Handicap et éthique
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Handicap et éthique



  1. #1
    youtue

    Handicap et éthique


    ------

    Bonsoir,
    Nouveau casse-tête médicale :
    Vous êtes de garde à l'hôpital (service des urgences bien sûr) quand soudain arrive une personne sur un brancard, a première vue le bonhomme est salement amoché. Evidemment vous apprenez par la suite qu'il s'est jeté du 5ème étage de sa maison. Jusque là ce n'est pas très compliqué.
    Le lendemain vous en apprenez plus sur ce mysterieux patient. Il a 23 ans, sans travail, schyzophrène, issu d'une famille pauvre. Ses parents sont morts dans un accident de voiture avec sa soeur. Ses grands-parents sont morts. Son seul ami s'est suicidé il y a un mois d'une balle dans la tête. Il n'a jamais écrit de dernières volontés ni de testaments ou quelque chose y ressemblant. Toutes les personnes le connaissant ou l'ayant connu sont morts et le patient et entre la vie et la mort.
    Finalement le patient sortira du coma mais restera paralysé moteur à vie. Le médecin en charge du patient vient vous voir pour l'aider à prendre une décision (aucune relation hierarchique avec ce médecin). Et la tombe la question : le patient est sous respiration artificielle, faut-il le débrancher? Le patient est certe conscient (assez pour comprendre certaines phrases/mots) mais étant donné ses troubles mentaux importants, doit-on considérer sa décision comme en étant vraiment une? A quoi faut-il se fier dans cette situation?
    Perso, ne faudrait il pas se fier a un psychiatre qui jugera (je n'aime pas ce terme de "juger" mais bon) de l'état psychiatrique du patient, puis asopter la démarche choisie. Le tout en retraçant l'ensemble des décisions et actes de façon claire et transparente dans le dossier médicale (traçabilité).

    Qu'en pensez-vous?
    Merci d'avance pour vos réponses.

    -----
    Dernière modification par youtue ; 07/09/2014 à 22h31.

  2. #2
    myoper
    Modérateur

    Re : Handicap et éthique

    Rebonsoir.
    Citation Envoyé par youtue Voir le message
    Le médecin en charge du patient vient vous voir pour l'aider à prendre une décision (aucune relation hierarchique avec ce médecin).
    On peut faciliter la vie du médecin de garde : le médecin en charge du patient ne viendra pas le voir parce que cette décision est collégiale (et pas prise avec l'avis du "médecin de garde" sauf si celui-ci a d'autres fonctions dans l'établissement), avec des informations absolument certaines (pas ce qu'on a récolté ou entendu en quelques heures mais au décours des enquêtes nécessaires), avec un diagnostic certain et une évolution de plusieurs semaines afin d'avoir un pronostic le plus fiable possible et que le patient soit stabilisé (éventuellement psychologiquement). De plus, présenté comme ça, débrancher un patient n'est pas mettre fin à de l’acharnement thérapeutique, c'est priver un patient de soins entrainant sa mort.
    D'ailleurs, au bout d'un certain temps de pratique, le médecin de garde s’apercevra que tout ce qui s'est passé avant dans la vie du patient n'est finalement pas si rare et qu'un certain nombre de des patients qu'il sera amené à croiser subissent bien pire et qu'une minorité des intéressés vont se suicider ou tenter de le faire ; reste la tétraplégie qui n'est pas un "motif" d'abandon de soins.
    Enfin, schizophrène ou pas, le patient, avec ses délires, reste maitre de ses choix et les médecins qui le suivent devront s'y plier si la loi leur permet.
    Dernière modification par myoper ; 07/09/2014 à 23h41.

  3. #3
    mh34
    Responsable des forums

    Re : Handicap et éthique

    Citation Envoyé par youtue Voir le message

    Perso, ne faudrait il pas se fier a un psychiatre qui jugera (je n'aime pas ce terme de "juger" mais bon) de l'état psychiatrique du patient, puis asopter la démarche choisie. Le tout en retraçant l'ensemble des décisions et actes de façon claire et transparente dans le dossier médicale (traçabilité).

    Qu'en pensez-vous?
    Qu'aucun psychiatre à ma connaissance ne pourra vous dire qu'un schizophrène est définitivement incapable de prendre ce genre de décision.
    Je rejoins tout à fait Myoper ;
    le patient, avec ses délires, reste maitre de ses choix et les médecins qui le suivent devront s'y plier si la loi leur permet.
    Et j'ajoute à titre personnel que tout médecin qui se permettrait de prendre ce genre de décision sans demander l'avis d'un patient conscient est pour moi un assassin. Par compassion peut-être, mais assassin quand même.
    Dernière modification par mh34 ; 08/09/2014 à 08h42.
    "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde". Albert Camus

  4. #4
    shmikkki

    Re : Handicap et éthique

    Bonjour à tous,

    Je rejoins myoper et mh34, pour moi, même si le patient est schizophrène, cela n'enlève pas sa volonté de vire (ou pas). En ce sens, si un médecin passe outre la volonté du patient (connue ou pas) pour prendre une décision sur sa vie, il est un assassin.

    J'en profite pour poser une question: Prenons le même patient et imaginons qu'il soit clairement dans le coma. Un coma dont il ne sortira surement pas (peut être 0.5% de chances d'en sortir). 1 an plus tard, le patient est toujours dans cet état. N'oublions pas qu'il n'a ni famille, ni ami. Ma question: Les médecins ont-il le droit de le débrancher?
    Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution - Dobzhansky

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    myoper
    Modérateur

    Re : Handicap et éthique

    Citation Envoyé par shmikkki Voir le message
    Les médecins ont-il le droit de le débrancher?
    Ca dépend du coma (des réactions/activités présentes) et aussi à quoi il est branché...

  7. #6
    shmikkki

    Re : Handicap et éthique

    Merci pour la réponse.

    Et que faire s'il n'est branché à rien? (toujours le même patient, pas d'amis, pas de famille, coma très prolongé, etc ...)
    (En clair il n'a pas besoin de respirateur par exemple)
    Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution - Dobzhansky

  8. #7
    mh34
    Responsable des forums

    Re : Handicap et éthique

    S'il n'est branché à rien, ce serait une euthanasie active...et c'est légalement interdit.
    "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde". Albert Camus

  9. #8
    shmikkki

    Re : Handicap et éthique

    Oui c'est vrai.
    Mais alors, ça arrive des fois? Par exemple des patients dans le coma pendant 10 ans dans la même chambre d’hôpital?
    Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution - Dobzhansky

  10. #9
    mh34
    Responsable des forums

    Re : Handicap et éthique

    Citation Envoyé par shmikkki Voir le message
    Mais alors, ça arrive des fois? Par exemple des patients dans le coma pendant 10 ans dans la même chambre d’hôpital?
    Oui ça arrive ; c'est ce qu'on appelle des "états végétatifs non répondants".
    http://www.coma.ulg.ac.be/images/%28...e_Namur%29.pdf
    "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde". Albert Camus

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