Bonjour,
Acceptons d'emblée la bonne foi de tous les participants aux discussions de ce forum. Après une année de pratique, je pense que pour tous les thèmes impliquant la société, ce sont principalement deux groupes qui s'affrontent: les idéalistes, en général jeunes et les réalistes, plus âgés.
C'est tout à fait normal, car quand on est jeune et de bonne volonté, le souhait de faire progresser l'humanité vers ses idéaux n'est pas contrarié par l'expérience des hommes, qui ne peut être acquise qu'au cours de leur fréquentation longue et si possible géographiquement étendue. Je n'ai pas encore vu de manuel qui, à part de théories plus ou moins vérifiées, donne une idée juste de ce à quoi on peut s'attendre de la part des hommes. Le manque d'expérience fait qu'une fois le bon objectif fixé, on croit qu'il suffit d'en exprimer le désir pour l'atteindre.
Ce qui conduit à ce qu'on appelle de façon imagée Yaka Faucon. Par exemple "il faut que 80 % des jeunes atteignent le niveau du bac, il n'y a qu'à augmenter le budget de l'éducation nationale en conséquence". Si l'on cherche l'erreur, on trouve que la qualité de l'enseignement n'est pas du tout proportionnel au budget alloué (voir différence entre public et privé), qu'en fait il faut baisser le niveau du bac, que de toute façon celui-ci ne sert pas à grande chose, puisque pour profiter d'un bon enseignement supérieur il faut passer par une "prépa", que la société n'a pas besoin uniquement d'intellectuels, mais aussi de bons manuels, qu'un bachelier se trouvera déprécié si on lui offre un travail qu'il trouve indigne de sa qualification etc.
L'expérience venant, on comprend que tout changement, surtout dans le sens du progrès provoque des résistances, justifiées ou non, par une grande partie de la population, difficile à surmonter dans les pays démocratiques. L'exemple typique en est le rejet des OGM alors que rien ne prouve la nocivité des aliments qui en sont issus, maintenant déjà nombreux et utilisés par une grande partie de l'humanité.
Ce rejet peut être néfaste quand l'urgence d'une évolution se heurte entre autres à la lenteur imposée par les principes démocratiques. Ce système politique, le "moins pire" de tous, a le défaut d'empêcher, quelquefois longtemps, les réformes pourtant nécessaires, à moins de tomber au bon moment sur un homme providentiel qui, par son charisme, obtient l'adhésion d'une large majorité à ses projets.
On sait que l'une des conditions importantes pour juguler la croissance démographique est l'émancipation des femmes. Dans les pays culturellement les plus évolués c'est déjà chose faite, mais il serait important que le tiers monde suive le mouvement sans trop tarder. Malheureusement des obstacles, relevant des religions, du machisme traditionnel, du manque d'éducation et d'instruction, ralentissent la transition démographique, ruinant du même coup les économies déjà mal en point dans ces pays, dont la plupart ne bénéficient pas d'un régime démocratique. Faut-il alors, par respect pour les principes démocratiques, s'empêcher de forcer énergiquement les pays en question à réaliser cette transition, même au prix de quelques entorses à ces principes? La réponse des idéalistes est oui, des réalistes, non.
Vu mon âge, je me range dans le camp des réalistes.
Amicalement paulb.
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