Je viens d'entendre sur France Inter l'invité du jour, le professeur Luc Montagnier, qu'il n'est pas besoin de présenter. Pour découvrir avec surprise qu'il parle non pas du SIDA mais ..... de la mémoire de l'eau (un peu de google me fait découvrir que ce n'est pas vraiment nouveau, en fait, ça fait quelques années qu'il en parle...). Dans un contexte journalistique qui donne une ambiance de site web conspirationniste : les génies méconnus et précurseurs rejetés par la communauté scientifique officielle mais qui ont fait des découvertes géniales , qui seront reconnues dans quelques siècles.
Après la querelle Allègre, voilà encore un débat intéressant, où science officielle et francs-tireurs, parfois ayant eu une reconnaissance considérable dans un domaine mais hétérodoxes dans un autre, rentrent en collision , et tout ça sous l'oeil de journalistes qui se gargarisent de belles paroles sans rien comprendre aux théories dont ils parlent (parait que l'eau émettrait des "ondes électromagnétiques, ouaaaaah ! si on n'avait pas inventé les ondes électromagnétiques, les journalistes auraient du trouver autre chose, c'est tellement "in", ce nom....)
Effectivement, il y a eu des cas de théories méconnues ou rejetées à leur époque, des Galilée, des Boltzmann. Mais combien y a-t-il eu aussi de "rayons N" et autres canaux de Mars.... Je ne vais pas donner mon avis personnel sur la mémoire de l'eau ###### bien que j'en ai un assez défini sur chaque cas. Ce que je remarque c'est l'absence totale d'argumentation réellement scientifique dans ces débats. Manifestement, dans beaucoup de cas, les gens prennent position non pas sur l'examen soigneux des faits, des théories, et de la logique, mais sur l'impact qu'ils sont sur leurs représentations affectives. On ne croit pas par suite d'une argumentation et d'un examen sérieux du pour et du contre : on croit parce que ça plait ou ça déplait, parce qu'on a catalogué affectivement ceux qui expriment ce genre d'idée en héros, ou au contraire en zéro. Probablement parce que dans la grande majorité des cas, la plupart des gens n'ont pas la compétence nécessaire pour en discuter scientifiquement d'ailleurs, ce qui est compréhensible. On remplace donc cette capacité par un mécanisme de foi - qui est malheureusement notoirement inefficace pour converger vers la vérité.
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