Doublepensée

[Slagt]

Bonjour,

Bon, okey, le titre n'est explicite que pour ceux ayant lu ce classique ("1984"), si ça n'est pas le cas... allez le lire

Ma question est donc, est-ce qu'on peut retrouver chez l'humain, des situations dans lesquelles celui-ci pense de deux manières contradictoire, sans que cela ne le dérange le moins du monde ? Sans aller jusqu'aux excès du livre (où cette "doublepensée" est omniprésente), je me demandais si c'était possible, et si on retrouvais ça dans des pathologies ou dans la vie de tous les jours ?

Pour aller plus loin, je me demandais quels mécanisme entre en jeux pour que nous considérions telle ou telle choses comme vraie (à l'échelle moléculaire, mais pas seulement) ? Si vous avez des infos là dessus, je suis très intéressé.

Merci
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[Nhazkal]

Bonjour,

le doublethink d'Orwell ne me semble pas être exactement ce que tu demandes. Son principe, au service d'un gouvernement totalitaire, sert à donner raison absolument au gouvernement : si quelque chose a été dit et s'avère finalement faux, il n'est pas faux puisqu'on s'arrange pour détruire les preuves tangibles qu'on a dit une bêtise, en modifiant tout (les journaux par exemple). Ainsi la vérité est ce que décide le gouvernement, mais du jour au lendemain quelque chose de vrai pourrait, non pas devenir faux (car elle ''n'aura jamais été dite'') mais resté vrai (tout en ayant changé, à l'insu du peuple). Orwell va effectivement loin avec ça, allant à dire qu'il suffirait au gouvernement de dire que 2+2=5 pour que cela soit une vérité, et qu'il y aurait des archives prouvant que ceci est vrai de tout temps...

est-ce qu'on peut retrouver chez l'humain, des situations dans lesquelles celui-ci pense de deux manières contradictoire, sans que cela ne le dérange le moins du monde ?

Tout à fait, lorsque l'on envisage plusieurs options pour une situation donnée, c'est déjà d'avoir de multiple pensées, qui peuvent très bien être contradictoires. Ainsi, une personne pourrait être confronté à une situation, penser d'une manière (a) et agir d'une autre (b) et être confronté une seconde fois à une situation similaire et cette fois penser (b) et faire (a).

La pensée contradictoire dans ce sens est seulement la capacité de voir le contraire de sa propre pensée, compétence souvent nécessaire pour voir les limites d'une pensée et ses lacunes, par exemple. Ça me semble donc quelque chose de naturel qui ne nécessite aucunement une quelconque pathologie. Il faut aussi considérer la pensée comme dynamique et non statique, rien donc n'interdit de pensé de manière contradictoire et de choisir une option ou l'autre (tout en ‘pensant’ les deux).

Dans la vie de tous les jours ce n'est pas très difficile de s'en apercevoir, mais nous n'avons pas accès directement à la pensée des gens lorsque ceux-ci font quelque chose (ou pense à quelque chose) alors il faut se restreindre aux spéculations, à la bonne foi de ceux à qui on fait confiance, et à nous-même, qui sommes probablement le mieux placé pour constater quelque chose de ce genre.

quels mécanisme entre en jeux pour que nous considérions telle ou telle choses comme vraie

Après avoir lu 1984 on pourrait bien être tenté de répondre : nous seuls décidons de la vérité. À la rigueur ce n’est pas tout à fait faux, dans la mesure où la vérité correspond à un ensemble qui a été défini par l’humain, si c’est vrai (ou faux) c’est par lui, mais pas de manière causale nécessairement (ce n’est pas parce que l’humain a découvert puis décidé que la terre tournait effectivement autour du soleil que c’est par cette décision qu’il en est ainsi). Dans les sciences, la vérité est dangereuse. Personnellement je préfères dire simplement qu’une théorie est cohérente si elle se vérifie, du moment qu’elle sera infirmée, nous pourrons alors faire un pas de plus par rapport à celle-ci : amélioration, ou un autre système plus large. Mais de toute évidence, c’est l’homme qui fait les mesures et qui constate, c’est à lui qui revient le rôle de dire si quelque chose est vrai ou pas. Par contre, 2+2 a peu de chance de réussir à donner 5, peu importe par qui (ou quoi) est fait le calcul. Il est par contre évident qu’il y a des ‘vérités’ plus floues que d’autres, auxquelles il est assez dure de dire le contraire car justement elles manquent de précision. C’est assez indiscutable de dire que, pour l’humain, les organes viscérales sont importants, par exemple. Par contre, dire ‘la somme des angles intérieurs d’un triangle est 180 degré’, n’est vrai que si on considère cette affirmation dans un référentiel (la géométrie euclidienne). Bref, on pourrait dire que l’on considère quelque chose comme vrai lorsqu’on peut vérifier ladite chose et arriver au résultat attendu (et l’humain a le malheur de pouvoir faire des erreurs durant l’essai…).

J'espère avoir répondu à tes questions.

Cordialement,
Nhazkal.

Edit: J'avais oublié le point de si cela pouvait le déranger : je crois que c'est à la fois un avatange et un inconvénient, c'est donc à la personne de voir selon la situation.

[invitee27aea28]

Korzybski et sa sémantique générale explore les contradictions réalité /perception...à lire absolument pour les neurosciences...

[invite1d569e07]

Ma question est donc, est-ce qu'on peut retrouver chez l'humain, des situations dans lesquelles celui-ci pense de deux manières contradictoire, sans que cela ne le dérange le moins du monde ?

Dans la vie de tous les jours : par exemple, une majorité écrasante des francais étaient contre le CPE, et pourtant 30% des francais ont votés hier pour Sarko qui propose bien pire que le CPE, et 18% pour Bayrou qui vaut pas mieux. Un bel exemple de manière de pensée contradictoire qui ne derangent malheuresement pas le moins du monde ces gens la
Ou encore 55% des francais contre le traité constitutionnel, et 75% des francais qui votent pour un candidat a la presidentielle qui était pour ce traité... (et qui compte le refaire passer plus tard !!)...
(sourire jaune)

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