Jacques Monod est-il finaliste*?
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Jacques Monod est-il finaliste*?



  1. #1
    Syst.

    Jacques Monod est-il finaliste*?


    ------

    Bonjour,

    Je me suis posé cette question après deux lectures.

    D'une part celle d'un extrait du livre Le hasard et la nécessité de Jacques Monod (source : cet article de Wikipedia, dans les références) :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l'objectivité de la Nature. C'est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance « vraie » toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de « projet ». [...] Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. Mais le postulat d'objectivité est consubstantiel à la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles. Il est impossible de s'en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même. L'objectivité cependant nous oblige à reconnaître le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique profonde. Le problème central de la biologie, c'est cette contradiction elle-même, qu'il s'agit de résoudre si elle n'est qu'apparente, ou de prouver radicalement insoluble si en vérité il en est bien ainsi.
    J'ai déduit de cet extrait que Jacques Monod voyait du finalisme dans le monde vivant.
    Dans ce que j’ai mis en gras, d’abord, il souligne bien le fait qu’un projet implique l’existence d’un but poursuivi, puis il dit que les êtres vivants poursuivent un but, si on va dans son raisonnement jusqu’au bout.
    Dire que [les êtres vivants] / [les structures des êtres vivants] / [l’activité des êtres vivants] possède un but, soit une finalité, c’est adopter un point de vue finaliste. (cf. http://forums.futura-sciences.com/ep...-cognitif.html si vous n'êtes pas d'accord à ce point)

    Mais j'ai ensuite lu cette conversation sur le forum : http://forums.futura-sciences.com/bi...n-but-oui.html
    Dans cette conversation les intervenants ont l'air de dire que Jacques Monod n'est pas finaliste.

    Y a-t-il vraiment un moyen d’interpréter les propos (cités ci-dessus) de Jacques Monod sans lui attribuer une vision finaliste du monde vivant, ou est-ce que ces lignes correspondent sans doute à un moment d’égarement de Jacques Monod dans des idées non raisonnées ?

    -----

  2. #2
    invite29cafaf3

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message
    Bonjour,

    Je me suis posé cette question après deux lectures.

    D'une part celle d'un extrait du livre Le hasard et la nécessité de Jacques Monod (source : cet article de Wikipedia, dans les références) :

    J'ai déduit de cet extrait que Jacques Monod voyait du finalisme dans le monde vivant.
    Dans ce que j’ai mis en gras, d’abord, il souligne bien le fait qu’un projet implique l’existence d’un but poursuivi, puis il dit que les êtres vivants poursuivent un but, si on va dans son raisonnement jusqu’au bout.
    Dire que [les êtres vivants] / [les structures des êtres vivants] / [l’activité des êtres vivants] possède un but, soit une finalité, c’est adopter un point de vue finaliste. (cf. http://forums.futura-sciences.com/ep...-cognitif.html si vous n'êtes pas d'accord à ce point)

    Mais j'ai ensuite lu cette conversation sur le forum : http://forums.futura-sciences.com/bi...n-but-oui.html
    Dans cette conversation les intervenants ont l'air de dire que Jacques Monod n'est pas finaliste.

    Y a-t-il vraiment un moyen d’interpréter les propos (cités ci-dessus) de Jacques Monod sans lui attribuer une vision finaliste du monde vivant, ou est-ce que ces lignes correspondent sans doute à un moment d’égarement de Jacques Monod dans des idées non raisonnées ?
    Relisez mieux, et vos mises en gras ne sont que vos propres réflexions.

    Je ne crois pas que ce ne soit pas Jacques Monod qui s'égare, par contre vous auriez intérêt à vous posez des questions sur votre façon d'interpréter un texte.

    Simple exemple : "il souligne bien le fait qu’un projet implique l’existence d’un but poursuivi" ... et ce que dit Monod, "Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature" .... autrement dit, exactement le contraire.

    Le mieux serait peut être d'apprendre à lire !

  3. #3
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Je sais lire −_−" et visiblement mieux que vous.

    Quand il dit « il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. » il affirme seulement qu'il est impossible de de réfuter le finalisme.
    La mise en parallèle des expressions « d'un projet » et « d'un but poursuivi » sert à signifier que ces expressions sont équivalentes dans le contexte de sa phrase.

