Bonjour tout le monde,
Cela peut paraître invraisemblable pour certains d'entre vous, mais l’amour, tel que vécu par l’homme est, selon moi, la plus grande illusion qui soit. C’est seulement lorsque cette illusion est démystifiée que la conscience de l’homme commence à s’éclaircir et à s’épanouir vraiment. L’état appelé amour dans le langage de l’homme le rend aussi heureux qu’il peut le rendre malheureux. L’homme considère que l’amour est lié au risque de souffrir. L’amour le pousse à la violence, à la colère et quelque fois au meurtre et au suicide. Il rend triste, jaloux, inquiet. L’amour le rend dépendant. Dépendant veut dire limité par ce qui nous rend dépendant. L’amour est une véritable drogue. Il attache et fait souffrir lorsqu’on essaie de s’en séparer. Si une personne a besoin de quelqu’un, elle en est automatiquement dépendante. Et c’est justement cette dépendance qui, se cristallisant dans sa psychologie, lui fait croire que c’est de l’amour.
De nos jours, il y a beaucoup de divorces. Les gens s’aiment un temps, puis ne s’aiment plus. On met plus d’énergie à reconstruire un amour fragile, à le consolider, qu’à le vivre. Et souvent, lorsqu’il semble stable, solide, on a peur qu’il ne s’émiette. Ce que l’humain aime chez une autre personne, c’est ce que l’autre lui apporte : la sécurité, le confort, la distraction, le plaisir physique ou psychologique, l’argent, etc. Mais quand la personne tant aimée n’apporte plus rien ou plus assez, plus souvent qu’autrement il ne l’aime plus autant ou plus du tout. Il va même jusqu’à la haïr et commence à chercher ailleurs. Finalement, il y a chicane, séparation et souvent divorce. C’est ainsi que cela fonctionne dans le monde de l’homme. Ce n’est pas de l’amour, mais elle est perçue de cette façon dans sa psychologie.
Nous savons tous que l’humain aime. Et la première loi d’expression de l’amour est justement l’attraction. Celui qui aime est attiré vers autrui ou attire à lui, autrui. C’est le principe fondamental de l’amour. Mais quand l’homme dit aimer la nature, les arbres, les fleurs, les animaux et les autres humains, qu’est-ce qu’il aime? Qui les respecte vraiment? Il n’aime pas d’une façon intelligente, mais d’une façon émotive et égoïste. Il dit aimer une fleur. Alors, il la cueille et la met dans un pot sur sa table, pour pouvoir l’admirer. Il la tue pour mieux l’aimer. En fait, il n’aime pas la fleur. Comme il n’aime rien sur la planète Terre. Ce qu’il aime est ce que la vision de la fleur lui apporte. Il aime la voir, il aime la tendresse et le plaisir qu’elle lui inspire. Bref, il aime le jeu de sa pensée et de ses émotions stimulées par la vision ou le contact. Il arrive à aimer de la même façon une photo de fleur. Comme il est capable d’aimer la photo d’un être cher. Il n’est pas capable d’aimer réellement, d’une façon détachée, sans souffrance, car il n’aime que pour lui. En fait, l’homme déteste l’extérieur. Il n’aime que l’intérieur qui est sa vision de l’extérieur. Il aime regarder l’extérieur, à condition que celui-ci suscite chez lui un remous émotif ou de pensée, en accord avec son concept de la beauté et du bonheur. Ce mécanisme l’empêche de voir la réalité du dehors. Il ne peut voir les choses telles qu’elles sont.
L’homme ne peut aimer parce que sa pensée aime. Il ne peut aimer parce que sa mémoire aime. Son amour aime. Voilà le problème. Son amour est sélectif. Son amour, généré par sa pensée ou par son émotion, ne peut arriver à apposer le sceau d’amour que sur ce qui a été découvert de façon plaisante, au cours de son éducation, de son apprentissage scolaire et vivant. L’homme, pour aimer, doit connaître l’objet qu’il va aimer. Dans cette connaissance, il trie inconsciemment l’extérieur, à partir de ses souvenirs, de ce qu’il appelle ses émotions, de l’impression de sécurité qu’il ressent. Finalement, il divise le monde en trois parties : ce qu’il aime, ce qui le laisse indifférent et ce qu’il n’aime pas. L’humain ne peut pas aimer d’un amour intelligent parce qu’il aime d’un amour sélectif. Un amour sélectif n’est que l’ombre de l’amour réel. Chez l’humain, son amour est déformé par le contrôle qu’a les souvenirs sur la conscience. Et le fait qu’il ne puisse comprendre que son amour fait de lui un être égoïste l’empêche de voir la cause d’une grande partie de sa souffrance.
