Bonjour,
Je tenais à partager ma découverte de la thèse de Mr Heams,de l'INRA Paris-Grignon, dont le travail remarquable mérite d'être mentionné:
Approche endodarwinienne de la variablité intercellulaire de l'expression génétique
Mr Heams appelle à en finir avec le génocentrisme et dénonce le concept de spécificité (à la base de toutes les applications biotechnologiques actuelles) comme faible et insuffisant.
Ce scientifique propose d’en finir avec le déterminisme biologique ambiant et de donner une place prépondérante aux phénomènes stochastiques à l’oeuvre dans les cellules et au niveau du génome. Ce déterminisme, fait appel à une sorte de prédestination (programme génétique), qui selon lui "pose problème au rationnalisme scientifique" à travers l'idée de programme génétique.
Son étude montre que des applications comme celle des biotechnologies ne sont pas stables au long cours et il insite sur le caractère dégénéré des reproductions génétiques:
Trois extraits de l'abstract et de l'introduction:Or nous chercherons à démontrer que cette reproductibilité ne saurait reposer uniquement sur une grande précision, une grande fiabilité des régulations, mais aussi et surtout sur leur caractère dégénéré. Mr Heams
"La biologie moléculaire repose sur des bases déterministes qui ont longtemps été fécondes mais sont désormais un handicap pour la compréhension des phénomènes biologiques. Le déterminisme en génétique est un concept robuste mais dont les fondations apparaissent de plus en plus fragiles, notamment le concept de spécificité et l’importance centrale accordée au génome. À partir de ces constats, nous faisons une proposition théorique. Nous proposons une nouvelle grille de lecture des relations intercellulaires, que nous appelons endodarwinienne. Il s’agit de postuler que les cellules ont un comportement aléatoire a priori, notamment dans leur expression génétique et que seules celles qui adoptent un profil d’expression adapté à leur environnement sont dans un second temps sélectionnées. Dans ce modèle,les cellules ne répondent pas à des "signaux" de manière prévisible. Dans une large mesure, les cellules sont mues par leur intérêt immédiat. Ce modèle est une réponse à la crise du déterminisme car il rend inutile de postuler une spécificité des interactions moléculaires, et permet de sortir de la notion rigide de "programme génétique", sans pour autant nier le rôle évident des gènes.""Nous défendrons l’idée dans cette thèse que le concept de spécificité n’a pas de bases solides en biologie moléculaire, même s’il peut être parfois fonctionnellement utile.""Cette proposition se veut testable et réfutable, et répond donc aux critères de l’investigation en sciences expérimentales. Elle pourrait déboucher sur une méthode généralisable en biologie moléculaire et cellulaire."
La reconnaissance de la place prépondérante de la dynamique stochastique permet de mettre un terme au réductionnisme génétique mais aussi au génocentrisme et permettra sans doute des études plus sérieuses des applications biotechnologiques modernes dans des espaces confinés.
Source: PASTEL, bibliothèque virtuelle des thèses soutenues dans les grandes écoles de Paris
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