Parfois, en fouillant dans nos archives, dans l'histoire de nos ancêtres, dans l'histoire du pays ou de civilisations lointaines, on se rend compte que sur certains points, notre civilisation actuelle est tributaires de mouvements ou tournures sociaux-politico-culturels qui vont à l'encontre de tout progrès, voir même cautionne une dégradation dangereuse de notre avenir collectif plus ou moins proche...
Ainsi, en Grèce, durant l'Antiquité, le gouvernement ne prenait pas de décision uniquement suivant les conseils des représentants "politiques" (au sens d'aujourd'hui). Il y avait aussi un groupe d'éminents scientifiques, -Astronomes, mathématiciens, médecins, philosophes...- (Platon, Aristote, Socrate et ses Pré socratiques, Pythagore, Euclide, Thalès, Ératosthène, Archimède, Hippocrate de chios, ...) qui participait pleinement aux décisions politiques, dans la mesure où chacun de ces scientifiques était écouté par les dirigeants mêmes. Aristote lui-même a proposé de définir le concept de citoyenneté dans la politique antique. L'avis de ces scientifiques et philosophes comptait autant, dans les décisions politiques, que les autres représentants du gouvernement démocratique (avec souveraineté du peuple) ou oligarchique (le gouvernement est tenu par un petit nombre d'individus; sorte de régime aristocratique).
De nos jours, le corps scientifique, bien que composé d'experts en tout genre, est écarté de toute décision politique par le gouvernement, seul à mener la danse.
Et c'est ce qui fait que précisément, notre société en est là, et rencontre des formes de régressions effrayantes à l'approche de certains "progrès" technologiques "pour le confort de notre société", comme on l'entends depuis l'aire industrielle, dans un but de perfection illusoire.
Il y a bien des experts qui sont consultés, pour "expertiser" l'aspect consommable des produits commercialisés, mais peu ou pas de discutions ou débat sur le plan national (ou européen) d'un cortège de scientifiques commercialement et politiquement indépendants, avec ceux qui vont voter les lois ou les règlementations, en particulier lorsqu'il s'agit d'un enjeu à forte teneur commerciale sur des produits qui peuvent présenter un danger pour la santé publique...
Je parle par exemple des nouvelles technologies dans l'agroalimentaire, comme les OGM, ou dans d'autres secteurs avec les nano-particules (dans le cosmétique, l'alimentaire, le bâtiment...). Les manifestations forcent le débat politique, mais les décisions du Président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso, montrent bien que l'opinion publique est ignorée dès qu'il s'agit de gros sous, au diable le risque sanitaire et écologique.
Mais l'histoire des deux derniers siècles nous montre que c'est souvent la même chose. On s'émerveille, euphorique, devant l'arrivée d'une nouvelle technologie, élue "produit de l'année" pour sa plus-valu en matière d'ergonomie, de confort, de gain de temps, de dépense physique ou mentale... et au bout du compte, après quelques années ou décennies, on se rends compte que c'est un désastre! Quelques exemples flagrants...
_ L'automobile, dont le nombre passe de quelques centaines de milliers dès 1907 à mille fois plus dès 1975, pour atteindre le milliard en 2010 !
Progrès indéniable en terme de déplacements et confort, son énergie est basée sur une ressource en cours de disparition, le pétrole. Problèmes de pollution (les particules ont beaux être libérées en plus petites quantité, elles sont aussi nettement plus petites, et traversent directement les alvéoles pulmonaires pour rentrer dans le sang des mammifères tels que nous); problèmes de consommation en métallurgie : la planète entame une pénurie en acier ! Problème de recyclage, avec des éléments polluants ou couteux en traitement -huiles, plastiques, calculateurs, verres, fer... Problème du bruit, en ville et sur les grands axes... Et problème de toute l'infrastructure routière nécessaire à la circulation. Des voies qui coupent le paysage de toutes part, modifiant en permanence l'écosystème dont la biodiversité s'étouffe en silence et avec insouciance alors que c'est elle qui nous fait vivre...