  4. #4
    invite29cafaf3

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Non, il dit qu'il n'y a pas de preuve possible.

    Alors, si VOUS affirmez un finalisme quelconque dans les discours de Monod, prouvez le (et il ne sera franchement pas content) !

    Et apprenez à lire. Pour le reste, la charge de la preuve vous incombe.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par pelkin Voir le message
    Non, il dit qu'il n'y a pas de preuve possible.
    Qu'il est impossible de prouver qu'il n'existe pas de projet ou qu'il n'existe pas de but poursuivit dans la nature, soit dans les phénomènes naturels. Je vous invite à relire :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature.
    C'est bien bien ce que tout le monde lit, non ?


    Citation Envoyé par pelkin Voir le message
    Alors, si VOUS affirmez un finalisme quelconque dans les discours de Monod, prouvez le (et il ne sera franchement pas content) !

    Et apprenez à lire. Pour le reste, la charge de la preuve vous incombe.
    Mon raisonnement est-il vraiment obscur ?

    J'invite toute personne n'ayant pas compris mon raisonnement à lire l'explication suivante :

    Jacques Monod appelle « postulat d'objectivité » ou « postulat d'objectivité de la Nature » le « refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance "vraie" toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de "projet" » :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l'objectivité de la Nature. C'est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance « vraie » toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de « projet »
    Il ajoute ensuite que la véracité de ce postulat est indémontrable :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature.
    En passant, il met en parallèle le mot "projet" et l'expression "but poursuivit", appuyant par là le fait que l'existence d'un projet implique l'existence d'un but.
    (@pelkin : Eh oui, quand on a un projet on a aussi un but !)
    (Quelqu'un avait suggéré, qu'aujourd'hui en biologie évolutive, le terme "projet" a un sens scientifique un peu différent, indépendant de la notion de but, mais ce n'est visiblement pas le cas dans ce texte de Monod.)
    Je fais aussi remarquer que Monod a précédemment mit en parallèle le mot "projet" et l'expression "causes finales" de la façon suivante :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de « projet »
    Ce qui signifie que : "interprétation en termes de causes finales" = "interprétation en terme de projet"
    C'est bien ce que tout le monde comprend, n'est-ce pas?

    Il dit ensuite que, même si la véracité du « postulat d'objectivité » est indémontrable, la science ne peut pas s'en défaire, même provisoirement dans un domaine limité. C'est-à-dire que même provisoirement dans un domaine limité la science ne pourra pas accepter une interprétation en termes de causes finales ou de projet :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    le postulat d'objectivité est consubstantiel à la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles. Il est impossible de s'en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même.
    Juste après, il affirme que malgré cela, l'objectivité (sous-entendu la vraie) oblige à admettre que les êtres vivants réalisent et poursuivent un projet, par (l'observation de) leurs structures et leurs performances :
    Citation Envoyé par Jacques Monod
    L'objectivité cependant nous oblige à reconnaître le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet.
    D'après l'utilisation que Monod fait du terme « projet » n'est-il pas clair qu'il est en train de dire que les structures et les performances des êtres vivants sont explicables ou interprétables en termes de causes finales, c'est-à-dire avec l'existence d'un but ?
    Cette affirmation de Monod n'est pas explicitement justifié (sinon montrez-moi où) et je ne vois pas en quoi l'objectivité oblige à admettre l'existence d'un projet, d'une cause finale et d'un but dans les êtres vivants.


    Maintenant, à vous pelkin de prouver que je ne sais pas lire.

  7. #6
    invite29cafaf3

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message
    D'après l'utilisation que Monod fait du terme « projet » n'est-il pas clair qu'il est en train de dire que les structures et les performances des êtres vivants sont explicables ou interprétables en termes de causes finales, c'est-à-dire avec l'existence d'un but ?
    Cette affirmation de Monod n'est pas explicitement justifié (sinon montrez-moi où) et je ne vois pas en quoi l'objectivité oblige à admettre l'existence d'un projet, d'une cause finale et d'un but dans les êtres vivants.


    Maintenant, à vous pelkin de prouver que je ne sais pas lire.
    Mais qu'il n'y ait pas de but final ou de cause finale, je suis parfaitement d'accord ET CELA NE DEMEURE QU'UNE OPINION DANS L'AFFIRMATION, ce qui me gêne c'est que vous le fassiez dire à Monod. Tout ce qu'il dit c'est qu'il n'y a pas de peuve du contraire.

