Quand souffrir fait jouir, on parle de masochisme. Quand la souffrance de l’autre donne du plaisir, il s’agit de sadisme. Mais que se passe-t-il dans la tête d’un sadique ? Pour la première fois, à l’aide d’un scanner portatif qu’ils ont déplacé dans des centres pénitentiaires, Jean Decety, Carla Harenski et leurs collègues, des universités de Chicago, du Nouveau-Mexique, d’Albuquerque et du Wisconsin, ont observé l’activité cérébrale de criminels sadiques à qui l’on montrait des vidéos de personnes en train de subir des coups et blessures douloureux.
Il s’avère que le cerveau du sadique s’active très fortement dans une zone de perception de la douleur d’autrui, l’insula antérieure. Les sadiques sont plus sensibles que la moyenne aux souffrances des autres ; en outre, l'activité de cette zone est couplée, chez eux, à une activité intense dans l'amygdale cérébrale, l'hypothalamus et le striatum ventral, trois zones participant à l'excitation sexuelle et au plaisir. La cruauté prend ainsi la forme d'un découplage d'activité entre des zones de perception de la douleur et des régions liées au plaisir et à l'excitation. Récemment, une autre étude avait montré, grâce à des appareils de mesure de la pression artérielle dans le pénis, que la vue de blessures infligées à autrui génère une érection chez le sadique.
On ignore si cette association entre souffrance et plaisir est ancrée dans la structure même du cerveau du sadique, ou s'il ne s'agit que d'un couplage "fonctionnel", qui pourrait être le fruit d'un "apprentissage" de la cruauté.
(Cerveau et psycho)
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