La pollution automobile favoriserait la prise de poids -
Par Tenacatita
"On ne bouge pas assez ! Eh oui, plus des 2/3 des Français sont sédentaires… Pourtant, chacun peut renouer avec l'activité physique dans sa vie quotidienne ! » indique l’endocrinologue Jean-Michel Borys, coordinateur de la campagne "Ensemble, prévenons l'obésité des enfants" lancée dans plusieurs villes de France. Chacun sait que le manque d’exercice, en ayant par exemple recours à l’automobile pour tous ses déplacements, favorise la prise de poids. Mais il semblerait que l’usage abusif de la voiture fasse aussi grossir d’une autre manière.
Une étude française menée par Philippe Irigaray de L’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires de Nancy, a montré que des molécules polluantes, comme le benzo(a)pyrène ou la dioxine, émises par les moteurs à combustion et les centres d’ incinération ont pour effet d’une part de bloquer la sortie des lipides des cellules adipeuses et d’autre part de favoriser la multiplication de ces cellules qui stockent les graisses. En quinze jours, des souris placées dans des conditions de pollution identiques à celle que l’on rencontre à 100 mètres d’une autoroute, ont augmenté leur masse corporelle de 4 %, ce qui est équivalent, pour un homme pesant au départ 70 kg, à une prise de poids de 2,8 kg…Cerise sur le gâteau, ces molécules cancérigènes favorisent également les allergies et les crises d’asthme.
AIRPARIF vient de publier une étude indiquant des niveaux de pollution trois fois supérieurs à ceux autorisés en dioxines d’azote et en benzène porte Bagnolet à Paris où passent chaque jour 350 000 voitures ( Voir actualité sur notre-Planete.info ). Il semble vraiment urgent que les citadins français changent leurs habitudes en matière de transport, compte tenu de l’impact majeur des transports routiers sur le plan sanitaire (pollution chimique et sonore) mais aussi sur le plan des changements climatiques : le poste transports routiers (dont très majoritairement les voitures individuelles), représente la première source de gaz à effet de serre et 28 % du potentiel de réchauffement global avec puits en France.
Le Fond Monétaire International et la banque américaine Goldman Sachs ont d’ailleurs annoncé récemment que nous sommes entrés dans une période de super hausse du baril de pétrole : l’offre (production OPEP et non OPEP, capacités de raffinage) a des difficultés pour répondre à la demande mondiale croissante, notamment en Chine et aux USA. Cette tension offre/ demande est dangereuse pour nos économies dans la mesure où tout conflit sur une zone de production (Nigéria, Irak, Vénezuela etc…) pourrait faire monter les prix du baril au dessus de 100 dollars. L’Agence Internationale de l’Energie a publié en mars 2005 un rapport intitulé « Dépêchons nous d’économiser le pétrole » appelant les pays de l’OCDE à réduire leur consommation, par exemple en limitant à 90 km/h la vitesse de circulation des automobiles sur les autoroutes, en favorisant le covoiturage ou en rendant les transports publics gratuits. La Mairie de Paris a demandé dans un communiqué du 13 avril 2005 que l’Etat français développe rapidement une politique de transport responsable : « De nombreuses collectivités sont aujourd’hui engagées dans des politiques de réduction de la place accordée à l’automobile et de promotion des circulations douces. Cependant, cette ambition ne peut produire de résultats concrets que si elle s’accompagne d’un renforcement de l’offre de transport en commun et de mesures nouvelles sur le transport des marchandises et notamment en matière de fret ferroviaire dans le cœur de l’agglomération. Ces deux impératifs impliquent au delà des collectivités territoriales de nombreux partenaires. L’Etat ne peut rester absent de ce débat. Il s’agit de concevoir ensemble les moyens de parvenir concrètement aux objectifs préconisés par le Plan de Déplacement Urbain d’Ile de France qui fixe comme objectif une diminution de la circulation de 5% pour la zone dense »
Pensez-vous, à la lumière des informations de ce texte, qu'il est raisonnable (d'un point de vue scientifique, sanitaire et écologique), de continuer à utiliser seul sa voiture en ville (et dans 60% des cas pour faire moins de 3 km) ?
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