_ Le nucléaire, qui, bien que satisfaisant aux besoins électriques de chacun dans son quotidien, pose de gros problèmes de traitement des déchets; De plus sa technologie a donné naissance, faut-il le rappeler, aux bombes!
_ Les polymères, très pratique pour donner toutes les formes désirées, ainsi que pour les emballages, les textiles... mais aussi très polluants dans ses procédés de fabrication et la problématique du recyclage;
_ Les progrès en génétique, certes indispensables à la compréhension des mécanismes d'évolution des espèces vivantes, ainsi qu'au dépistages de pathologies humaines, mais posent de graves problèmes moraux si cette science s'ouvre sans retenue ni vrais débats;
D'autres formes de progrès, heureusement, naissent au profit réel de la sauvegarde de la planète, tels que tous les brevets autour des énergies renouvelables, comme le solaire, l'éolien, le géothermique, l'hydraulique...(voir http://www.energies-renouvelable.com/), certains progrès en médecine (mais tellement dépendants du commerce des laboratoires pharmaceutiques !).
La difficulté actuelle est que notre monde a tellement investi tout autour de la pétrochimie (aussi bien dans le monde agroalimentaire avec ses engrais que dans les transports, l'industrie des plastiques, pharmaceutique, cosmétique, électronique, aéronautique et du textile) et le nucléaire, que cela a eu pour effet de bloquer l'évolution dans les voies alternatives moins polluantes et moins chères au consommateur.
Pourquoi avoir continué alors dans cette voie ?
Pourquoi ? Bien sur d'abord pour faire tourner les industries. On en arrive même, par exemple pour les OGM, à réinventer ce qui existait déjà avant mais que l'aire industrielle avait balayé de la surface terrestre, comme les OGM de maïs, autrefois plante naturellement peu consommatrice d'eau avant son exploitation intensive, que l'on "réinvente" génétiquement avec ses propriétés d'origine ! La planète au service de l'industrie pour faire tourner l'industrie qui pourrit la Terre mais rapporte beaucoup d'argent... à certains !
Ensuite parce que ces progrès nous poussent vers un progres de l'organisation et de la production, permettant d'accroitre la productivité à quantité de travail et de capitaux fixes, donc la rentabilité.
Meilleur rentabilité à court terme seulement, puisqu'elle n'intègre pas le coût même de la planète, en terme d'exploitation (métaux, minéraux, matière organique comme le bois, les cultures, l'élevage), ni ne tient compte (ou peu) de la capacité régulatrice et réparatrice de la Terre (exploitations industrielles agricoles, les forêts tropicales, les mers et océans, les fleuves et rivières...).
Nous scions la branche sur laquelle nous vivons !
Nous nous rendons compte alors hô combien notre système socio-politico-économique atteint ses limites et qu'il est grand temps d'en changer.
Le premier des progrès, justement pour pouvoir accueillir tous les autres sans en faire souffrir d'avantage la planète et ses habitants (pas que des hommes ou femmes...), serait de redessiner le corps politique qui nous dirige, par le retour en puissance de ce qui faisait la force et la sagesse de nos ancêtres antiques : une communauté scientifique présente, reconnue ET pleinement écouté par nos politiciens mandataires, pour que toute décision d'acceptation de progrès technologiques ne voit pas le jour uniquement pour gagner un marché commercial, mais bel et bien dans la réflexion détachée d'une bonne prise en compte de l'équilibre environnementale vivable à long terme entre les hommes et la Terre qui nous nourrit.
Attention, je ne dis pas non aux progrès en général, ni aux recherches fondamentales scientifiques, je dis que nous avons autant besoin de dirigeants politiques que de l'avis de la communauté scientifique pour décider ENSEMBLES des bons choix de vie en harmonie sur notre bonne vieille planète. Sans quoi nous aurons beau crier dans la rue notre peur et dégoût des tournures de l'avenir proche, nous ne trouverons plus de solutions réelles proposées par nos gouvernements. Les "solutions locales pour un désordre global" continuerons à se développer, d'abord en minorité, puis je l'espère vite, en majorité, avant , faut-il l'espérer aussi, notre propre dis-pa-ri-tion ?
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