Petit conte pour endormir les enfants,
Il était une fois un photon, qui parcourrait l'espace. Il ne savait pas trop si cet espace était bouclé à grande échelle. Sans doute que oui, mais il avait une conception très nombriliste des problèmes et, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, supposait que l'espace était localement plat. A la rigueur ce qui se passait au loin n'avait pas d'importance.
Il n'était pas seul, il avait plein de copains photons qu'il croisait de temps en temps. Ils parcourraient tous inlassablement leur espace plat à la vitesse maximale autorisée. Leur Dieu leur avait offert à tous à leur naissance une montre. Cette montre avait quelque chose de particulier, elle n'avait pas le droit d'avancer ! Ce cadeau était accompagné d'une consigne commune : si l'un de vous fait avancer sa montre ou la désynchronise d'avec ses petits copains, votre monde disparaitra, simplement parce qu'il ne pourra pas exister.
Les photons, trop heureux de leur liberté, surveillaient constamment leur montre pour s'assurer qu'aucune aiguille n'avait bougé. Avant de s'éclipser de ce monde leur Dieu leur avait confié un pouvoir : le pouvoir d'ordonner au monde ce qu'il doit faire pour survivre, c'est à dire obéir au photon porteur de la montre et se plier à toute demande de sa part pour que sa montre n'avance jamais.
Depuis le départ de leur Dieu, les photons avaient continué de d'aller tout droit dans leur plan et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais un jour, tapis dans l'ombre leur Dieu leur envoya une épreuve : il jeta au beau milieu de leur plan une masse, et pas une petite, une énorme boule de matière. Les photons connaissaient la légende de cette fameuse matière qui fait ralentir les montres, aussi ne se sont ils pas laissés avoir et tous ont eu la même idée en même temps, ordonner à l'espace-temps de se déformer !
Pourquoi ? Parce que le photon ne peut pas changer de trajectoire, il ne peut qu'aller tout droit. Ainsi, en allant tout droit dans cet espace-temps courbe il arriverait, vis à vis de tous les autres photons éloignés de cette masse intruse, à faire en sorte de mettre plus de temps pour aller d'un point A à un point B situés de part et d'autre de la masse qu'il ne l'aurait mis en absence de masse. En quelque sorte il s'accorde avec la matière pour faire en sorte que "leurs" montres semblent être ralenties, sans que la montre du photon n'ai réellement bougé d'un poil. Les photons avaient gagné leur droit à survivre en passant l'épreuve envoyée par leur Dieu.
FIN (normalement à ce stade l'enfant dort depuis un bail... )
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Ce conte c'est un peu le paradoxe de la poule et de l'œuf. Qui était là le premier, qui dicte les lois et ordonne ? On nous dit que la matière déforme l'espace temps et que le photon se plie à cette déformation en suivant des lignes droites dans cet espace temps déformé. Mais comment est il possible qu'un élément extérieur à l'espace vide, dans lequel les lois originelles perdurent, puisse déformer l'espace de façon exactement idéale pour qu'aucun photon ne voit sa montre avancer et pour qu'aucun ne soit désynchronisé de TOUS les autres photons, où qu'ils se situent dans l'espace ? Comment un élément extérieur peut il répondre aux contraintes de la montre du photon sur laquelle il ne sait rien ?
Je sollicite donc vos avis sur le sujet : Selon vous, est-ce la matière qui déforme l'espace-temps et le photon qui se plie à ses courbes. Ou est-ce le photon qui, de par ses impératifs universels, dicte à l'espace-temps la forme qu'il doit prendre pour le laisser passer "tout droit" en présence de matière ? Vous allez me dire que le résultat est le même, certes... mais conceptuellement pour moi ça fait une grosse différence !
Merci d'avance
Mailou
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