La source : http://www.novethic.fr/novethic/ecol...iee,141847.jsp
Il y a un an, la publication d'une étude de Gilles-Eric Séralini, montrant que les OGM généraient de nombreuses tumeurs, faisait l'objet d'une intense polémique. Les industriels des biotechnologies critiquaient notamment la méthodologie de l'étude publiée dans la Food and Chemical Toxicology. Mais coup de théâtre : cette revue vient d'annoncer sa dé-publication.
Le lobby de l’industrie OGM est-il suffisamment puissant pour dicter sa loi aux revues scientifiques les plus sérieuses ? C’est en tout cas ce que dénoncent plusieurs associations (Générations futures, le CRII-GEN, Fondation sciences citoyennes) et la députée européenne Corinne Lepage. Le 19 novembre 2013, l’éditeur de la revue scientifique américaine « Food and Chemical Toxicoly » (FTC) annonçait en effet à Gilles-Eric Séralini le retrait de sa publication sur les effets à long terme d’un maïs transgénique et de son herbicide sur des rats. Une décision qu’a tenu à dénoncer vigoureusement le professeur lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 28 novembre.
Une dé-publication sans nouveaux éléments de critiques
Comme l’explique Le Monde, la dé-publication d’un article est un acte fort : la mesure revient en effet à effacer de la littérature scientifique l’ensemble des résultats et des données issus des travaux du chercheur. « Or les raisons avancées par l’éditeur de FCT ne peuvent pas justifier le retrait d’une publication », estime la Fondation sciences citoyennes. Selon les règles de la revue, le retrait d’un article ne peut intervenir qu’en cas de « manquement éthique », de « plagiat », de « publication préalable » ou de « conclusions non fiables pour cause, soit de fraude, soit d’erreurs de bonne foi (erreur de calcul, erreur expérimentale) ». Or, dans une lettre toujours citée par Le Monde, l’éditeur de FCT explique que le retrait de l’étude est suscité par son caractère « non conclusif », soulignant que même s’il ne « montre pas de signe de fraude ou de désinformation intentionnelle des données », « il existe une cause légitime de préoccupation sur le faible nombre d’animaux par groupe ainsi que sur la souche de (rat) choisie ». Une « limitation statistique » qui avait effectivement été très critiquée à l’époque de la publication et qu’avait reconnue le professeur en soulignant qu’il aurait aimé avoir eu un budget suffisant pour traiter des volumes plus importants (voir l’article : étude OGM de Séralini : attaques et contre-feux). Quant à la souche choisie, critiquée pour développer spontanément des tumeurs, elle est très utilisée en toxicologie et a été utilisée par Monsanto dans ses études fournies à l’EFSA. Pour L'Autorité européenne de sécurité des aliments, ce n’était d’ailleurs pas la souche qui posait problème mais le fait que l’influence de cette prédisposition sur la fréquence des tumeurs n’a pas été explicitée par les auteurs. « Ces critiques et toutes les autres attaques ont déjà fait l’objet de réponses argumentées du Professeur Séralini et de ses co-auteurs, réponses que le journal FCT a d’ailleurs publiées (toujours selon le processus d’expertise par les pairs) et suscité la réaction de 3000 scientifiques internationaux qui ont apporté, auprès du journal FCT, leur soutien argumenté à cet étude », souligne la Fondation sciences citoyennes. Par ailleurs, dans son avis sur l’étude de Séralini (dont elle réfutait les conclusions), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation française (Anses) reconnaissait tout de même que l’évaluation des effets chroniques à long terme des OGM et pesticides restait « peu étudiée ».
Une pression des lobbys ?
Pour les associations anti-OGM, cette décision apparaît liée à des « pressions » de l’industrie des biotechnologies. La Fondation sciences citoyennes souligne ainsi que, depuis le début de l’année, un nouvel éditeur associé a été nommé : Richard E.Goodman, professeur de l’Université du Nebraska et spécialiste des allergies alimentaires, qui a publié des articles scientifiques pour le compte de Monsanto qui l’a employé de 1997 à 2004. Par ailleurs, « nous sommes indignés par une telle décision, d’autant qu’elle intervient alors que se négocie en ce moment le futur Traité transatlantique (TAFTA) dont l’enjeu sera aussi la commercialisation à terme de futurs OGM. L’enjeu est clair ici : minorer les risques sanitaires et environnementaux des OGM pour en faciliter son acceptation par les citoyens et donc sa commercialisation sur le territoire européen », déclare ainsi François Veillerette, Porte-Parole de Générations Futures.
Les études de monsanto sont faîtes sur une durée de 90 jours, sur des corps de 5 ou 10 rats.
Normalement les études faîtes par les producteurs concernant leurs ogms devraient être publiables, non ? Parce que c'est sur la foi de ces études que l'on autorise ou non la commercialisation de ces produits.
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