    Si je vous dit : "Prouvez moi que dieu n'existe pas !", en déduisez vous donc ipso facto que je crois en l'existence de dieu.

  8. #7
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Je vous invite encore une fois à relire le texte de Monod, plus lentement en réfléchissant bien.

    Si vous dites "Prouvez moi que dieu n'existe pas !", je ne peux rien conclure conclure sur votre croyance en Dieu, mais si vous commencez par dire qu'on ne peut pas prouver l'inexistence de licornes roses et que vous ajoutez que l'objectivité oblige à admettre l'existence de licornes roses, est-ce que je serais déraisonnable en pensant que vous croyez en l'existence de licornes roses ?

  9. #8
    invite29cafaf3

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message
    mais si vous commencez par dire qu'on ne peut pas prouver l'inexistence de licornes roses et que vous ajoutez que l'objectivité oblige à admettre l'existence de licornes roses, est-ce que je serais déraisonnable en pensant que vous croyez en l'existence de licornes roses ?
    OUI ! La preuve, je vous dis que les licornes roses, on ne peut pas prouver leur existence, mais (ce que vous appelez l'objectivité) comme vous ne pouvez prouvez le contraire, les licornes roses sont donc bien réelles.

    Croyez vous, franchement, que je crois au licornes roses !

  10. #9
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Je laisse les lecteurs juger de la bonne foi de chacun…


    Est-ce que quelqu'un veut bien donner un avis (à propos de ma question initiale) même s'il n'a pas d'argument ?

  11. #10
    invite29cafaf3

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message
    Je laisse les lecteurs juger de la bonne foi de chacun…


    Est-ce que quelqu'un veut bien donner un avis (à propos de ma question initiale) même s'il n'a pas d'argument ?
    Des avis ... sans arguments ? Ah ! On est où là ?

    Un referendum, une analyse statistique ???

  12. #11
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par pelkin Voir le message
    Des avis ... sans arguments ? Ah ! On est où là ?

    Un referendum, une analyse statistique ???
    À vous lire on pourrait presque croire que vous avez donné un argument répondant à ma question…

  13. #12
    karlp

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Bonjour Syst.

    Vos remarques sur l'apparente contradiction dans le propos de Monod sont justes: elles méritent qu'on s'y arrête pour saisir ce qu'il veut véritablement dire (c'est toujours plus constructif que de meugler stupidement sur votre prétendue incapacité à lire).

    De mémoire, ce que dit Monod doit s'inscrire dans un contexte particulier : les questions d'ordre biologique motivent l'utilisation d'un vocabulaire qui prête à confusions, confusions que Monod voulait justement supprimer (voilà pourquoi il produit ces formules paradoxales qui vous posent problème).

    Si nous considérons les organes d'un être vivant - mettons les ailes d'un oiseau- nous devront bien admettre qu'ils ont une (ou "des"; mais là n'est pas la question) fonction(s) : les ailes ont pour fonction de permettre de voler (du moins dans certains cas). La connaissance de l'organe s'affine par la connaissance de ses fonctions.
    Notre langage nous conduit à nous exprimer ainsi : la finalité des ailes est (dans certains cas) de permettre l'envol.

    Monod prolonge ici la pensée de Kant: ce dernier refusait de considérer que nous puissions affirmer que la finalité soit immanente à la nature elle même (ce que dit Monod quand il affirme que l'idée de finalité est indémontrable et irréfutable). Néanmoins, il constatait que cette idée de finalité permettait d'introduire un ordre dans notre compréhension des phénomènes: nous comprenons mieux ce qu'est une aile lorsque nous lui associons cette fonction "permettre de voler" (c'est d'ailleurs cette idée qui nous conduit à nous interroger lorsque nous observons une aile qui ne permet pas de voler; voilà en quoi l'idée de finalité est "régulatrice") ou, précisait Kant "quand nous faisons comme si l'aile avait pour finalité permettre de de voler.

    Mais la finalité que nous associons à un organe (et qui n'est finalement que sa fonction - ou l'une d'entre elles) ne signifie pas que celle ci est inscrite dans la nature elle même, d'une part, ni que le monde vivant dans la globalité est conduit par une finalité, d'autre part.

