Bonjour,
Maintenant que l'Agence Européenne du Médicament et son équivalent britannique ont confirmé la possibilité d'un lien de cause à effet entre l'injection du vaccin AZ et les cas de thromboses parfois mortels constatés dans les deux semaines suivantes, il me semble utile de regarder de plus près quel est le rapport bénéfice / risque de ce vaccin.
Selon les signalements, ces cas concernent principalement des femmes jeunes ou d'âge moyen (entre 18 et 60 ans), et leur fréquence est probablement de l'ordre de 3 à 5/100000 dans cette partie de la population :
il y a 86 cas recensés dans l'UE et au R-U. pour 25 millions de personnes vaccinées avec AZ (dont 18 millions au R-U.), mais je suppose que seulement 10 à 15% des vaccinés sont des femmes de 18 à 60 ans. En effet dans la plupart des pays (et en particulier au R-U.) la priorité a été donnée aux personnes âgées ou souffrant de comorbidités. Au R-U., 6 millions de personnes de 16-64 ans (dont probablement ~3 millions de femmes) ont reçu au moins une dose, AZ ou Pfizer mais majoritairement AZ (AZ représente plus de la moitié des doses injectées au R-U.), donc je suppose que 1,5 à 2 millions de femmes entre 16 et 60 ans ont reçu une dose AZ.
Parmi ces cas de thrombose un peu plus de 20% sont mortels (18 sur 86), ce qui donne un risque de décès de l'ordre de 1/100000 dans les deux semaines suivant l'injection du vaccin AZ, chez les femmes entre 18 et 60 ans.
Ce risque est élevé. Pour être objectif, il faut le comparer avec le risque de décès dû au Covid, en fonction de la situation de l'épidémie : actuellement en France, dans les tranches d'âge entre 20 et 60 ans, 2 à 3% de la population (pourcentage décroissant avec l'âge) sont infectées chaque mois. Pour les femmes (car le Covid est inégalitaire...), l'IFR (le risque de mourir en cas d'infection) augmente quasi-exponentiellement en fonction de l'âge, de 3/100000 pour les 20-29 ans à 1/1000 pour les 50-59 ans.
Donc effectivement, pour les plus âgées, dans la situation actuelle de l'épidémie le risque de mourir du Covid dans le mois est d'environ 2/100000, plus élevé que celui causé par l'injection du vaccin AZ. Mais déjà pour les 40-49 ans il est un peu plus faible (~0,7/100000), et pour les moins de 40 ans il est plutôt de l'ordre de 1 pour 1 million, dix fois moindre.
Conclusion : le rapport bénéfice / risque du vaccin AZ est clairement défavorable pour les femmes de moins de 50 ans (pour les hommes probablement moins), et le choix fait par la plupart des gouvernements européens de continuer de l'utiliser mais en le réservant aux plus âgés est raisonnable, au moins dans la situation actuelle de pénurie de vaccins et dans les pays où l'incidence est élevée.
Cela ne pourra évoluer que lorsque le mécanisme causant les cas de thrombose et/ou le profil des personnes les plus susceptibles d'en être victime auront été clairement identifié, ce qui permettra de mettre en place des actions préventives (ou de n'écarter de la vaccination AZ que les personnes présentant un risque élevé) ou curatives.
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