Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle leçon
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Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle leçon



  1. #1
    invite5321ebfe

    Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle leçon


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    Bonjour

    Dans un livre à succès, Collapse (2005, traduction français Effondrement 2006), Jared Diamond raconte l’effondrement des civilisations lié à des problèmes environnementaux Un des exemples célèbres est celui de l’île de Pâques (Rapu Nui) : il a été souvent repris et commenté (par exemple par Jancovici et Grandjean dans C’est maintenant !)

    Pour ceux qui n’ont pas lu le livre, cet article de Diamond dans Discover Magazine donne l’essentiel de la thèse. Après avoir vécu plusieurs siècles en équilibre, les Pascuans auraient entamé des luttes de prestige internes les conduisant à surexploiter l’île, au point d’en faire le « désert » que l’on connaît aujourd’hui en lieu et place d’un riche écosystème sub-tropical.

    En creusant la question, je me suis aperçu que l’histoire de l’île de Pâques est en fait très débattue. Il semble que les premières datations au carbone 14, situant la colonisation de l’île entre 400 et 700, soient fausses. Hunt et Lipo (2006) dans Science, puis Wilmshurt et al (2010) dans les PNAS suggèrent que la colonisation de l’île s’est fait autour de 1200. Ce qui permet de mieux expliquer diverses anomalies linguistiques, archéologiques et génétiques des études sur les populations polynésiennes (anomalies si l’on partait d’une présence plus ancienne).

    Conséquence de cette nouvelle datation : les Pascuans n’auraient jamais vécu réellement en harmonie avec leur environnement, et ils auraient déboisé l’île peu après leur arrivée, notament pour construire les célèbres statues. Il ne s’agirait pas d’une déforestation (et extinction) progressive due à une pression croissante et inconsciente sur un milieu fini, mais d’un acte assez brutal correspond à la poursuite des habitudes culturelles polynésiennes dans un nouveau milieu. Le résultat est évidemment le même (un quasi-écocide), mais la chronologie change un peu les leçons que l’on peut en tirer. Les Pascuans auraient vécu à peu près à l’équilibre (après ce déboisement inaugural) jusqu’à l’arrivée des Européens en 1722, dont les maladies et la domination ont provoqué un affaissement démographique et culturel dans l’île.

    Si vous avez des informations, que pensez-vous du débat scientifique de fond (datation C14 et interprétation des mouvements de population polynésiens) ? Et du débat de forme (limites entre approche scientifique limitée aux faits connus et storytelling un peu trop généralisateur) ?

    Merci.

    PS : je suis nouveau ici, désolé si la forme de ce texte ne correspond pas un débat ou si le sujet a déjà été abondamment commenté! Dans ce cas, merci de supprimer.

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  2. #2
    erik

    Re : Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle lecçon?

    Salut,
    ils auraient déboisé l’île peu après leur arrivée
    Pas évident que les pascuans qui aient volontairement déboisé l'ile dans un accés d'irresponsabilité écologique ("ah mon dieu, l'homme irresponsable qui détruit volontairement son environnement, regardez ce qui s'est passé sur l'île de Paques")

    L'hypothèse que se soit l'oeuvre de rats (il est vrai amené par l'homme) présente de bon arguments.
    Il faut lire l'article de Hunt dans pour la sciences de janvier 2007 (non disponible gratuitement sur le net).
    Un résumé ici : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article663

  3. #3
    invite5321ebfe

    Re : Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle lecçon?

    Merci, j'ignorais cette autre publication de Hunt (le même que Hunt et Lipo 2006 sur le C14), je vais chercher son papier sur l'hypothèse des rats polynésiens comme agents de déforestation massive.

  4. #4
    SK69202

    Re : Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle lecçon?

    Bonjour.

    Les polynésiens ont amenés des rats dans toutes les iles qu'ils ont atteintes et il n'y a pas eu de déboisement total ailleurs , par contre à ma connaissances, l'Ile de Pâques est la seule où ils ont érigé des statues de cette taille.

    J'ai pas lu les liens, mais j'ai lu autrefois que l'épuisement des écosystèmes de l'ile de Pâques correspond au petit âge glaciaire européen, qui ce serait traduit localement par une sécheresse, qui aurait aggravé les choses pour l'environnement.

    Je connais assez bien la Polynésie, et l'harmonie du polynésien (actuel seulement ? ) avec l'environnement reste à démontrer


    @+
    Dans les villages gaulois, ils ne sont jamais tous d'accord. Jules César

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    invite5321ebfe

    Re : Ecocide de l'île de Pâques : quelle datation et quelle lecçon?

    Citation Envoyé par SK69202 Voir le message
    Bonjour.
    Les polynésiens ont amenés des rats dans toutes les iles qu'ils ont atteintes et il n'y a pas eu de déboisement total ailleurs , par contre à ma connaissances, l'Ile de Pâques est la seule où ils ont érigé des statues de cette taille.
    A ce sujet, une ou deux choses ci-dessous. On trouve les publications de Hunt en libre-accès sur sa page, que j’ai été consultée après le lien d’Erik.

    Il y a sur ce site des papiers de synthèse de Hunt sur l’écocide pascuan. L’extrait de livre 2009 paru aux éditions universitaires de Cambridge donne la version la plus récente et la plus détaillée des vues de Hunt, notamment l’hypothèse des rats comme invasion biologique (associée à la colonisation humaine) pertubatrice sur une biogéographie insulaire fragile.

    Rapu Nui semble avoir été dominée par les palmiers Jubaea, attestés dès 37.000 ans BP. On a eu des exemples documentés de ravages d’une autre espèce (Pritchardia) par des rats importés, à O’ahu (archipel d’hawaï). D’après les calculs, un simple couple de rat peut donner 17 millions de descendants en trois ans si la population rencontre un milieu favorable ! Dans le cas de Rapu Nui, cela n’aurait pu excéder 3 millions.

    Comme autre argument pour l’hypothèse des rongeurs, Hunt avance que l’espèce Sophora toromiro a survécu sur l’île de Pâques, contrairement à Jubaea, et que des travaux néo-zélandais ont montré que pour cet arbre, le grignotage des rats tend à favoriser la germination de nouvelles pousses au lieu de la réfréner. Mais c'est très indirect comme explication.

    Je n’ai pas en revanche trouvé mention de « cimetières de rats » dans ce texte. La géologie de l’île de Pâques est-elle favorable à la conservation des squelettes ? Ce serait évidemment la meilleure confirmation / infirmation de cette conjecture.

    Hunt suggère aussi que les chiffres élevés de population pascuane (au-delà de 15.000 habitants) n’ont pas de fondements solides, surtout si le peuplement s’est fait en 1200 à partir d’une population restreinte (et non plusieurs siècles plus tôt avec croissance démographique).

    En même temps, la prudence impose de ne pas prendre toutes les hypothèses de Hunt pour argent comptant… j’ai beaucoup de mal à trouver des papiers où il ne soit pas co-auteur ! Le plus robuste semble pour le moment la nouvelle datation C14 de la colonisation : si elle est exacte, elle coïncide à peu près avec le début de la déforestation (1250-1650), sans « âge d’or » préalable où les populations auraient vécu en harmonie avec leur milieu.

    Peut-être qu’une personne familière des datations a un avis critique sur le travail mis en lien plus haut, Wilmshurt et al (2010) ?

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