Il n’a échappé à personne que des élections viennent d’avoir lieu en France mettant un terme à une campagne pendant laquelle de nombreuses propositions pleuvent. La science et plus particulièrement la Recherche n’a pas été oubliée. Tous les candidats (au moins les principaux) avaient leur avis sur ce dossier.
La démocratie s’est très largement exprimée en faveur d’un candidat. Essayons donc d’étudier un peu les propositions concernant la Recherche fondamentale. Il ne s’agit pas de polémiquer ni de diaboliser quiconque, mais en tant que citoyen et scientifique il me paraît important d’aborder ce sujet crucial pour l’avenir de la recherche et de la société dans notre pays. D’autant que je ne suis pas certain que le grand public en comprenne bien les enjeux.
Tout d’abord, il convient de rappeler la situation actuelle que traverse aujourd’hui l’université et la recherche scientifique. En 2003, un mouvement de chercheurs – du public et du privé - est né du simple constat que notre pays avait comme déclin pour avenir si le gouvernement (à l’époque) ne permettait pas une recherche dynamique et efficace. Le 25 mars 2003 naît Sauvons-La-Recherche, une association rattachée à aucun courant politique (syndicat, parti…) et soutenue à plus 90% pas l’ensemble des acteurs de la recherche (chercheurs, enseignants chercheurs, responsables d’équipes, thésards, étudiants…). La légitimité de ce mouvement n’est donc dans ces conditions pas discutable.
En 2004, première mondiale, des chercheurs descendent dans la rue face à un gouvernement qui réduit considérablement les moyens (financiers, logistiques et humains) de la Recherche fondamentale. Le gouvernement décide alors de geler sa politique de recherche. Le pire est donc écarté, mais la situation reste alors très inquiétante. Pour répondre à cette dernière, des états généraux de la recherche se tiennent en 2004 à Grenoble. Il s’agit d’une réflexion collective sur l’état de la recherche publique et de propositions pour répondre concrètement à cette situation en vue de la discussion sur la loi de programmation et d’orientation de la recherche l’année suivante (2005). Des réformes structurelles et peu onéreuses sont alors proposées.
Malheureusement, le gouvernement ne tient compte de ces propositions de réformes et vote en 2006 une loi dont les caractéristiques vont à l’encontre des propositions des états généraux de la recherche. C’est par la baisse des financements et la réduction du nombre de postes que celui-ci répond aux attentes des chercheurs. D’autre part, la mise en place de financements sur projet piloté par l’ANR est vouée à devenir la norme d’ici 2010. Cette loi votée en 2006 a été unanimement soutenue par l’UMP et donc par notre nouveau président. Quelles sont les conséquences d’une telle politique ?
C’est le ministère qui aura la prise de décision sur les financements des projets et non des organismes indépendants que sont le CNRS, l’INSERM, l’INSU. Ceci veut dire que le gouvernement est maître de décisions sur ce qui est bon et « mauvais » en recherche publique. L’orientation des recherches et des laboratoires devient donc politique. Ceci veut également dire que la recherche publique est traitée comme l’ensemble des activités humaines, c’est-à-dire à finalité économique et à court terme.
Encore une fois, il ne s’agit pas de prôner pour les ex-candidats, mais plutôt d’avertir les citoyens sur ce qui risque de se passer dans ce pays. Il s’agit donc d’être vigilant aux propositions du futur gouvernement en ce qui concerne la recherche. Si vous voulez une actualité scientifique intense et passionnante, la recherche doit garder son indépendance faces aux politiques.
-----