Avant je prennais les spéculations métaphysiques du forum philo. avec humour. Maintenant je suis plus circonspect. Parce que pendant que d'aucuns défendent mordicus leur preuve spiritualo-ontologique de Dieu et que d'autres réfutent Dieu au nom de la toute puissance du scepticisme-nihilisme-matérialisme-scientisme, sur le champ de bataille du topic "Les religions, fléau de l'Humanité?" complété par "Dieu existe t il?", un beau petit fléau réel est tranquillement entrain de faire ses millions de morts tragiques. Pas un enemi qu'on refuse et qu'on rejette comme le SIDA, nan nan, ce serait trop facile, et pas besoin d'un topic. Non non.
L'alcool. CH3CH2OH. Belle molécule non? Présente dans les nuages interstellaires, si je ne me trompe. Un des produits de la fermentation des bactéries, je crois.[...] Selon le chef de la police criminelle de Vilnius, Juozas Kandzezauskas, Cantat, 36 ans, sous les effets d'un mélange de médicaments et d'alcool, aurait poussé l'actrice qui est tombée par terre en se cognant à la tête. Cette version des événéments a été présentée à la police par le fils de l'actrice, Romen Kolinka, selon M. Kandzezauskas, cité par l'agence BNS. [...]
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Il y a quelques temps, je rigolais en voyant des biches à la télé, qui dévoraient les pommes tombées au sol pour l'alcool que la fermentation au soleil avait dégagé, à l'intérieur. J'ai ri encore plus face à cette histoire d'éléphants chinois ayant attaqué un village pour dévaliser les tonneaux de bière.
Maintenant je ne ris plus. Une personne, mère de famille, est en train de mourir, une personne célèbre, tabassée par un homme célèbre. Mais surtout des artistes, des esthètes (cf. très infra), ce qui est symboliquement violent pour moi. Sous l'emprise éthylique. Oui, il y avait les médicaments. Mais les médicaments sont une invention récente, ils n'ont pas le casier judiciaire accablant de l'alcool, et de plus, l'alcool motive bien la violence sans médicaments.
Je me rend compte que l'humanité est desespérément attachée à sa bouteille, à sa gueuse de bouteille. Essayez de vous passer d'alcool pendant un an! Essayez! Vous subirez le mépris des autres qui vous y emmèneront à nouveau. Sauf si vous fréquentez des gens raisonnables, ce dont je vous féliciterais. Les alcooliques sont parfois chanceux, en ayant utilisé l'alcool comme une drogue "de défonce", une fois sevrés ils n'y touchent plus. Mais sont méprisés, exclus. Mais les autres... ceux là le prennent sans plaisir, juste par nécessité! ou pire, par nécessité de se défoncer, de se bourrer jusqu'à en vomir son être.
Mon père me disait toujours : "retiens bien ces quatres inventions de l'Homme : la charrue, l'imprimerie, l'alambic et la poudre à canon. Les deux premières ont apporté liberté et bonheur. Les deux autres, ruine et mort". L'alambic distille et pisse son poison et le répand. Tous s'agenouillent et lèchent la dernière goutte qui souille le sol. L'alcool n'est pas une drogue dure, qui intervient chez certains individus à certaines périodes de leur vie, les "retirant" de la société humaine impitoyablement. L'alcool agit tout au long de la vie, de l'adolescence à la vieillesse. Il pourrit l'homme de l'intérieur. Il amenuise la volonté, altère la conscience. Puis attaque le corps, foie, cerveau, gorge, intestins, etc, ce qui altère le tempérament et redouble ses effets psychiques néfastes. Mais le pire est qu'il s'est intégré aux coutumes humaines et en a tiré une fausse légitimité. On ne peut pas interdire l'alcool, c'est dans les moeurs du peuple! Comme si des moeurs héritées par éducation forcée pouvaient avoir une quelconque valeur juridique!
L'alcool n'est pas un besoin. Nous pouvons vivre sans alcool, mais pas sans manger, manger EST un besoin. Le vin, "boisson divine", est une exception, disons que l'alcool n'y fait qu'accompagner son goût sublime. Même les alcools forts de tradition sont de bonnes boissons, la griserie faisant partie du plaisir gustatif. C'est l'alcool qu'on boit en esthètes.
Non, je parle du sale alcool, de l'urine d'alambic assez forte pour désinfecter une fosse sceptique, qui fait décoller plus fort que les pilotes d'Air France : à 70°. sans goût, ou avec un goût que la coutume oublie.
Il n'y a même pas besoin d'invoquer un obscur lobby alcoolier pour justifier cet état de fait! Les producteurs sont innocents! Ils répondent à une demande, et ne sont pas sensés deviner que leur oeuvres d'artisan finissent "torchées" sans respect.
Tout le monde veut l'alcool, tout le monde a soif. Tout le monde veut se griser un peu, tout le monde veut être esthète sans le goût, vilain prétexte. Mais l'excès, il est "dedans la merde". Modération, c'est qui? connait pas. L'esthète boit avec raffinement, et donc sans excès, et n'a pas à gâter sa contemplation avec ce concept ascétique de modération. Il contemple mais ne consomme pas. Il boit UN bon vin. Pas DU vin.
La consommation (et non la contemplation) appelle l'excès, si certains ont une volonté plus resistante que les autres, tant mieux! Mais n'ayez aucun espoir. Si ce n'est pas eux qui se tueront ou tueront par l'alcool, ce seront leurs enfants. Ou leurs petits-enfants. Il a le temps. Les hommes meurent et naissent, mais techniquement, les bactéries anaérobies sont immortelles, par la mitose. L'alcool-sans-goût coulera à flot pour des siècles, même quand les antibiotiques et les antiviraux seront devenus inefficaces, même quand les mers auront rongé les terres. Il aura le temps de tuer des centaines et des centaines de femmes sous les coups de leurs amants, de jeunes contre des troncs d'arbres, de SDF dans le froid moscovite, et j'en passe. Il s'imiscera partout, corrompant tout sur son passage.
Le pire serait d'interdire l'alcool. L'interdire, ce n'est qu'interdire la contemplation du bel alcool par la fine bouche, qui se fait au grand jour, entre amis parfois, et c'est encourager la consommation en ne laissant qu'elle comme alternative. L'esthète pressé de boire son rouge en oublierait son goût, et deviendrait vulgaire consommateur. Une belle victoire pour une belle merde. Encourager la "contemplation"? Le peuple comprendrait mal.
La solution pour moi : éduquer le goût, dans tous les domaines. Eduquer à l'alcool, faire honneur à ceux qui travaillent pour le fabriquer, par respect pour l'ingéniosité de l'Homme. Et ne pas l'avaler pour étancher sa soif ou son envie d'alcool-qui-grise.
Neutrino,
sentiments distingués pour la famille de la victime du poison.
Mise en place d'un titre plus explicite, déplacement vers une section plus adaptée, Damon
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