Prenons comme exemple de souffrance, la mort d’une personne qu’il aime. La mort est la terminaison de la vie. C’est la fin prévisible du corps de l’homme, de la femme et de tout ce qui a le privilège de vivre. Mais, malgré la constatation évidente de ce mécanisme, l’humain résiste toujours à la mort d’un proche, parce qu’elle lui rappelle qu’il vit. De surcroît, il ne vit la réalité qu’en fonction de ses souvenirs et de ses peurs. Par conséquent, si un inconnu meurt, cela ne le touche pas ou très peu. S’il connaît la personne, sa mort va le perturber un peu plus. Mais s’il connaît bien la personne, il va être complètement perturbé. Plus ses souvenirs auront été entachés du contact avec le mort, plus la souffrance sera grande. S’il avait la faculté d’oublier immédiatement les souvenirs relatifs au disparu, il ne pourrait pas souffrir de sa disparition. L’homme s’oppose à ce mécanisme. Pour lui, aucun être humain, vraiment humain, ne peut rester insensible à la mort d’une personne qu’il aimait. Il est assujetti à l’idée que l’on est humain si l’on souffre de la mort de ceux qu’on aime. Pour l’humain, c’est une preuve d’amour que de souffrir à la mort de quelqu’un. Ce n’est pas la mort qui est souffrance. C’est l’obligation de s’adapter qui fait souffrir. On peut définir la souffrance, dans TOUS ses états d’expression, comme étant la résistance que va opposer un souvenir à une transformation.
Ce que l'homme aime, il l’aime pour lui. Il le veut, il en a besoin, il ne peut plus s’en séparer, il ne peut plus s’en passer. Du moins, c’est ce qu’il croit. Mais un jour, la personne chère s’en va. Elle le quitte ou elle meure. Et c’est le drame. L’homme pleure. Il est malheureux. Il souffre. Mais, croyant pleurer pour l’autre, il pleure pour lui. Il se demande comment faire pour s’en sortir, comment il va vivre sans l’autre. Il se remémore de bons moments pour essayer de faire continuer cette liaison dans sa conscience, dans ses souvenirs, vu qu’elle n’est plus possible dans la matière. Mais il n’aimait pas cette personne pour elle. Il aimait pour ce qu’elle lui rapportait. Et c’est sur ce vide, laissé par son départ, qu’il pleure. Et c’est ce vide qui le fait souffrir. Le temps arrangera quand même les choses, parce que l’amour psychologique de l’homme est généré par ses souvenirs. Le temps lui permettra d’accumuler d’autres souvenirs. Ceux-ci combleront le vide et il recommencera à aimer sélectivement, en fonction de son expérience.
Il faut comprendre qu’un amour sélectif est, en fait, un amour égoïste. Si une personne fait quelque chose qui ne rapporte qu’à elle, on la dit égoïste. Mais si ce qu’elle fait rapporte aussi aux autres, alors, on la dit altruiste. Il est à remarquer que c’est ceux à qui ça rapporte qui déclareront l’autre altruiste, alors qu’eux sont égoïstes. L’homme dit de quelqu’un qu’il est altruiste, s’il pense à lui (celui qui juge), et qu’il est égoïste s’il n’y pense pas. N’est-ce pas là un point sublime de l’illusion?
Si l’homme exprimait un amour intelligent, il ne sélectionnerait pas ce qu’il va aimer et ce qu’il ne va pas aimer. Il n’aurait pas besoin d’être aimé pour aimer. Il se suffirait à lui-même. Il s’aimerait consciemment comme il aimerait consciemment les autres et tout ce qui constitue la Terre. Son amour serait une relation de vie avec l’extérieur. Il ne déformerait pas l’extérieur. L’extérieur est ce qu’il est. Son amour serait vivant, il ne pourrait être étudié par celui qui ne le vit pas. Et pour celui qui le vit, il n’a plus d’importance à être étudié. Cet amour est déterminé par la faculté qu’a l’humain de voir les choses comme elles sont. Un amour sélectif est un amour psychologique. Un amour non sélectif, est un amour intelligent. La souffrance n’a rien à voir avec l’amour.
À vous,
Le mystérieux inconnu
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