Une interrogation issue de http://www.univ-nancy2.fr/poincare/p...k2001-03-b.pdf
Le mathématicien Henri Poincaré écrivait :
Exemple : le principe d'inertieQuant une loi a reçu une confirmation suffisante de l'expérience, nous pouvons adopter deux attitudes, ou bien laisser cette loi dans la mêlée; elle restera soumise alors à une incessante révision qui sans aucun doute finira par démontrer qu'elle n'est qu'approximative. Ou bien on peut l'ériger en principe, en adoptant des conventions telles que la proposition soit certainement vraie. Pour cela on procède toujours de la même manière. La loi primitive énonçait une relation entre deux faits bruts A et B ; on introduit entre ces deux faits bruts un intermédiaire abstrait C, plus ou moins fictif [...]. Et alors nous avons une relation entre A et C que nous pouvons supposer rigoureuse et qui est le principe ; et une autre entre C et B qui reste une loi révisable. Le principe, désormais cristallisé pour ainsi dire, n'est plus soumis au contrôle de l'expérience. Il n'est pas vrai ou faux, il est commode.
L'expérience fait apparaître les lois du mouvements sous forme d'équations différentielles du 2nd ordre telles que l'accélération est fonction des vitesses et position.
Il en résulte qu'en l'absence de force un corps suit une trajectoire rectiligne et uniforme.
A partir de ces lois, devant l'impossibilité de prouver l'absence de force et par généralisation, on établi le principe d'inertie : "en l'absence de force, le mouvement d'un corps est rectiligne et uniforme".
Dans l'idée de Poincaré, ce qui était résultat d'expérience formalisé en lois devient principe qui sort du débat et à partir duquel on fera éventuellement des déductions sur l'expérience à venir.
Alors que changer de lois est délicat puisque celle-ci expriment des rapports réels entre variables, changer de principe est tout à fait possible selon les convenances et la commodité de la formalisation.
Finalement, le principe serait moins une intangible traduction de la réalité qu'un point d'appui pratique à l'organisation des connaissances, le principe pouvant rester exact tout en étant inutile, tout en tombant en désuétude face à une autre organisation des connaissances.
Dans la pratique scolaire, les principes semblent souvent enseignés comme des Vérités intangibles, qu'en est-il dans la recherche ?
Les principes sont-ils vu comme les conventions les plus pratiques ou comme les expressions les plus générales d'une réalité ?
Peut-on facilement changer de principe ?
Peut-on instaurer des principes comme autant d'hypothèses ?
Par exemple, le principe d'inertie en mécanique classique deviendrait dans le principe de Mach : "la cause de l'inertie d'un corps est l'ensemble des autres masses présentes dans l'univers".
Mais ce principe-là n'est-il pas plutôt un postulat sans véritablement d'argument empirique ?
Autant le principe d'inertie de base s'appuie sur une généralisation de lois observées tous les jours, autant le principe de Mach n'a pas l'air très intéressant. Comme disait ironiquement Feynmann à son propos : "personne n'a à ce jour démontré l'inexactitude de son principe en supprimant tout l'univers pour constater ensuite qu'une masse continuait éventuellement à avoir une inertie !".
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