    Ce qu'on appelle parfois "instinct de survie", et dont je crois que les biologistes le supposent souvent dans leurs expressions, correspond à une telle idée "régulatrice": elle postule que les organismes vivants visent une "fin" ( la survie) ; nous permettant ainsi de projeter un certain ordre dans le "brouhaha" des phénomènes (nous aurions du mal à "comprendre" la fuite d'un animal devant un prédateur si nous ne lui supposions pas cet "instinct de survie").

    En résumé: Monod ne dit pas que l'ensemble du monde vivant est guidé par une fin (qui serait prédéterminée par une "intelligence" immanente ou transcendante), il dit que l'idée de finalité nous permet de "réguler" notre compréhension. Cette dernière se limite finalement à ceci : on comprend mieux les organes quand on prend en compte la fonction (l'aile peut servir à voler = l'aile peut avoir pour finalité de voler) et le comportement animal nous semble mieux ordonné si nous supposons que les organismes vivants ont pour finalité (but/projet) de survivre (évidemment les choses sont parfois loin d'être si simples et je serais bien en peine de vous dire quelle est la finalité de certains meuglements )

  14. #13
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Merci karlp.

    J'apprécie vos réponses claires


    Il semblerait que Jacques Monod combattait vigoureusement le finalisme religieux, mais le finalisme est passé d'un finalisme religieux à un finalisme laïque pas moins absurde et Monod a malgré lui contribué à alimenter cette nouvelle forme de finalisme avec sa "téléonomie".
    S'il avait employé des mots comme conséquence, effet, rôle ou fonction* qui n'impliquent pas la présence d'une intention quelconque, je pense qu'il aurait eu moins de problème qu'avec ses mots but, projet et téléonomie. Il n'aurait même pas vu apparaitre de contradiction (celle exposée dans la citation).
    La contradiction n'est qu'apparente parce que les sciences ne s'intéressent ni aux finalités, ni aux téléonomies (dans le sens de Monod), ni aux projets (dans le sens de Monod) ou buts associés aux phénomènes naturels. Ce n'est pas le rôle des sciences.

    *Je fais remarquer en passant qu'une fonction est dans le langage courant quelque chose comme un rôle attribué à quelqu'un ou à un objet par quelqu'un (d'autre).
    Quand on parle d'une "fonction" pour une structure biologique on parle seulement d'un "effet positif pour l'organisme porteur" (ou d'un "[résultat de la présence de la structure biologique] qui augmente la valeur sélective (inclusive) de l'organisme dont la structure fait partie" (c'est ma conception de ce mot))

  15. #14
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message

    Il semblerait que Jacques Monod combattait vigoureusement le finalisme religieux, mais le finalisme est passé d'un finalisme religieux à un finalisme laïque pas moins absurde et Monod a malgré lui contribué à alimenter cette nouvelle forme de finalisme avec sa "téléonomie".
    S'il avait employé des mots comme conséquence, effet, rôle ou fonction* qui n'impliquent pas la présence d'une intention quelconque, je pense qu'il aurait eu moins de problème qu'avec ses mots but, projet et téléonomie. Il n'aurait même pas vu apparaitre de contradiction (celle exposée dans la citation).
    La contradiction n'est qu'apparente parce que les sciences ne s'intéressent ni aux finalités, ni aux téléonomies (dans le sens de Monod), ni aux projets (dans le sens de Monod) ou buts associés aux phénomènes naturels. Ce n'est pas le rôle des sciences.

    *Je fais remarquer en passant qu'une fonction est dans le langage courant quelque chose comme un rôle attribué à quelqu'un ou à un objet par quelqu'un (d'autre).
    Quand on parle d'une "fonction" pour une structure biologique on parle seulement d'un "effet positif pour l'organisme porteur" (ou d'un "[résultat de la présence de la structure biologique] qui augmente la valeur sélective (inclusive) de l'organisme dont la structure fait partie" (c'est ma conception de ce mot))
    Bonjour,

    Heureusement que nos missiles à "têtes chercheuses" ne se posent pas autant de questions quand à l'objectif à atteindre...But, projet, téléonomie, téléologie...On finit par ne plus savoir quel mot employer, pour dire qu'on poursuit un objectif.
    On a aussi l'impression, qu'aucun acquis de la cybernétique, ne s'est diffusé en biologie, si j'en juge par ce qui est écris.
    Et que la notion de processus régulé, de rétro-action, homéostasie, n'est pas non plus du ressort de la biologie... On se demande comme l'organisme à sang chaud fait pour maintenir sa température à 37 °C...

