La manoeuvre de Handgrip est une manoeuvre relativement peu utilisée, qui permet de faire un diagnostique différentiel d'un murmur cardiaque (bruit pathologique) lors de l'auscultation.
Dans la manoeuvre de Handgrip, le patient est allongé (décubitus dorsal) et on lui demande de serrer la main du physicien le plus fort possible pendant une période prolongée (maximale, autour de 30 secondes généralement). Le physicien ausculte alors le coeur au niveau des différents foyers cardiaques.
Le but d'une telle manoeuvre est d'augmenter la résistance artériolaire périphérique, et donc la postcharge. En augmentant la postcharge et la résistance, on va diminuer l'intensité des bruits de Korchkoff (ou murmurs) - s'ils existent - qui attestent d'un écoulement turbulent (régurgitation aortique/sténose aortique, régurgitation mitrale, shunt ventriculaire...). L'atténuation du bruit va permettre de mieux localiser la turbulence à l'auscultation, en changeant l'emplacement du stéthoscope dans les foyers cardiaques, et ainsi dire si la turbulence a un foyer plutôt aortique ou mitral.
Dans l'examen clinique, on tente plutôt d'intensifier ces murmurs, avec une manoeuvre de Valsalva notamment.
On peut également demander au patient de se replier sur ses genoux pour augmenter la postcharge (squat).
Je met permet d'ajouter une petite note en plus de sémiologie, si ça vous intéresse, par rapport au squat. Chez le jeune enfant, si celui-ci adopte cette position naturellement de squat (repliement sur les genoux), à la suite d'un effort notamment, c'est un signe clinique qui peut indiquer la présence d'un éventuel shunt ventriculaire droite-gauche, le plus souvent à la suite d'une tétralogie de Fallot : quand la sténose pulmonaire est marquée, la pression intraventriculaire droite - normalement basse - devient plus élevée que la pression intraventriculaire gauche, et le sang passe du VD au VG. Le jeune enfant sera alors marqué par une cyanose (en plus d'une hypertrophie ventriculaire droite). L'enfant va alors naturellement adopter cette position pour retrouver un meilleur souffle : en augmentant la résistance périphérique, il augmente sa postcharge, et augmente ainsi la pression intraventriculaire gauche, de manière à inverser - ou du moins atténuer - le gradient de pression VD-VG, et donc l'intensité du flux sanguin à travers le septum IV (qui sera alors plutôt redirigé vers l'ostium pulmonaire).