. C'est juste une question de maturité technologique. Les défis techniques sont bien plus grands que ce que les ingénieurs de la NASA avait prévu il y a de cela 50 ans. Ce qui ne les rends pas à jamais insurmontables pour autant.
Le Skylon pourrait bien échouer avec des échangeurs à 40 µm, je suis persuadé qu'une autre équipe essayera un peu plus tard avec du 25, 20 ou même 10 µm. Pour moi, Reaction Engines Ltd a au moins le mérite de tenter de rapprocher la date de concrétisation de ce rêve d'ingénieur qu'est l'avion spatial. Et ce, même si le programme devait échoué.
Cordialement
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