Bonjour.
Je poste ce topic pour lancer le débat sur un ensemble de méthodes pédagogiques qui prend en compte la mémoire à court terme des élèves.
Comme vous le savez surement, un être humain possède une mémoire à court terme capable de mémoriser environ 7 +/- 2 informations sur une durée très courte.
Or, la capacité de cette mémoire de travail à 5 ans est fortement corrélée à la réussite scolaire ultérieure. Et de manière générale, on trouve aussi une corrélation entre cette capacité et les moyennes à l'école. Cf (Alloway - 2010 : "Investigating the predictive roles of working memory and IQ in academic attainment", Alloway Gathercole Kirkwood Elliott - 2009 : "The cognitive and behavioral characteristics of children with low working memory, et j'en passe). Pire : une bonne partie des inégalités scolaires seraient corrélèes à une faible capacité de la mémoire de travail.
Durant un bon moment, j'ai longtemps cru que cela n'avait pas vraiment de solutions. Mais c'était une erreur... Il y a quelques mois, j'ai découvert une théorie pédagogique, relativement "récente", qui s'appelle la théorie de la charge cognitive.
Celle-ci part du principe suivant : pour être mémorisée, toute nouvelle information doit passer par le filtre de cette mémoire à court terme : en conséquence, si celle-ci surcharge, l'apprentissage se passe mal. En conséquence, elle cherche à éviter de surcharger la mémoire à court terme, pour améliorer l'apprentissage et la mémorisation.
Celle-ci recense environ 200 expériences à son actif, et est relativement bien éprouvée. Elle donne une liste de 9/10 effets, qui ont chacun des implications pédagogiques assez intéressantes. Les voici :Le cours fait un usage massif d'exemples travaillés avant de faire travailler les élèves de manière autonome. Plus précisément, il est recommandé d'utiliser au maximum des exemples travaillés (worked exemple effect); avant de passer à la pratique autonome (expertise reversal effect). L'usage d'exemples partiellement travaillés peut donner de bons résultats (problem completion effect).
- le modality effect ;
- le redundancy effect ;
- le split attention effect ;
- le goal-free effect ;
- l'element interactivity effect ;
- le worked exemple effect ;
- le problem completion effect ;
- le guidance fading effect ;
- et le transient information load effect.
L'usage du chunking, ainsi que L'element interactivity effect, recommandent :Elle recommande aussi l'usage de supports et matériels pédagogiques adaptés à la taille de la mémoire de travail : il faut ainsi mélanger informations visuelles et verbales (modality effect); éviter la redondance ( redundancy effect) ; et regrouper les informations (split attention effect).
- des cours segmentés en petites unités notionnelles qui contiennent peu d'informations ;
- les concepts à aborder sont décomposés en sous-concepts vus indépendamment (isolated element effect) ;
- l'organisation du cours suit un plan hiérarchique dans lesquels les concepts sont assemblés progressivement pour donner des concepts de plus en plus élaborés ;
- les progressions sont adaptées de manière à développer au maximum les connaissances antérieures de l'élève avant l'abord de concepts compliqués (pre-training) ;
- etc.
Même chose pour les exercices, qui doivent éviter toute utilisation de méthode de résolution de problèmes gourmande en mémoire de travail. Pour cela, le goal-free effect, recommande l'usage d'une forme assez spéciale de problèmes ouverts dans certains exercices de mathématiques et de physique.
Un aperçu un peu plus détaillé de cette théorie est disponible dans les liens suivants :Je me permet donc de lancer le débat sur cette ensemble de techniques pédagogiques, qui me semble vraiment intéressant. J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette théorie. Est-ce que vous croyez que cette théorie est facile à utiliser dans les classes (à mon avis, elle l'est) ? Est-ce que vous seriez prêt à l'utiliser dans vos cours ?
- Research into Cognitive Load Theory and Instructional Design at UNSW - Ce lien, en anglais date un peu et ne parle pas beaucoup des effets les plus intéréssants, comme le worked exemple effect, ou l'element interactivity effect, mais il est malgrè tout très bien fait, et très pédagogique.
- Vous pouvez éventuellement complèter la lecture du lien précédent apr celui-ci : Théorie de la charge cognitive, tiré de mon wikibooks nommé Pédagogie : psychologie cognitive appliquée à l'enseignement - attention toutefois : vous devez avoir lu les chapitres précédents sur les schémas et les réseaux sémantiques pour comprendre totalement le contenu de ce lien.
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