    Haha

  16. #15
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Ouroboros Voir le message
    Bonjour,

    Heureusement que nos missiles à "têtes chercheuses" ne se posent pas autant de questions quand à l'objectif à atteindre...But, projet, téléonomie, téléologie...On finit par ne plus savoir quel mot employer, pour dire qu'on poursuit un objectif.
    Ce sont les humains qui attribuent des buts ou des objectifs aux missiles, pas les missiles eux-même.

    Citation Envoyé par Ouroboros Voir le message
    On a aussi l'impression, qu'aucun acquis de la cybernétique, ne s'est diffusé en biologie, si j'en juge par ce qui est écris.
    Quel rapport ?

    Citation Envoyé par Ouroboros Voir le message
    Et que la notion de processus régulé, de rétro-action, homéostasie, n'est pas non plus du ressort de la biologie... On se demande comme l'organisme à sang chaud fait pour maintenir sa température à 37 °C...
    Voyez-vous un finalisme, un but ou un objectif dans ce que vous citez-là ?

  17. #16
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Syst. Voir le message
    Ce sont les humains qui attribuent des buts ou des objectifs aux missiles, pas les missiles eux-même.
    Voyez-vous un finalisme, un but ou un objectif dans ce que vous citez-là ?
    Non Je ne vois aucun finalisme là dedans.
    Un but ? Un objectif ? De qui ? de quoi ?
    Je sais pas moi, vous dites que ce sont les humains qui attribuent des buts aux missiles...Donc je suppose que les humains ont des buts et des objectifs.
    Rien de plus.

    Poursuivez-vous un but, en participant à ce fil de discussion ?
    Ou bien faut-il just dire pudiquement, que si vous agissez ainsi, c'est parceque votre comportement a été sélectionné par l'évolution ?

    Cordialement,

  18. #17
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Wiki : Le raisonnement téléologique est rejeté par la méthodologie scientifique moderne en raison du principe de causalité qui implique une relation entre une cause et un effet dans laquelle l’effet ne peut précéder la cause. Dès lors, la téléologie s’oppose à deux problèmes :
    • Un problème nomologique : une cause finale, c’est-à-dire un phénomène futur, non advenu, ne peut interagir sur un phénomène présent.
    • Par suite un problème de temporalité : l’intervention d’une cause finale va à l’encontre du principe de continuité du temps (i.e. non cyclicité).
    Un problème nomologique : une cause finale, c’est-à-dire un phénomène futur, non advenu, ne peut interagir sur un phénomène présent.
    A mon avis cet argument n'est pas valable : L'être humain n'interagit jamais avec des phénomènes futurs, mais avec des réprésentations internes de ces phénomènes futurs élaborées par son cerveau associatifs, lui permettant d'agir au mieux de ses intérêts.
    Des représentations qu'il parvient à construire, par l'apprentissage, et les capacités d'astractions du cerveau. non ?
    Par suite un problème de temporalité : l’intervention d’une cause finale va à l’encontre du principe de continuité du temps (i.e. non cyclicité).
    Là encore, ce n'est pas une question de temps, mais de représentation, et de raisonnement conséquentialiste.
    "Demain il va probablement pleuvoir (représentation interne) donc j'emporterai mon parapluie (raisonnement conséquentialiste )"
    Tout cela étant rendu possible par la mémoire associative, et l'apprentissage.

    Cordialement,

  19. #18
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par Ouroboros Voir le message
    Poursuivez-vous un but, en participant à ce fil de discussion ?
    Je cherchais une réponse à ma question.
    Je l'ai eu.
    À part ça, j'essaye de contribuer un peu à répondre aux questions des autres.
    Puis j'aime bien trainer sur ce forum en ce moment.

    À propos du message #17 :
    Ce que vous dites n'infirme en rien ce qui est écrit sur Wikipedia.

  20. #19
    KLASS

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Un projet est une instruction mémorisée qui est destinée à s'accomplir sous telles ou telles conditions.

