Je vais essayer de résumer grossièrement, de façon vulgarisée (à mon niveau quoi...) :
Pour comprendre le problème de rester dans l'alignement Soleil / Terre a une altitude orbitale supérieure à celle de l'orbite terrestre, il faut se rappeler que plus une orbite (circulaire ou quasi circulaire bien entendu) est haute, moins elle tourne vite (elle nécessite plus de temps pour faire un tour complet).
Donc qu'on ne peut rester dans cet alignement Soleil /Terre que si on injecte en permanence de l'impulsion prograde pour compenser cette vitesse moindre qui ferait décaler la position vers l'arrière de l'axe Soleil / Terre avec le temps.
Or, si on fait ça, on remonte progressivement le périhélie a l'opposé, et on se retrouve avec une orbite qui voit son altitude augmenter inexorablement : pas cool.
Sauf si on injecte en plus de la poussée vers le soleil, mais ça fait énormément de consommation, c'est absolument inenvisageable.
Mais la "magie" des ondes gravitationnelles permet de créer, par interférence, deux endroits, L1 et L2 qui sont des attracteurs "virtuels" qui sont le fruit de l'interaction des ondes gravitationnelles Soleil / Terre.
Un peu comme une grande vague scélérate qui se forme avec la conjugaison de deux vagues plus petites a des endroits précis (ici L1 et L2).
Le résultat c'est qu'on peut se servir de cette attraction pour rester dans l'alignement à moindre frais d'impulsion.
Mais pas exactement au L2 (dans le cas qui nous occupe), uniquement en tournant autour (avec la necessité de corriger régulièrement, mais très légèrement), en profitant de cette attraction virtuelle a L2, qui est réelle et significative.
C'est vrai que ça n'a rien d'intuitif, mais l'astrodynamique est rarement intuitive.
La seule façon de tourner à la même vitesse que l'axe Soleil / Terre sans "rien toucher" c'est d'être à la même altitude que la Terre : cas des points de Lagrange L3/L4 et L5 qui sont précisément a l’attitude de l'orbite terrestre... mais pas dans l'axe Soleil / Terre.
Mais ceci n'a rien d'étonnant, puisque si on est sur la même orbite... on tourne a la même vitesse.
Sauf évidemment qu'un corps de masse réduite est beaucoup plus soumis aux influences gravitationnelles externes et peut se faire jeter de cette orbite par les influences des autres corps du système solaire.
Cependant, les L4 et L5 peuvent être des endroits d'une certaine stabilité, même pour les corps de faible masse.
Exemple : les astéroïdes troyens de Jupiter, les plus stables des troyens car Jupiter est la plus massive des planètes de notre système, donc l'interaction gravitationnelle Soleil/Jupiter y est la plus forte.
Au point que Jupiter est même capable d'embarquer une cohorte de troyens qui ne sont pas tous exactement a l'altitude orbitale de Jupiter (c.f. le schéma du lien).
Mais c'est beau d'avoir trouvé ça avec des maths (bien avant d'avoir pu le constater par l'observation) et c'est bien pratique pour l'astronautique (surtout L2 qui sert bien la recherche scientifique).
Attention aussi a ne pas croire qu'a L2 on se sert de la terre comme bouclier (thermique ou radiatif) contre le Soleil, car en fait on est jamais exactement dans l'axe Soleil / Terre, de même qu'on est jamais exactement a L2 : on tourne autour de L2, la position pile a L2 étant particulièrement instable, elle necessiterait beaucoup plus d'impulsion pour s'y maintenir que ce qui est necessaire pour orbiter autour.
J'espère que je n'ai pas dit de bêtises...
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