Bonjour,Toujours est-il que ce qui me paraît assez clair assez limpide, c'est que dès qu'on met "Dieu" dans un raisonnement digne de ce nom (règles syllogistiques respectées), alors ipso-facto le raisonnement est vrai et il est faux à la fois !
Exemple la Genèse : "Dieu dit que la lumière soit et la lumière fût" etc. Bon la lumière on voit bien ce que ça veut dire, concrètement, mais "Dieu "alors là qu'est-ce que ça veut dire concrètement, comment il a fait le Vieux pour créer la lumière croc-croc sans coup-férir ?
Dites-nous tout, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ce truc
Bon c'est vrai et faux à la fois ce truc, si on dit ça qui pourra nous contredire ?
Ce sont des questions très complexes mais je vais tenter de résumer:
1) C'est ce que dit Kant. Sa critique c'est de dire notamment que Dieu ne peut pas être une prémisse dans un raisonnement. Et plus généralement que dans un raisonnement scientifique, il y a toutes sortes de présupposés à clarifier.
2) Quand à l'Histoire, elle nous montre qu'autant la notion de dieu que celle de lumière sont le fruit d'une longue construction. Pour que la lumière soit concrete et que dieu ne le soit pas, il a fallu définir un certain rapport légitime aux choses permettant de justifier qu' l'un est légitime et l'autre pas. Il a fallu acquérir un certain rapport au langage pour pouvoir dire qu'un mot peut ne rien désigner tout en étant présent à la conscience.
Comme tu disais, le "rien" désigne le néant mais pourtant il est bien présent à la conscience, on se fair une certaine représentation de cette chose...
A une certaine époque de notre histoire, tout un pan de la métaphysique devient science. On a reformulé certains énoncés, on les a formalisé, de telle sorte qu'ils ont acquis un nouveau statut de vérité. Ce qui a changé, c'est le rapport à la notion de "vérité", c'est à dire la méthode légitime permettant de dire "ceci est une vérité objective".
Dans le cas des sciences, par exemple la biologie, entre d'un coté Buffon et Linné (18e); et de l'autre Lamarck et Darwin (18e-19e), il y a une étape décisive. Alors que pour les deux premiers l'évolution des êtres s'inscrit sur un vecteur la nature, pour les seconds l'évolution des vivants est inscrite dans le vivant.
Chez Linné et Buffon, il y a un principe métaphysique nécessaire, ce principe de l'ordre est dans une sorte de devenir de la "nature". C'est pourquoi ils font de l' "histoire naturelle" et pas de la "science du vivant".
Pour Lamarck et Darwin, il y a ce qui définit les êtres, leur principe, est en eux même, dans leur fonctionnement. Parce que l'objet de cette étude devient autonome, et qu'il y a des mécanismes internes, une science du vivant (la biologie), devient possible.
2) Plus complexe encore est la notion de Dieu. Dans l'histoire, ce terme renvoie à des concepts très différentes selon les époques, les cultures, etc. Certaines religions d'ailleurs ne le nomment pas (la religion juive) et se contentent d'une réflexion critique et d'un rapport identitaire à la tradition. Il peut y avoir une notion de "dieu" sans une théologie.
Une des interprétations de cette phrase de la Génèse que tu cites, mais ce n'est que mon opinion, c'est "il y a eu de la lumiere mais on ne sait pas comment. Comme il faut donner un mot à ce principe que nous ne connaissons pas, on va l'appeler Dieu". Einstein lui fait l'inverse : il part de la lumière pour tenter d'approcher "la pensée de Dieu".
Par rapport à notre époque, l'impression que j'ai, c'est que l'épistémè a glissé vers une forme de théologie négative. L'idéologie de l'athéiste primaire se fonde sur la non-possibilité de Dieu (c'est à dire sur un présupposé métaphysique). C'est comme un rapport sacré inversé. Alors que pendant tout un temps il n'était simplement pas nécessaire, maintenant un nouveau commandement métaphysique nous dit qu'il faut absolument qu'il ne soit pas possible.
Par exemple, il suffit de lire le Traité d'athéologie d'Onfray pour s'en rendre compte. Par exemple, la farce burlesque de la critique psychanalytique de Paul de Tarse. Mais il ne pense pas plus loin que le bout de son verbe. Il ne refléchit pas à la validité de ses propres présupposés. Mais encore plus grave, il traite la question des "vérités" religieuses, dont le sens n'est que croyance, sur le mode de la vérité schientifique (alors qu'il ne parvient pas à fonder de façon positive). Ce qui signifie qu'il prend très au sérieu ce qui se dit dans les écrits religieux. Il aurait du lire Wittgenstein pour se rendre compte que les jeux de langage est bien différent...
Dans un sens, la psychologie ce n'est que cela : une pensée qui se pense elle même. C'est possible uniquement parce que nous pouvons signifier cette pensée par des mots...D'autre part une pensée qui se pense elle-même c'est plutôt tordu je trouve, y'a que Dieu qui arrive à faire ça si mes souvenirs théologiques sont bons
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