    Ce que veut nous dire Ouroboros c'est que le missile a dans sa mémoire interne un projet à accomplir, qu'il en soit conscient ou non ce n'est pas le sujet. Si une machine régule une pression il possède une consigne. Si on interrompt la course du missile ou le travail de la machine il est possible de lire sa programmation interne et en déduire ce que ces engins auraient pu accomplir si on les avait laissé faire. Je vois bien un projet dans ces engins.

    En ce qui concerne l'évolution biologique, je ne vois rien qui peut diriger l'évolution si ce n'est le milieu extérieur qui exerce une pression sélective. Rien dans la mémoire interne d'un être vivant, c'est à dire son ADN ne permet de diriger son évolution quelques million d'années plus tard.

    Jamais dans l'ADN du dinosaure on aurait pu y trouver l'aile de l'oiseau*! Mais on aurait trouvé des capacités de mutation qui sont peut être des ouvertures à des innovations.

  21. #20
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Si c'est vraiment ce que voulait dire Ouroboros je suis d'accord, mais la formulation de sa phrase suggère que son propos est un argument pour dire que je me pose des questions inutiles.
    Or la définition de projet que vous donnez là, si je l'ai bien comprise, est bien en accord avec ce que je disais.

    Puis son propos
    Citation Envoyé par Ouroboros
    On a aussi l'impression, qu'aucun acquis de la cybernétique, ne s'est diffusé en biologie, si j'en juge par ce qui est écris.
    Et que la notion de processus régulé, de rétro-action, homéostasie, n'est pas non plus du ressort de la biologie... On se demande comme l'organisme à sang chaud fait pour maintenir sa température à 37 °C...
    montre clairement qu'il n'a pas compris ce que je disais.
    Mais je ne me sens pas d'humeur à essayer de lui faire comprendre quelque chose

  22. #21
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Klass a bien résumé l'idée que je tentais d'exprimer. Avec une approche intéressante centrée sur l'idée d'information.
    En ce qui concerne l'évolution biologique, je ne vois rien qui peut diriger l'évolution si ce n'est le milieu extérieur qui exerce une pression sélective. Rien dans la mémoire interne d'un être vivant, c'est à dire son ADN ne permet de diriger son évolution quelques million d'années plus tard.
    Implicitement donc la science biologique reconnaît une forme d'indéterminisme.
    Dans l'hypothèse d'un pré-déterminisme de type Laplace, on devrait dire : Le milieu extérieur dirige l'évolution d'une main de fer, et rien n'est laissé au hasard. (Couplage total entre l'organisme vivant et l'environnement)
    Mais avec le terme de pression sélective, on attribue à l'organisme vivant une certaine autonomie, un certain libre-arbitre, qui peut être bénéfique ou non à l'espèce et orienter son évolution.

    Le théorie de l'évolution n'est donc pas déterministe, puisqu'elle suggère une interaction Hasard/nécessité.
    Cette inter-action hasard/nécessité rend compte également de l'existence d'un système nerveux qui est une structure d'apprentissage.

    Qu'en pensez-vous ?

    A mon avis c'est un point faible du déterminisme stricte, qu'il ne peut expliquer l'idée de choix qui peuvent être bénéfique ou non.
    Le déterminisme Laplacien ne laisse pas de place au choix car tout relève du stricte nécessaire.

    Cordialement,

  23. #22
    karlp

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Bonjour à tous

    Ouroboros, faîtes attention à l'interprétation que vous donnez au mot "hasard" dans le titre de l'ouvrage de Monod:
    Si vous l'"objectivez" et si vous le considérez comme immanent à la nature, alors vous ramenez le darwinisme à une conception métaphysique qui ne mérite pas d'être considérée comme qualitativement distincte de l'intelligent design.
    Le mot "hasard" doit ici être compris ici comme étiquette de l'imprévisibilité -sans préjuger de ce qu'il en est en "Vérité" (ce qui est définitivement hors du champ de notre savoir)

  24. #23
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Citation Envoyé par karlp Voir le message
    Bonjour à tous
    Ouroboros, faîtes attention à l'interprétation que vous donnez au mot "hasard" dans le titre de l'ouvrage de Monod:
    Si vous l'"objectivez" et si vous le considérez comme immanent à la nature, alors vous ramenez le darwinisme à une conception métaphysique qui ne mérite pas d'être considérée comme qualitativement distincte de l'intelligent design.
    Le mot "hasard" doit ici être compris ici comme étiquette de l'imprévisibilité -sans préjuger de ce qu'il en est en "Vérité" (ce qui est définitivement hors du champ de notre savoir)
    En quoi l'existence d'un hasard objectif impliquerait-elle l'intelligent design ?

