Sciences physiques : nominalisme ou essentialisme ?

[invite263138a8]

Bonjour,

Les différentes branches de la biologie sont passées (ou sont en train de passer) progressivement d'une conception essentialiste à une conception nominaliste.

C'est à dire que l'on a pris conscience que la notion de groupe (comme une espèce ou un type cellulaire) correspondait à une construction humaine : ces groupes n'existent pas en tant que tels ce ne sont que des concepts (qui ont toutefois le grand avantage de faciliter les échanges (on sait quoi on parle si je parle d'un chat)).

Ainsi les objets que l'on place dans ces groupes (individus ou des cellules) ne portent pas en eux des concepts prédéfinis mais sont appréhendés comme des objets uniques avec des particularités qui leurs sont propres. L'homme place ensuite ces objets dans des groupes car il reconnait en eux des points communs. Le nominalisme permet ainsi de reconnaitre et donc d'étudier la variation au sein d'une population d'objets appartenant au même groupe. (les individus d'une même espèce sont tous différents, les cellules d'un même tissu ne sont pas toutes identiques.)

La question est simple : les sciences physiques sont-elles essentialistes ou nominalistes ? Cela a-t-il évolué, cela évolue-t-il, et pourquoi ?

Merci.
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[invite9dcc7bec]

Je ne sais ce qu'il en ai pour la physique mais ta description d'un nominalisme triomphant en biologie est incorrecte.

Darwin était nominaliste mais pour ces successeurs les positions sont beaucoup plus variées.

Il n'existe pas de définition satisfaisante de l'espèce, qui puisse couvrir l'ensemble du vivant. Toutefois la définition la plus courante est ce que l'on appelle le concept biologique d'espèce, l'espèce est une communauté reproductive, c'est à dire un ensemble de populations interfécondes et dont la descendance est également fertile. C'est un concept clairement essentialiste.

Ce concept pose un problème évident en ce qu'il ne peut s'appliquer aux espèces pratiquant une reproduction asexuée (ce qui exclut la majeure part du vivant à savoir Eubactéries, Archées, et quelques Eucaryotes). Même chez les espèces à reproduction sexuée il est confronté à quelques anomalies, par exemple la reproduction entre membres de populations différentes qui engendrent une descendance incapable de se reproduire avec des membres des populations-mère mais sont féconds entre eux (ce que l'on est bien obligé de traduire comme un croisement entre deux espèces différentes donnant une nouvelle espèce). Les barrières reproductives sont plus ou moins souples, c'est particulièrement vraies chez certains végétaux (par exemple les graminées).

Face à ces difficultés, certains ont proposé un concept écologique de l'espèce comme une population occupant une niche écologique, mais là il y a le problème du recouvrement des niches écologiques. Tout dépend de comment on définit les niches écologiques, on a peut-être là un concept nominaliste.

Il ne faut néanmoins pas exagérer l'importance de ces difficultés, elles n'ont pas empêché la taxonomie de faire de spectaculaires progrès ces dernières décennies (grâce à la cladistique à partir des années 1950, et plus récemment grâce à la comparaison des génomes).

Pour ce qui est de ta question initiale, cela ne m'étonnerait pas que cela soit la même chose, à savoir que pour la plupart des physiciens peu importent d'être essentialistes ou non pour la bonne marche de leurs recherches.

[karlp]

Bonjour,

Les différentes branches de la biologie sont passées (ou sont en train de passer) progressivement d'une conception essentialiste à une conception nominaliste.

C'est à dire que l'on a pris conscience que la notion de groupe (comme une espèce ou un type cellulaire) correspondait à une construction humaine : ces groupes n'existent pas en tant que tels ce ne sont que des concepts (qui ont toutefois le grand avantage de faciliter les échanges (on sait quoi on parle si je parle d'un chat)).

Ainsi les objets que l'on place dans ces groupes (individus ou des cellules) ne portent pas en eux des concepts prédéfinis mais sont appréhendés comme des objets uniques avec des particularités qui leurs sont propres. L'homme place ensuite ces objets dans des groupes car il reconnait en eux des points communs. Le nominalisme permet ainsi de reconnaitre et donc d'étudier la variation au sein d'une population d'objets appartenant au même groupe. (les individus d'une même espèce sont tous différents, les cellules d'un même tissu ne sont pas toutes identiques.)

La question est simple : les sciences physiques sont-elles essentialistes ou nominalistes ? Cela a-t-il évolué, cela évolue-t-il, et pourquoi ?

Merci.

Bonjour,

La question que vous évoquez nous renvoie directement à la querelle des universaux qui a opposé les platoniciens aux aristotéliciens.
Cette question n'est pas du tout inintéressante, mais relève de la philosophie de la connaissance: certains scientifiques adopteront une position essentialiste (les "néo-platoniciens"), d'autre nominaliste (les néo-aristotéliciens).
Mais la science elle même n'est ni l'un ni l'autre, même si, comme l'observe justement Wart, certains concepts sembleront se rapporter plutôt à l'une qu'à l'autre position philosophique .
Cordialement