Auguste Comte a énoncé, dans sa loi dite des trois états, les trois étapes successives de la "méthode de philosopher" sur nos connaissances: l'état théologique, l'état métaphysique et l'état scientifique.
L'état scientifique atteint sa perfection grâce à l'état "positif" qui se distingue par le renoncement à s'interroger sur l'origine et la fin de l'univers, sur les causes et la nature intimie.
L'état positif achevé serait la possibilité de réduire tous les phénomènes observables à des cas particuliers d'un seul fait général. Il s'agit donc d'établir des lois plutôt que de fournir des causes.
Le refus de la quête des causes premières nous impose, au sein même de la quête des lois, le principe de non-justification en dehors de celle de l'expérience: ne pas savoir pourquoi les choses sont telles qu'elles sont implique de ne pas savoir pourquoi le modèle le plus prédictif aurait une forme plutôt qu'une autre et donc que celui en vigueur serait le "bon". Le modèle retenu se justifie par sa puissance prédictive: "étudier ce qui est afin d'en conclure ce qui sera" (Comte). Le modèle est au service de l'expérience.
Ce critère disqualifie toute tentative de récupération idéologique de la science: justifier ou prêter une fin à un modèle détruit l'état positif. Si cette tentative est flagrante comme par exemple pour l'Intelligent Design, elle peut le devenir moins dans le détail de l'activité.
Lorsque le "pourquoi ?" devient non plus "en vue de quoi ?" (finalisme) mais "par quel phénomène ?": les réponses peuvent être aussi bien scientifiques que métaphysiques.
Lorsque le "comment" devient non plus "en vertue de quelle loi ?" mais "grâce à quoi ?", là aussi, les réponses peuvent être aussi bien phénoménales que métaphysiques.
Quelles méthodes, quels moyens, avons nous pour "distinguer un bon comment d'un mauvais pourquoi" ?
J.
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