    Je dirai plutôt qu'il y aurait de la place, pour l'idée de choix, pour l'idée de conscience, pour l'idée que les choix conscients ne sont pas de simples illusions.
    Ce qui n'implique pas nécessairement qu'il ait une finalité dans la nature au sens anthropologique du terme, mais que la nature fait des choix. (Au sens d'imprévisibilité, irréversibilité, indéterminisme)

    ( Je ne fais pas référence à Monod dans mon propos )

    Cordialement,

  25. #24
    karlp

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Je me suis mal fait comprendre:

    Si vous considérez que le hasard dont parle la théorie darwinienne est immanent à la nature, alors la théorie darwinienne n'est plus scientifique (et c'est en cela qu'elle ne serait pas qualitativement distincte de l'intelligent design).
    Popper avait rejeté le darwinisme du côté des "non sciences" pour cette raison (toute forme de déterminisme ou d'indéterminisme est non réfutable/non scientifique). Mais il se trouve que si on se garde d'hypostasier le hasard, alors la critique de Popper n'est plus valable.

  26. #25
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    toute forme de déterminisme ou d'indéterminisme est non réfutable/non scientifique
    Vous voulez dire que tout ce qui traite de l'absolu est d'ordre métaphysique, la science ne traite que du relatif.

    Et que la question de déterminisme/indéterminisme de la nature est un problème métaphysique.

    Est-ce bien cela ?

    Cordialement,

  27. #26
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Ce qui est non-scientifique n'est pas forcément métaphysique.

    D'après la situation actuelle des connaissances il semblerait que la nature déterministe ou indéterministe des événements observables dans l'Univers ne soit pas confirmable par une quelconque expérience (cf. mécanique quantique et http://forums.futura-sciences.com/de...-debut-33.html). Donc ce n'est actuellement pas une question scientifique, peut-être pour toujours, peut-être pas.

    Pour la théorie de l'évolution, si elle ne permettait pas de faire des prédictions vérifiables (= réfutables) par l'expérience ce ne serait pas une théorie scientifique d'après le popperisme (point de vue admis par la majorité des scientifiques).
    De la même façon, si l'affirmation "Il existe un hasard absolu (par opposition au "hasard" généré par le chaos) intrinsèque aux événements biologiques." faisait partie de la théorie de l'évolution, cette affirmation n'étant vérifiable/réfutable par aucune expérience, la théorie de l'évolution serait non-scientifique.

  28. #27
    invitea4732f50

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Il existe un hasard absolu (par opposition au "hasard" généré par le chaos) intrinsèque aux événements biologiques." faisait partie de la théorie de l'évolution, cette affirmation n'étant vérifiable/réfutable par aucune expérience, la théorie de l'évolution serait non-scientifique.
    "Absolu" signifie je suppose "ontologique" c'est à dire intrinsèque, ce qui effectivement est métaphysique puisque la démarche scientifique est relative, elle décrit des relations entre un cadre expérimental et des instruments de mesures.
    Mesures sur lesquelles repose les critères de réfutabilité.

    Cordialement,

  29. #28
    Nicophil

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Bonsoir,

    Citation Envoyé par Ouroboros Voir le message
    la démarche scientifique est relative, elle décrit des relations entre un cadre expérimental et des instruments de mesures.
    Mesures sur lesquelles repose les critères de réfutabilité.
    J'ai du mal à voir ce que tu veux dire. Peux-tu prendre un exemple ?
    La réalité, c'est ce qui reste quand on cesse de croire à la matrice logicielle.

  30. #29
    shokin

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Finalement, est-ce que Jacques Monod était fan des procès d'intention ?
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  31. #30
    Syst.

    Re : Jacques Monod est-il finaliste*?

    Il n'avait sûrement pas l'intention d'être ou de paraitre finaliste, mais je pense qu'il l'était, paradoxalement.

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